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pied et demi de hauteur sur cinq pouces de largeur; cette ouverture était encadrée par des barres et plaques de fer, et fermée par une petite porte aussi en fer. Le guichet par où on introduisait le prisonnier n'avait pas plus de quatre pieds de hauteur; il était garni d'énormes serrures et verroux. En 1804, lorsqu'on démolit la tour sur l'emplacement de laquelle on bâtit la porte d'Hercule à Grenoble, on découvrit, indépendamment du tribunal de l'ancienne justice ecclésiastique, le cachot nommé les oubliettes, ainsi disposé: Le condamné, passant, dans un corridor ouvert, dans son milieu, par une trape, tombait dans ce cachot par une espèce de conduit de la forme d'un puits, dont les parois étaient garnies de fers tranchans qui déchiraient le malheureux; on l'y laissait ensuite mourir de ses blessures et du manque de nourriture. On découvrit ensuite que, dans certains cas, après avoir descendu le patient dans l'oubliette, on lui avait traversé la cuisse d'une barre de fer fixée par un bout dans le rocher, et qu'on l'avait laissé mourir dans cet état. Le château de Blois renfermait aussi, dit-on, des oubliettes dont on montre encore l'emplacement. Le cardinal de Richelieu avait à Bagneux une maison qui a retenu le nom des oubliettes, et qui fut achetée, vers le milieu du dernier siècle, par un nommé Toinard, dans l'espoir qu'en la fouillant il se dédommagerait du prix. Il trouva effectivement un puits dont l'ouverture était bouchée, et dans lequel étaient les ossemens de plus de quarante cadavres, avec les débris de leurs vêtemens, montres, bijoux,

argent, etc. Le cardinal, qui avait pour habitude de tout sacrifier à son ambition, se défaisait, disait-on, des gens qu'il n'osait ou ne pouvait attaquer publiquement, en les comblant de caresses et de marques d'amitié. La dernière qu'il leur en donnait, était de les faire sortir par un escalier dérobé, au milieu duquel était une bascule que ce ministre daignait faire jouer lui-même ; on tombait alors dans un puits qui avait au moins cent pieds de profondeur. Les premiers qui l'essayèrent furent ceux qui l'avaient creusé. Ces cachots, dits oubliettes, étaient sans doute unè imitation de l'ancien barathrum des Grecs et des Romains. Voy. ce mot, t. II, p. 381, et In pace, t. IV, p. 209.

OURS (ENFERMÉ DANS UNE PEAU D'). Iwan IV, czar de Russie, dans le seizième siècle, et le premier qui donna des lois écrites à cet empire, apporta dans la répression des crimes une férocité que la plupart des historiens ont attribuée faussement à son caractère, et qui n'était que la conséquence nécessaire de la barbarie de son pays à cette époque. Lorsque les fautes étaient considérables, il faisait revêtir le coupable d'une peau d'ours, et, dans cet état, on le conduisait sur la place du marché public, où il était abandonné aux chiens, qui le déchiraient.

OUTRAGE. Offense de faits, de menaces ou de paroles dirigés contre des personnes ou des objets qui commandent le respect. Ainsi la loi pénale qui régit aujourd'hui la France considère et punit, dans ses art. 222, 223, 224, 225, 227, 262 et 330, 1° les outrages faits aux magistrats, offi

ciers ministériels ou agens de la force publique dans l'exercice de leurs fonctions; 2° ceux faits aux objets d'un culte dans le lieu destiné à son exercice ou aux ministres de ce culte dans leurs fonctions; 3° l'outrage fait publiquement à la pudéur. La peine décernée dans ces trois cas est l'amende et l'emprisonnement, variés suivant les cas : la peine est plus grave s'il y a eu violence.Les Annales des tribunaux rapportent une multitude de faits du dernier genre. On y voit que l'ancienne législation les punissait beaucoup plus sévèrement, qu'elle ordonnait toujours l'amende honorable, et condamnait souvent les coupables aux galères. Le 1 3 mars 1693, le parlement de Paris rendit un arrêt contre la marquise de Tresnel, qui avait fait outrager par ses laquais, sur un chemin public, la dame de Liancourt. La marquise fut condamnée à l'amende honorable envers l'offensée, et au bannissement hors du ressort du parlement; deux de ses gens furent envoyés aux galères. Rien n'égale le trait de sévérité du pape Sixte V, dans une affaire bien moins grave et qui n'aurait même jamais été considérée comme telle en France. Le fils d'un avocat de Pérouse demanda en mariage une fille qu'il aimait éperdûment. Les parens de la demoiselle le refusèrent; sur quoi il s'imagina de les mettre dans la nécessité de revenir de cette décision, et, pour cela, il épia sa maîtresse, et l'ayant trouvée dans une rue de Rome, il l'arrêta, leva son voile et lui donna un baiser malgré elle et malgré sa mère qui l'accompagnait. Une pareille action en Italie, où le sexe est surveillé avec un

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soin jaloux, est regardée comme un véritable outrage. Or, pour éviter les suites de la plainte que la mère avait portée au pape, les Colonnes, puissante maison de Rome, qui s'intéressaient au jeune homme, s'entremirent pour lui et firent conclure son mariage. Mais, au milieu du repas de noces, des sbires viennent arrêter l'époux. On court au gouvernement, qui renvoie au pape : celui-ci fait venir toutes les parties intéressées et leur demande si elles étaient satisfaites. Sur leur réponse affirmative: J'en suis content, dit-il, mais la justice ne l'est pas. Les poursuites furent continuées sur ses or dres, et l'époux se vit condamner aux galères. Voy. OFFENSE et INJURE, t. IV, p. 206. ́

P.

POEDOTISIE, d'un mot grec qui signifie proprement infanticide. On prend ce mot dans une acception particulière, pour désigner cette coutume inhumaine, pratiquée par quelques peuples, de sacrifier aux dieux ses propres enfans pour apaiser leur colère. On trouve, principalement dans les livres sacrés des Juifs, différens exemples de pareils sacrifices.

PAIN (MORCEAUX DE). Sauval, dans ses Antiquités de Paris, dit que les patiens faisaient deux pauses lorsqu'on les conduisait au supplice. A la dernière, ils s'arrêtaient à la cour des Filles-Dieu, baisaient le crucifix, recevaient l'aspersion, mangeaient trois morceaux de pain et buvaient un verre de vin. On appelait ce repas le dernier morceau

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du patient, qui ressemble fort à ce repas que les femmes juives donnaient aux personnes condamnées à mort, et au vin de Myrta, que les Juifs faisaient boire aux personnes destinées au dernier supplice, et qu'ils présentèrent à Jésus-Christ.

En

PAIRS. On nomme ainsi les membres de la chambre haute du parlement en Angleterre, et, en France, ceux de la chambre dite des Pairs. Pour ceux de France, voy. dans ce Dict., à l'art. CHAMBRE DES PAIRS, t. III, p. 207, auquel il faut ajouter que cette chambre, formée en cour judiciaire, connaît aussi des crimes dont les ministres peuvent être accusés par la chambre des députés, et qui sont les faits de trahison et de concussion. Angleterre, les pairs, considérés comme conseillers nés et perpétuels du souverain, ne peuvent, en aucun cas, être arrêtés pour dettes : s'il leur arrive de l'être pour crime de haute trahison, ils ne sont pas jugés, comme les autres sujets, par douze jurés, mais par l'assemblée générale de leurs pairs, qui, dans ce cas, comme dans tous les autres, ne sont pas obligés de prêter serment: mais, portant la main sur la poitrine, ils déclarent (upon my honour), sur leur honneur, que leur opinion est telle ou telle. Il n'est pas non plus exigé, comme pour le jury, que leurs suffrages soient unanimes; leur décision se rend à la pluralité des voix. Un pair anglais jouit de l'étonnant et injuste privilége d'échapper, à cause de son rang, à l'ignominie de l'exécution que subit un meurtrier ordinaire dans le cas où il n'a pas agi avec préméditation. Ce genre de meurtre, appelé par les lois anglaises manslaug

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