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bataille rangée, et cependant cinq à six cents hommes du peuple, tout au plus, se soutenaient ainsi sans désavantage contre une forte garnison.

A chaque instant, des brancards chargés de blessés et de mourans traversaient la place Bellecour au milieu des troupes qui la couvraient. On aurait pu ce semble leur faire prendre une autre direction, dans la crainte de frapper le moral des soldats : la vue du sang de leurs camarades ne devait-elle pas augmenter leur irritation et les exciter à la vengeance? On préféra cependant leur donner ce triste et cruel spectacle, dont le résultat tournerait au profit des hommes qui avaient résolu la ruine de Lyon.

Les insurgés établis à Saint-Bonaventure avaient intercepté toute communication entre le quartier-général et l'Hôtel-de-Ville par le quai du Rhône; ils s'étaient entourés de barricades à toutes les issues de la place des Cordeliers, et ils avaient fait de l'église leur place d'armes, leur hôpital et leur salle d'artifice. Ils avaient pour chef dans cette localité un nommé Lagrange (1), employé jusqu'à la

(1) Il a été arrêté dans la retraite sûre qu'on lui avait

veille du combat chez l'ingénieur du département. Cet homme avait combattu contre les ouvriers aux journées de novembre, dans les rangs de la garde nationale et de la ligne; depuis, il était devenu saint-simonien, et s'était fait républicain. Son quartier-général était dans l'église Saint-Bonaventure : il avait sous: ses ordres cinquante ou soixante hommes. résolus qu'il répartissait tour à tour sur tous les points.

Ils prirent un agent de police, le nommé Corteys, qui fut reconnu par eux pour être un de ces ignobles suppôts que le peuple désigne sous le nom de mouchards. On le fouilla, et on trouva sur lui une liste des principaux chefs de l'insurrection. Dans le premier moment, il n'y eut qu'un cri pour le fusiller; plusieurs même le couchèrent en joue; il allait périr. Lagrange fit une allocution philantropique à ces furieux, et il parvint à les calmer. «Au souverain seul appartient le droit de vie et de mort, leur dit«<il; le peuple est souverain, c'est à lui de « juger. Qu'il s'assemble en jury, qu'il pro

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donnée, par la trahison d'un ami vendu à la police, qui l'a dénoncé.

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veille du combat chez l'ingénieur du département. Cet homme avait combattu contre mhon dans

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