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respectif. Leur autorité était toute militaire. Des espèces de massues, des javelots de bois, durcis au feu vers la pointe, et qu'ils lançaient avec beaucoup d'adresse, étaient les seules armes des guerriers dans les combats. Dans la partie orientale de l'île, on connaissait le maniement des flèches, introduit sans doute à la suite de quelques guerres avec les Caraïbes, insulaires voisins, à qui l'usage de cette arme offensive était familier.

Dans leurs foyers, comme à la guerre, les hommes étaient entièrement nus. Les filles étaient nues comme les hommes; les femmes portaient seules une jupe de coton qui ne descendait pas au-des

sous du genou.

Ces peuples donnaient à leur patrie le nom d'Hayti (terre montagneuse), qu'elle a repris depuis qu'elle a secoué le joug de la France; ils l'appelaient aussi Quisquéia (grande terre). A la fin du quinzième siècle, au moment de la découverte, cinq caciques principaux, et indépendants les uns des autres, se partageaient presque en entier la souveraineté de l'île. D'autres chefs régnaient sur des parties moins étendues, mais avec une autorité égale.

Le premier des cinq grands royaumes, celui de Magna ou de la plaine, nommé depuis Véga-Réal, s'étendait au nord-est de l'île dans une longueur de 80 lieues sur 10 lieues de largeur. D'après le récit de Las Casas, témoin oculaire, ses nombreuses rivières roulaient l'or avec le sable de leur lit. Le cacique

largeur moyenne, du nord au sud. Son circuit est de 350 lieues environ, ou de 600, en parcourant toutes les sinuosités des anses. Elle est coupée dans sa longueur par une chaîne de montagnes, ou mornes, qui renfermaient, surtout du côté de l'est, d'abondantes mines d'or, négligées aujourd'hui pour la culture du sol. Dans les vallons formés entre ces hauteurs, et sous leur abri, la température est douce et bienfaisante; mais dans les plaines, et surtout sur les rivages, le climat devient plus brûlant, et il est souvent meurtrier pour les Européens.

Avant le quinzième siècle, Saint-Domingue, aussi-bien que les autres Antilles, était entièrement inconnu à l'Ancien Monde. Un million, à peu près, d'insulaires, d'une assez petite taille, et fortement basanés; sans activité comme sans bésoins, végétaient sur cette terre, où la chasse, la pêche, la culture facile du maïs fournissaient suffisamment aux nécessités d'une existence frugale. Des danses accompagnées de chants ou du bruit d'une espèce de tambour étaient tous leurs plaisirs. Les mœurs, sous ce ciel ardent, se ressentaient de l'influence du climat ; la polygamie était autorisée; et, à la découverte de l'île, un des souverains qui s'en partageaient l'empire, avait jusqu'à trentedeux femmes.

Ces souverains exerçaient, sous le nom de caciques, un pouvoir absolu, chacun dans son domaine

respectif. Leur autorité était toute militaire. Des espèces de massues, des javelots de bois, durcis au feu vers la pointe, et qu'ils lançaient avec beaucoup d'adresse, étaient les seules armes des guerriers dans les combats. Dans la partie orientale de l'île, on connaissait le maniement des flèches, introduit sans doute à la suite de quelques guerres avec les Caraïbes, insulaires voisins, à qui l'usage de cette arme offensive était familier.

Dans leurs foyers, comme à la guerre, les hommes étaient entièrement nus. Les filles étaient nues comme les hommes; les femmes portaient seules une jupe de coton qui ne descendait pas au - des sous du genou.

Ces peuples donnaient à leur patrie le nom d'Hayti (terre montagneuse), qu'elle a repris depuis qu'elle a secoué le joug de la France; ils l'appelaient aussi Quisquéia (grande terre). A la fin du quinzième siècle, au moment de la découverte, cinq caciques principaux, et indépendants les uns des autres, se partageaient presque en entier la souveraineté de l'île. D'autres chefs régnaient sur des parties moins étendues, mais avec une autorité égale.

Le premier des cinq grands royaumes, celui de Magna ou de la plaine, nommé depuis Véga-Réal, s'étendait au nord-est de l'île dans une longueur de 80 lieues sur 10 lieues de largeur. D'après le récit de Las Casas, témoin oculaire, ses nombreuses rivières roulaient l'or avec le sable de leur lit. Le cacique

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de Magna faisait sa résidence dans le même lieu où les Espagnols ont eu depuis une ville célèbre, laquelle ils avaient donné le nom de la Conception de la Vega.

Le second royaume, celui de Marien, sous la dépendance de Guacanahari, était dès lors, s'il faut en croire l'évêque de Chiapa, plus fertile que le Portugal. Toute la partie de la côte du nord, depuis le cap Saint-Nicolas jusqu'à la rivière connue aujourd'hui sous le nom de Mont-Christ, et toute Ja plaine du Cap français, composaient le domaine de ce chef; et c'était au Cap même qu'il avait établi sa capitale.

Le troisième cacique régnait sur le pays de Maguana, et son royaume était le plus riche de toute l'île. Peu de temps avant l'arrivée des Européens, un caraïbe, nommé Caonabo, aventurier plein de courage et d'adresse, était parvenu à s'établir en souverain, sur cette partie du pays qui renfermait la riche province de Cibao, et presque tout le cours de la rivière de l'Artibonite, la plus grande de l'île. La résidence ordinaire du chef était au bourg de Maguana, qui avait donné son nom au royaume. Les Espagnols en firent une ville qui ne subsiste plus; le quartier où elle était située, est ce que les Français ont appelé depuis la savane de San-Ouan.

Leroyaume de Xaragua était le quatrième ; il s'étendait sur toute la côte occidentale de l'île, et sur une grande partie de la côte méridionale ;

le bourg du Cul-de-sac est aujourd'hui sur le même emplacement qu'occupait la capitale de ce royaume, plus vaste, plus peuplé et surtout plus policé que les autres.

Béhechio en avait été cacique. Ses États étaient passés après sa mort à sa sœur Anacoana, veuve de Caonabo, qui n'avait point hérité des possessions de son époux; car, par des principes sages de légitimité, la couronne se transmettait, non au fils du roi, mais à celui de sa sœur, ou au plus proche descendant par la ligne utérine, ou enfin à cette sœur elle-même, si elle était susceptible d'avoir des enfants.

Le cinquième royaume, celui d'Hyguey, occupait toute la partie orientale de l'île; il était borné au nord par la rivière d'Yague, et au sud par le fleuve Ozama. Obligés de se défendre souvent contre les attaques des Caraïbes anthropophages, leurs voisins, les peuples de ce canton étaient plus braves et plus aguerris que les autres insulaires.

Les indigènes d'Hayti avaient une idée grossière de l'immortalité de l'ame et des récompenses de l'autre vie pour les bons; mais il n'était point question de peines pour les méchants. Leur paradis était tout terrestre; ils devaient s'y retrouver, après la vie, avec leurs parents, leurs amis, et des femmes en abondance.

Ces sauvages avaient surtout une grande vénération pour une caverne d'où, selon leur croyance,

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