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quelque chose appartenant à la victime. La néces sité de ces sacrifices était un des dogmes établis par les Druïdes, d'après le principe qu'on ne pouvait satisfaire les dieux que par un échange, et que la vie d'un homme était le seul prix capable de racheter celle d'un autre. Dans les sacrifices publics, à défaut de malfaiteurs, on immolait des innocens; dans les sacrifices particuliers, on égorgeait souvent des hommes qui volontairement s'étaient dévoués à la mort. - Les Druïdes de Marseille choisissaient, en temps de peste, un pauvre qu'on nourrissait pendant un mois des mets les plus exquis; on le chargeait ensuite des malédictions du peuple, et on l'assommait. Les Gaulois et les Germains ne renoncèrent à cet usage que plusieurs siècles après avoir embrassé le christianisme.

par

Grecs. Les faits racontés par les poètes de cette nation ne doivent pas être pris pour fabuleux, lorsque d'autres du même genre sont attestés des historiens. Le sacrifice d'Iphigénie, l'impôt sanglant que payaient les Crétois et tant d'autres exemples peuvent être regardés comme vrais lorsqu'on lit dans Pausanias que les habitans de Péluse offraient, tous les ans, en sacrifice, une jeune fille vierge au génie d'un des compagnons d'Ulysse qu'ils avaient immolé; lorsque Théophraste assure que les Arcadiens immolaient de son temps des victimes humaines dans les fêtes nommées Lycaa. Les victimes étaient presque toujours des enfans. Cependant cet usage fut moins répandu et dura moins long-temps chez les Grecs que chez d'autres peuples anciens. Plutarque raconte que, sous

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Pélopidas, chef des Thébains, un pareil sacrifice ayant été proposé, l'armée en eut horreur, et que l'on substitua une jeune cavale à la fille vierge qui devait être immolée. Voyez Peripsema, t. V, p. 64.

Hebreux. Ce peuple, aussi cruel qu'ignorant et superstitieux, partagea avec les nations voisines l'abominable usage des sacrifices humains. Leurs livres font mention de deux sacrifices où des pères immolent leurs enfans de leurs propres mains. Isaïe reproche aux femmes juives d'offrir leurs enfans à Moloch, en les écrasant sous des pierres près des torrens. La statue de Moloch, divinité des Moabites, contenait, disent les Rabbins, sept fourneaux, dans lesquels on jetait les offrandes et les victimes, suivant leur rang : le sixième fourneau était réservé pour le bœuf, et le septième pour les victimes humaines.

Massagètes, ancien peuple d'Asie. Chez cette nation, quand un homme était parvenu à un certain âge, tous ses parens s'assemblaient et l'immolaient en l'honneur de leurs dieux, avec plusieurs animaux de différentes espèces. Ils faisaient bouillir ensemble les chairs de toutes ces victimes et en faisaient un grand festin.

Romains. Dans les occasions extraordinaires, on pratiquait à Rome une sorte d'expiation publique qui consistait à immoler des étrangers à certaines divinités, à Bellone, par exemple, ou au génie de la ville. Après la défaite de Cannes, les décemvirs ayant consulté les livres sibyllins y trouvèrent que les Gaulois et les Grecs devaient s'emparer de Rome. Pour détourner l'effet de cette prédiction, et par

une sorte de fiction admise par la superstition de ces temps-là, on imagina d'enterrer vivans dans la place publique un homme et une femme de chacune de ces deux nations, et de leur faire prendre ainsi possession de la ville, afin de satisfaire à l'oracle. Tite-Live, qui rapporte ce fait, après avoir dit qu'on immola les victimes prescrites en pareil cas, ne laisse pas d'appeler ce sacrifice peu romain, sacrum minimè romanum; cependant il se répéta souvent dans la suite. Pline assure que l'usage d'immoler des victimes humaines au nom du public subsista jusqu'à l'année 95 de J.-C., dans laquelle il fut aboli par un sénatus-consulte (an 857 de Rome). Ni cet acte du sénat, ni les édits rendus plus tard par les empereurs ne purent mettre un frein à cette fureur superstitieuse; et à l'égard des sacrifices humains prescrits par les vers sibyllins, Pline avoue qu'on les pratiquait toujours et même de son temps.

Perses. Vossius, dans son Traité des Idoles, dit que les Perses élisaient un captif pour roi de la fève au commencement de l'année, et qu'après l'avoir traité en monarque, on le pendait.

Syriens. Pour honorer certaines divinités, ces peuples précipitaient des enfans du haut d'une montagne.

NATIONS SAUVAGES. Nord de l'Europe. Tous les peuples de cette contrée égorgeaient autrefois des hommes sur les autels de leurs dieux. Les Islandais les écrasaient sur la pierre, les Norwégiens leur enfonçaient le crâne avec un joug de bœuf. Adam de Brême dit qu'on respectait tous

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les arbres de la forêt d'Upsal, parce qu'ils étaient tous teints de sang, et Dithmar de Mersbourg assure qu'à Ledur, en Zélande, on immolait chaque année quatre-vingt-dix-neuf hommes au dieu Swantowite.

AFRIQUE. Biafara. Les habitans de cette contrée, qui s'étend sur la côte occidentale d'Afrique, sacrifient leurs propres enfans à leurs fétiches.

Dakomès, autre peuple voisin de la Guinée. Quand leur roi est malade, ils immolent de jeunes enfans pour obtenir le rétablissement de cette santé privilégiée l'exécution horrible de ce sacrifice consiste à lier, sur la poitrine des victimes, un coq vivant qui déchiquète leur chair. Le sacrifice des prisonniers de guerre est chez eux d'un usage commun. Voici comment il se pratique : le prisonnier est amené les mains liées derrière le dos; le sacrificateur lui met la main sur la tête, et prononce une espèce de formule de consécration. Derrière le prisonnier se tient debout un homme armé d'un sabre, qui, au premier signal du prêtre, fait voler la tête du malheureux captif. Les assistans jettent aussitôt un cri d'admiration. On laisse égoutter tout le sang du corps, après quoi on l'emporte : la tête est réservée pour grossir les trophées dressés en mémoire des succès de la nation. On lit dans la relation de Snelgrave que ce voyageur vit deux échafauds sur lesquels les habitans du Dahomès avaient assemblé quatre mille têtes de prisonniers sacrifiés.

JAGAS. Avant de commencer la moisson, cette nation barbare immole à ses divinités des victi

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mes humaines; les prêtres, nommés Gangas, mangent leur chair, et leur sang sert à arroser les prémices des fruits de la terrc.

Loango, royaume voisin du Congo, sur la côte orientale d'Afrique. A Arébo, village de ce pays, s'il arrive qu'une femme accouche de deux jumeaux, on immole les enfans et la mère à une certaine divinité qu'on croit faire son séjour ordinaire dans un village voisin. Le mari peut racheter sa femme, s'il veut, et faire égorger un esclave à sa place; mais rien ne peut soustraire les enfans à la mort.

AMÉRIQUE. Brésil. Les anciens habitans de ce pays avaient le plus grand soin de leurs prisonniers, et les nourrissaient de manière à les engraisser pour en rendre le sacrifice plus agréable à leurs dieux. Le jour destiné à l'exécution, on les régalait pour la dernière fois en leur fournissant les mets les plus abondans et les plus recherchés, et surtout les liqueurs enivrantes. Sur la fin du repas, la victime était garrottée de plusieurs cordes et promenée dans tout le canton, puis amenée au lieu du sacrifice. Là chacun des assistans saisissait le bout d'une des cordes qui retenaient le patient, et s'en éloignait à une certaine distance. On apportait ensuite au prisonnier des pierres qu'il pouvait lancer contre ceux qui étaient autour de lui. Lorsqu'il n'avait plus de pierres à jeter, un Brésilien, armé d'une massue, venait lui signifier l'arrêt de sa mort, et l'assommait en même temps. On observait avec soin la manière dont le prisonnier tombait; si c'était sur le dos, on en concluait

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