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l'exécution de son dessein. Nous savons qu'on s'occupe en ce moment, en France, d'organiser une école de droit pour l'île haytienne; mais le plan dont il s'agit n'est encore qu'un plan, et rien ne garantit ni sa bonté ni les moyens d'exécution qui sont au pouvoir de ses auteurs.

ÉTAT MORAL.

On s'accorde à trouver que, de tous les Etats nouveaux créés en Amérique par l'exemple des provinces de l'Union, et plus encore par la grande fermentation politique qui a tout remué en Europe, Hayti est aujourd'hui le plus civilisé : c'est un fait dont conviennent tous les hommes dont la vue n'est plus troublée par le préjugé de la couleur. Il ne faut pas croire cependant aux merveilles de cette civilisation, en se reportant seulement à l'état de nos sociétés européennes. Il faut surtout, pour étudier l'histoire de l'état social actuel à Hayti, diviser en deux classes la population de l'île. La première de ces classes comprend tous ceux des noirs esclaves qui avaient atteint âge d'homme avant la première insurrection; parmi eux un petit nombre seulement que l'esclavage n'avait pu abrutir, ou que le hasard avait favorisés dans leur servitude, sont devenus des hommes en devenant libres; tels ont été les chefs de révolte et tous les noirs marquants des premières époques de la révolution; tels sont aujourd'hui ceux de ces Africains que leurs talents ont portés aux premières places de l'État. Le reste n'a guère changé de mœurs en changeant de condition, sinon que la paresse et l'insouciance, dans une existence plus tranquille, ont remplacé les penchants tristes et haineux de leur ancienne condition. La jeune société, c'est-à-dire tous ceux des Haytiens qui n'ont connu l'esclavage que de tradition qu'une éducation pénible, mais libre; qu'une vie agitée, mais pleine de choses, ont rendus hommes par degrés, la jeune société, disons-nous, est exempte de tous les reproches qu'on peut adresser à l'ancienne. Aucun des vices qui souillent, ou plutôt qui marquent nécessairement l'esclavage, ne peut lui.

être reproché; une grande jactance est le caractère dominant des deux classes; et, ce qui surprendra, cette jactance, soutenue par un courage militaire éprouvé, par une persévérance toujours infatigable dans la mauvaise fortune, s’unit à une inertie presque incroyable. L'Haytien est presque sans ambition dans la vie politique comme dans la vie privée : tout ce peuple vit au jour le jour, sans rien compter que le présent. Le premier effet de la révoluton fut de mettre aux mains de quelques hommes d'immenses domaines, légués par le glaive aux chefs militaires; l'inféodation, consacrée par le régime royal, sous Christophe, maintint quelque temps ces grandes fortunes saus les éparpiller; le système républicain était plus favorable à la division des propriétés : aussi, tandis qu'on voit encore dans le Nord de l'île de grands propriétaires terriens, l'Ouest et le Sud comptent à peine des fortunes assez considérables pour que le luxe des équipages ne soit pas une rareté dans cette partie de l'ile.

Les Haytiens sont plus propres à la culture qu'au commerce, non qu'ils manquent d'adresse ou d'intelligence; mais ils trouvent dans les travaux agricoles des ressouvenirs de l'activité de la vie militaire; ils laissent le plus souvent aux femmes le soin du commerce: celles-ci y réussissent très bien. Parmi ceux qui s'adonnent au négoce, on en voit pour qui la passion de posséder dégénère en manie; ces hommes enterrent leur argent, et il est arrivé plus d'une fois de voir de riches marchands mourir sans avoir pu ou voulu indiquer la cachette de leurs trésors.

Il faut attribuer à l'état d'inquiétude qui a duré jusqu'à la proclamation du dernier traité avec la France, autant qu'à une insouciance naturelle, l'inactivité commerciale et agricole qui a régné dans Hayti; la crainte toujours nouvelle d'une invasion, l'appréhension de l'incendie toujours menaçant les villes de la côte, à l'approche de la première voile ennemie, ont dû nuire à l'esprit de commerce, qui veut de la sécurité, et qui a besoin de se reposer sur l'avenir. Ces mêmes sentiments ont

dû entraver les progrès de la culture, dans un pays où les produits bruts de la terre sont à-peu-près la seule matière commerciale. Jusqu'à présent les terres ne se louent guère facilement ce sont les plus actifs d'entre les propriétaires qui les font cultiver, comme les vignobles dans nos provinces du midi, de compte à tiers ou à quart avec les cultivateurs. Le produit net des terres ordinaires, est à présent de 15 à 18 pour cent de leur valeur en capital. A mesure que le nouvel ordre de chose permettra aux spéculateurs d'étendre leurs opérations, et à la culture de pousser les défrichements, les produits diminueront de valeur en raison de la concurrence; les cultivateurs et les propriétaires qui exploitent actuellement y perdiont un peu de leur revenu mais la richesse publique s'en aug

mentera.

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APPENDICE

Sur les douanes, et les droits fiscaux d'importation et d'exportation à Hayti.

D'après la dernière loi des douanes, en date du 8 avril 1825, et promulguée le 20 du même mois, les droits d'importation sont fixés pour tous les ports et hâvres de l'île, à douze pour cent du prix moyen des marchandises importées sur bâtiments étrangers; et à huit pour cent des marchandises importées sur bâtiments nationaux. L'acceptation de l'ordonnance du 17 avril a réduit à six pour cent, pour les bâtiments français, les droits à percevoir sur l'évaluation du tarif; et cette disposition, qui s'étendait seulement d'abord aux ports de la partie française, embrasse, par suite de conventions plus récentes, tous les ports et hâvres de l'île.

Les armes de guerre et les munitions de guerre de tout genre; les bêtes de somme ou de trait, le bœuf excepté; Jes livres classiques et élémentaires, sont admis, francs de tous droits: Le bois d'acajou, de campêche, de gayac; le bois jaune ou fustic; le café; le coton en laine; le cacao; le sucre brut

et terré ou blanc, le rhum, le tafia, le sirop, la mélasse, les armes cachées de tous genres; les livres et objets d'arts contraires aux mœurs; l'eau-de-vie en fûts contenant moins de cent gallons sont prohibés à l'importation.

Les droits territoriaux sont fixés par la même loi,

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Les bêtes de somme et de trait, le bœuf excepté ; les bois de construction navale, les armes de guerre; le vieux fer et le vieux cuivre; les monnaies d'or et d'argent sont probibées à l'exportation.

L'indigo, qui n'acquitte aucun droit territorial, est taxé à dix gourdes, ou cinquante francs argent, de l'île, pour droit d'exportation.

Les droits de pesage, à l'importation et à l'exportation, sont de cinquante centimes par millier pesant.

Les frais de bureau à l'exportation, sont pour tous bâtiments

de 200 tonneaux et au-dessus, de douze gourdes

et pour les navires d'un moindre tonnage, de huit gourdes.

FIN.

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Réception triomphale faite à Christophe Colomb, à son re-

tour.

Massacre des Espagnols restés dans l'île.

Nouvelle révolte des Indiens.

Fondation de San-Domingo.

Révolte de Roldan Ximenès, et du cacique Mayobanex.
Bovadillo nommé gouverneur. Rappel de Colomb.

Ovando succède à Bovadillo.

Mort de Christophe Colomb.

Triste sort des Indiens après la mort de Colomb.
Produits des mines d'or d'Hayti ou Hispaniola.
La culture du sucre est introduite dans l'île.

10

16

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Persécutions exercées par Ovando sur les naturels.

ibid.

Les habitants des îles Lucayes transportés à San-Domingo
pour remplacer les Indiens dans le travail des mines.

40

Première introduction des Africains dans la colonie.

Réglement du conseil des Indes pour l'exploitation des mines. 45

Las Casas va plaider en Europe la cause des Indiens.

Révolté du cacique Henri.

Le cacique Henri fait proclamer son indépendance.

LIVRE SECOND. 1533.-1722.

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42

Prise de San-Domingo par les Anglais.

54

Première apparition des flibustiers dans les Antilles.

ibid.

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