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AIR: Ce magistrat irréprochable.

Près de la beauté que j'adore,
Je me croyais égal aux dieux,
Lorsqu'au bruit de l'airain sonore,
Le Temps apparut à nos yeux.
Faible comme une tourterelle
Qui voit la serre des vantours,
Ah! par pitié, lui dit ma belle,

1

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bis.

Vieillard, éparguez nos amours! bis. }bis.

Devant son front, chargé de rides,
Soudain nos yeux se sont baissés;
Nous voyons à ses pieds rapides,
La poudre des siècles passés.

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P

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A l'aspect d'une fleur pouyelle, a
Qu'il vient de fléttir pour toujours,
Ah! par pitié, lui dit ma belle,

Vieillard, épargnez nos amours!
T. VII.

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Mais, malgré moi, de votre monde
La volupté charme les maux,
Et de la nature féconde

L'arbre îmmense étend ses rameaux.
Toujours sa tige renouveller.
Des fruits que j'arrache toujours.
Ah! par pitié, lui dit ma belle,
Vieillard, épargnez nos amours!

Il nous fuit, et, près de le suivre,
Les plaisirs, hélas ! peu constans,
Nous voyant plus pressés de vivre,
Nous bercent dans l'oubli du temps.
Mais l'heure en sonnant nous rappelle
Combien tous nos rêves sont courts,
Et je m'écrié avec ma belle,

Vieillard, épargnez nos amours!

P.-J. DE BERAnger.

LETTRES SUR LES CENT JOURS."

(Huitième lettre.)

J'ai retracé dans ma dernière lettre les efforts des constitutionnels qui se dévouaient pour une cause à peu près désespérée. J'ai maintenant à parler d'un autre parti, qui n'agissait point pour sauver la France, mais qui, au contraire, semblait vouloir rendre le mal sans remède, afin de recourir à un remède plus affreux que le mal,

Pour concevoir la marche dont ce parti fit choix avec un genre d'habileté, qui n'est accordé qu'aux hommes indifférens au sort de l'humanité et de leur patrie, il faut suivre cette marche pas à pas, jour par jour, heure par heure. En examinant de la sorte, on découvre deux époques bien distinctes, deux mouvemens successifs et en apparence opposés.

Le premier de ces mouvemens eut évidemment pour but de profiter du retour de Bonaparte, pour détruire tout ce que la restauration de 1814 avait été forcée de conserver de la révolution de 1789. Au lieu d'adopter des mesures populaires et préservatrices, les royalistes exagérés en proposèrent d'injustes et d'illégales. Tandis que les constitutionnels étaient réunis autour du trône, en faveur de la liberté, et cherchaient à sauver la France en satisfaisant au vou national, sans sacrifier l'autorité néces saire du monarque, les hommes dont je viens de parler ne concevaient que des coups d'état. Ils voyaient dans l'événement qui plaçait la patrie au bord d'un abîme une heureuse occasion de déchirer la charte, et ils ne voulaient pas laisser échapper cette occasion. Ils répétaient que ceux qu'ils nommaient les bonapartistes, devaient être combattus avec les mêmes armes que Bonaparte avait

employées; comme si Bonaparte n'était pas tombé précisément pour avoir employé ces armes. Ils recommandaient une dictature, une suspension de tous les droits individuels, des arrestations innombrables, des tribunaux extraor dinaires, et tout le cortège de la tyrannie qui affecte de trembler afin de pouvoir sévir.

C'est à ces propositions violentes, propres à redoubler le mécontentement universel, en traitant les suspects comme des condamnés et les innocens comme des coupables, que je faisais allusion dans un journal, quand j'écrivais que le gouvernement n'avait besoin ni de mesures extraordinaires, ni de précautions orageuses, ni d'extension de pouvoir, et que la constitution suffisait à tout (1). Je me suis vu plus d'une fois en butte aux reproches des royalistes exagérés, parce que tout ce qui était illégal, me semblait inadmissible. Ils taxaient ce scrupule de faiblesse: ils me soupçonnaient même de complicité, et dans une des cent cinquante lettres anonymes que j'ai reçues, ma fidélité aux principes était alléguée comme une preuve de conspiration.

Les constitutionnels, qui s'étaient réunis au gouvernement royal, précisément dans l'espoir d'éviter les violences et la tyrannie d'un chef investi d'un pouvoir sans bornes, ne pouvaient consentir, à ce que le gouvernement qu'ils offraient de défendre, se rendit coupable de ces mêmes violences et s'arrogeât ce même pouvoir. Ils préféraient Louis xvIII à Bonaparte, parce qu'ils croyaient voir sous Louis xvIII plus de chances pour la liberté : mais sanctionner le despotisme sous Louis xvIII pour échapper à Bonaparte, eût été marcher dans un but opposé au leur, par des moyens que, dans leur opinion, rien ne légitime....

Leur résistance fut efficace; aucune extension illégale des pouvoirs créés et limités par la charte ne fut proposée.

(1) Journal de Paris du 11 mars,

Le roi sembla n'en désirer aucune. Les chambres manifestèrent leur détermination de n'en point accorder. Celle des députés promit au monarque son appui, mais en ne mettant à sa disposition que les pouvoirs qui dérivaient de la charte et des lois, protestation implicite contre tout projet de dictature et de suspension du régime constitutionnel.

En agissant ainsi, les amis de la liberté se montraient non-seulement plus scrupuleux, mais plus éclairés que leurs adversaires. Quel aurait pu être en effet le résultat d'une marche différente? N'était-ce pas déjà en violant la charte, qu'on s'était aliéné l'opinion? La tiédeur, l'incertitude, l'indifférence qui ajoutaient au danger, ou pour mieux dire, qui le créaient, ( car si le gouvernement royal avait eu l'affection du peuple, qu'auraient pu contre lui douze cents hommes?) n'étaient-elles pas les tristes effets de la duplicité ministérielle, et d'une complaisance inexcusable envers les chefs d'une faction arrogante? et, pour remédier à ces effets, on voulait aggraver la cause, réaliser les soupçons, confirmer les craintes, ravir à la nation les biens dont la jouissance pouvait seule l'engager à se défendre, et lui déclarer ainsi qu'elle n'avait rien à perdre, quel que fût le possesseur de l'autorité! Les amis aveugles des mesures violentes tombent sans cesse daus la même erreur. C'est au despotisme qu'ils demandent la réparation des maux que le despotisme a causés. Quand un état est prêt à périr faute de liberté, ils appellent à leur secours plus de servitude encore, et c'est par un accroissement d'arbitraire qu'ils croient apaiser le besoin des garanties. Mais le pouvoir absolu n'est pas comme la lance d'Achille, il ne guérit point les blessures qu'il a faites, il les envenime et les rend incurables.

Vaincus dans leurs projets absurdes et illégaux, les royalistes exagérés changèrent subitement de tactique. Ils passerent soudain de la jactance la plus insensée, des propositions les plus furieuses, à l'affectation de l'abattement

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