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étaient obligés de prêter serment et de payer une redevance à l'électeur palatin. Dans cette jurisprudence singulière, les enfans suivaient la condition de leur mère, libres ou serfs, comme elle» (1). WINCESTER. Voyez BICÈTRE, t. II, p. 423. WORCK-HOUSE, maison de réclusion à Londres. Voyez. BATARD, t. II, p. 361.

X.

XÉNÉLASIE. C'est la dénomination d'une loi de Sparte. La crainte que le commerce des nations voisines ne corrompît les Spartiates, fit prendre à Lycurgue une précaution assez singulière: il défendit de faire de longs voyages, et fixa à un espace de temps fort court le séjour que les étrangers pourraient faire à Sparte. Quelques auteurs ont prétendu à tort que ce législateur avait entièrement défendu l'hospitalité. Cette loi, qui portait des peines assez sévères contre ceux qui auraient voulu l'enfreindre, fut une des premières qui furent transgressées lorsque les Spartiates, se laissant aller à la corruption générale de la Grèce, commencèrent à trouver le Code de Lycurgue trop coercitif pour leurs nouveaux penchans.

Y.

YEUX ARRACHES, BRULÉS, CREVÉS. Me voici arrivé au dernier article du dictionnaire de la Pénalité;

(1) Encyclop. meth. jurisp., tom. VIII, pag. 334.

et cet article est le digne complément de cette série de supplices et d'atrocités inventés par le fanatisme, par la fureur et par le génie infernal des tyrans des nations. J'ai déjà, dans quelques endroits de cet ouvrage, rapporté plusieurs exemples de ces affreux supplices; mais j'ai passé légèrement sur ce sujet, me réservant de le traiter plus en détail dans ce dernier article. Encore un effort, et la pénible tâche que je m'étais imposée sera accomplie. L'action barbare de brûler et de crever les yeux n'est pas aussi moderne que sembleraient l'attester les sanglantes annales du Bas- Empire et du moyen âge, époque à laquelle cette atrocité révoltante fut le plus fréquemment offerte en spectacle aux peuples épouvantés et tremblans sous le joug de leurs tyrans. Il sera facile de s'en convaincre par la liste des nations chez lesquelles ce supplice fut en usage, et dont quelques-unes re montent à la plus haute antiquité.

ACHEM. Le roi de ce pays, au rapport de tous les voyageurs, semble se faire un jeu des tortures épouvantables auxquelles il livre ses sujets. Il laisse à peine passer un jour sans quelque sanglante exé cution; et le supplice de crever les yeux est un des plus doux qu'il puisse ordonner. On peut juge! des autres!

ALLEMAGNE. L'empereur Henri VI ayant tiré une forte rançon de Richard Coeur-de-Lion, qui lui avait été livré par le duc d'Autriche, se servit de cet argent pour faire la conquête des Deux-Siciles sur Guillaume III, héritier des Tancrède. «Si les prétentions de Henri étaient justes au fond, dit un

auteur, jamais la justice ne se développa sous des dehors plus odieux. Le nom de Henri n'a pas été assez flétri par l'histoire; il méritait d'être livré à la haine des générations, non pour avoir ravi la couronne à Guillaume, mais pour avoir accumulé sur lui toutes les cruautés d'un barbare. Il lui fit crever les yeux, il le dégrada de l'humanité, et le priva de la faculté de se créer des vengeurs (1).

D

Vers le milieu du 15° siècle une intrigue de cour ruina le crédit du chancelier Pierre Desvignes, ou plutôt de la Vigna, qui par trente années de services signalés s'était acquis l'estime et la faveur de Frédéric II. Ce prince, prêtant trop facilement l'oreille aux calomnies des ennemis du chancelier, lui fit crever les yeux.

ANGLETERRE. Voyez BASSIN ARDENT, t. II p. 345, et CHASSE, t. III, p. 221, 223, 224.

ASSYRIE. Nabuchodonosor ayant vaincu et fait prisonnier Sédécias roi de Judée, le fit venir devant lui à Reblatha, petite ville de Syrie; là, après lui avoir reproché son infidélité et son ingratitude

Sédécias lui devait la couronne), il fit égorger ses enfans en sa présence, lui fit crever les yeux, le chargea de chaînes et le fit mener à Babylone.

BAS-EMPIRE et EMPIRE D'ORIENT. Tout le monde connaît l'histoire de Bélisaire à qui Justinien, trompé par les ennemis de ce grand homme, fit crever les yeux. On se servit long-temps, pour cette opération, d'une broche ardente; mais, à dater du

(1) Constitutions des principaux États de l'Europe, par De la Croix, tom. III, pag. 121.

règne de Michel Paléologue, le vinaigre bouillant fut employé. Voyez VINAIGRE, t. V. p. 552.

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ESPAGNE. Voici un extrait curieux du Constitutionnel du 22 novembre 1824. Parmi les conseillers de Castille chargés par le roi Ferdinand VII de lui donner une consultation sur l'affaire des Afrancesados, il en est un qui a osé proposer par écrit, qu'au lieu de leur accorder une amnistie, on leur crevât les yeux, d'après les termes d'une ancienne loi qui prononçait cette punition contre les traîtres. Madrid, 11 novembre 1824. » Que penser d'un pays où, dans le dix-neuvième siècle, on fait une proposition pareille? - Voyez VoL, t. V, p. 576 et suiv.

FRANCE. Tel était l'état de barbarie du huitième siècle que les abbés coupaient à leurs moines unc oreille, un bras ou une jambe; ils leur faisaient aussi quelquefois crever les yeux, au lieu de leur imposer des peines canoniques; et le concile de Francfort, auquel présidait l'empereur Charlemagne, fut obligé de défendre ces châtimens. Dès le sixième siècle, Chilpéric, d'après ce qu'en dit Grégoire de Tours, prenait plaisir à dévaster les campagnes, à incendier les habitations. Lorsqu'il donnait des ordres aux agens de son fisc, il était en usage d'employer cette formule: Si quelqu'un s'écarte de mes ordonnances, qu'on lui arrache les yeux. Dans le onzième siècle, les comtes de Coucy et de Namur se firent une guerre cruelle au sujet de Sybille, épouse de ce dernier, et qui, nouvelle Hélène, avait suivi Coucy. Les prisonniers faits de chaque côté avaient les yeux arrachés et les pieds

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mutilés, ou bien étaient pendus. Charles-leGros fit crever les yeux à Hugues-le-Grand, duc de France, dont il craignait la puissance; ce fut aussi, indépendamment de la loi du talion, le supplice infligé aux deux agens de Fulbert qui mutilèrent Abailard.-Voyez Aveuglement, t. II, p. 156, 157; Vol, t. V, p.576 et suiv.

HÉBREUX. Les exemples de ce supplice sont rares dans l'histoire de ce peuple: encore ceux qu'elle rapporte se trouvent être le fait des étrangers sur la personne de leurs compatriotes. Ainsi Samson fut privé de la vue par les Philistins; et Sédécias par Nabuchodonosor.

INDES. Ali-Raja, amiral du fameux Hyder - Ali, père de Tippoo -Saëb, ayant fait, au nom de son maître, la conquête des îles Maldives, fit crever les yeux au roi de ces îles. Hyder-Ali, indigné d'une pareille atrocité, destitua Ali-Raja et l'exila. - On lit dans l'Encyclopédie, t. xxi, p. 555: « On assure qu'il y a des Indiens assez sots pour se crever les yeux, après avoir vu ce qu'ils appellent les saints lieux de la Mecque, prétendant que les yeux ne doivent point après cela être profanés par la vue des choses mondaines. »

LOCRIENS. Voyez Adultère, t. I, p. 107.

MINGRÉLIENS. Ce supplice est fort usité chez ce peuple. On fait rougir deux plaques de fer de la grandeur d'un sou, attachées au bout de deux pointes qui s'unissent à un manche de bois, et on les appuie sur les yeux du criminel.

PERSE. Il est rare que l'avènement au trône d'un monarque persan ne soit pas marqué par quelque

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