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oriental, Ooster Scelt ou simplement 't Scelt, coule plus au nord par Bergen-op-Zoom.

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Ces deux bras du fleuve n'ont pas eu de tout temps la même importance relative; ainsi, de nos jours, l'Escaut oriental ne forme qu'une passe étroite, tandis que le véritable lit du fleuve se trouve dans l'Escaut occidental, situation toute différente de celle que nous offrent les cartes les plus anciennes '. Aux temps, reculés, l'Escaut occidental n'apparaît presque pas, et s'il n'est pas admissible que le Hont ait dû sa formation au creusement d'un canal fait au dixième siècle par l'empereur Othon, entre Breskens et Flessingue, et qui se serait élargi dans une des transformations du fleuve, il est vrai néanmoins que ce bras de l'Escaut n'était pas navigable et n'offrait aucune importance pour le commerce. Ce fait se trouve consigné dans divers actes, entre autres dans une ordonnance de 1469 concernant la prise d'un navire de Gérard Pels, « navieur >> d'Anvers, où il est dit que « au temps passé l'eau de la Honte était si petite que nulz ou bien peu de navires, venant de la ville d'Anvers pouvaient passer par la dicte rivière et que tous les navires passaient parmi le païs de Zélande. » Ainsi, pendant que le Hont est devenu plus large et plus profond, l'Escaut oriental s'est resserré en plusieurs endroits, surtout sur les côtes de Brabant, ой plusieurs terrains bas furent endigués et réunis 2

' V. KLUIT, Hist., crit., Comit. holl.

V. WILLEMS, Mengelingen van vaderlandschen inhoud et les notes accompagnant la carte de l'Escaut insérée dans l'ouvrage.

L'Escaut, au bas de son cours, a porté des noms multiples et variés que nous rencontrerons parfois dans ce mémoire; il sera donc utile de déterminer les lieux auxquels on les a appliqués.

on

On sait que ce fleuve formait autrefois à son embouchure. un plus grand nombre d'îles que de nos jours; c'était d'abord Zuid-Beverland, ayant Borselen, Stuvezant et Walcheren à l'ouest et Wolfersdyck au nord-ouest; au-dessus de celle-ci, et s'avançant davantage vers la mer, l'île de Noord-Beverland. Enfin, en allant de la terre ferme vers l'occident, rencontrait successivement les îles de Tholen, St-Martensdyk, St-Anna-land, Stavenisse, Duveland et Schouwen. Sud-Beverland est la plus grande de ces îles, à laquelle se. trouve aujourd'hui réunie celle de Stuvezant et de Borselen ; elle forme par son extrémité orientale la séparation des deux bras de l'Escaut près de Bath. Là se trouve le Kreek ou Kreekrak qui unit les deux branches du fleuve et sert principalement à la navigation intérieure. La réunion des deux courants se fait aussi par une communication plus large, mais non navigable, notamment par la pointe orientale de l'île, submergée à chaque marée. A cette partie, l'Escaut était nommé Boomkreke ou Cromvliet et, plus près du Brabant septentrional, l'Agger. Le détroit, qui existait jadis entre l'île de Zuid-Beverland et Stuvezant, était désigné sous le nom de Dierkou Diese, et le bras de mer actuel, entre cette grande île et l'île de Walcheren, est appelé le Rammekensveer t' Vlacke et plus au nord le Sloe.

Entre l'île de Sud-Beverland et celle de Wolfersdyck, l'Escaut recevait le nom de Scenghen ou het Scengen divisé lui-même en trois parties, het Goese diep à l'est, de Pui au centre et het Scengen à l'ouest. Puis vers le nord, entre Wolfersdyck et Noord-Beverland, il est connu sous la désignation de Suytvliet ou 't Diep.

Si, du bras occidental, nous entrons dans la partie orientale du fleuve nous rencontrons, entre Tholen et le continent, les noms de Haalteren Vliet, Vosmaar, Vosvliet, Striene ou bien encore de Eendrecht ou Eendracht. A cette île de Tholen fut réunie le St-Anna-land par l'endiguement de 1556, ainsi que le St-Martensdyck, lequel était séparé de Stevenisse par le Pluenpot, Pluympot ou Plempot.

Enfin, à l'ouest, l'île de Tholen est séparée de l'île de Duveland par le 't Slaeck et le Keeten, bras de mer par lequel l'Escaut oriental est uni au Krammer et dont une partie est appelée le Maalgat.

Nous omettons le Zuidcrecke, Marollegat, Mosselgat, Vinckenisgat, etc., dénominations plus locales et qui ne sont pas spécialement mentionnées dans les actes ou ordonnances relatives aux tonlieux. Pour faciliter la comparaison des îles du bas Escaut avec leur situation actuelle, nous renvoyons à la carte ci-jointe établie d'après les plus anciennes qui nous soient parvenues et celle qui indique

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'GARGON, Walchersche Arcadia', SMAllegange, Chronyk van Zeeland et WILLEMS, Mengelingen.

les principaux bureaux de péage du XIIIe siècle, dans le savant ouvrage de MM. MERTENS et TORFS, Geschiedenis van Antwerpen, au tome II.

Depuis la plus haute antiquité, des péages ont été établis sur tout le cours de l'Escaut à Tournai, d'un côté; à Anvers et au-delà, de l'autre. Nous n'examinerons que ceux qui furent de la juridiction des anciens ducs de Brabant et des comtes de Hollande, c'est-à-dire ceux qui étaient perçus depuis Voortvurenmuiden à Saeftingen et de là à la mer; ce sont ceux qui nous intéressent spécialement au point de vue de l'histoire du péage établi sur le bas Escaut et dont les vicissitudes furent assurément d'un intérêt majeur pour l'ancien commerce d'Anvers. Les péages sur navires et marchandises et ceux de conduite ou pilotage sont fréquemment confondus dans les tarifs ; nous les examinerons les uns et les autres, en rappelant spécialement ceux qui ont rapport aux tonlieux perçus sur l'Escaut.

Le péage tel qu'il a existé depuis 1839 est différent de ceux que nous croyons devoir étudier d'abord, pour traiter complétement cette question; celui-là créait pour l'Escaut un système mixte inconnu jusque là. Il laissait libre l'accès du fleuve, mais soumettait l'usage de cette liberté à un droit; il rendait impossible le retour de la clause funeste

de l'art. 14 du traité de Munster, mais rétablissait, sous une autre forme, un droit de tonlieu pour la nation qui garde les bouches du fleuve. Nous passerons ainsi en revue les divers péages établis sur la navigation de l'Escaut jusqu'à l'affranchissement définitif de notre beau fleuve, le 1er août 1863, et examinerons les questions qui se rapportent aux tonlieux, considérés d'une manière générale.

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