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des anneaux qui ont été pesés à un dixième de milligramme, après avoir eu soin de dessécher avec soin les tubes avant et après les pesées.

Nous avons obtenu les chiffres suivants, résultats d'analyse d'un assez grand nombre d'échantillons :

Minimum 0,0025 d'arsenic métallique par kilogr. de glucose.
Maximum 0,0070

Moyenne de tous les échantiltons 0,0051 par kilogramme.

Les glucoses que nous avons examinés étaient des glucoses massés ils avaient la consistance et la transparence du miel, étaient blanchâtres, mais présentaient une saveur acide très-prononcée. Leur solubilité dans l'eau était complète, ils communiquaient au liquide une couleur ambrée.

Comme nous avions été chargé de rechercher dans ces sucres les matières étrangères qu'ils pouvaient contenir, nous avons dù nous préoccuper également de la réaction acide qu'ils nous avaient offerte. D'après les procédés bien connus de la fabrication, cette acidité ne pouvait être due qu'à de l'acide sulfurique, corps destiné à produire la saccharification, et certainement saturé d'une façon incomplète.

Nous avons cru devoir rechercher la proportion d'acide libre contenue dans les échantillons de glucoses. Pour cela faire, nous avons facilité la fermentation au moyen de la levûre de bière, puis, dès la réaction opérée, dosé l'acide afin d'éviter qu'un contact trop prolongé ne pût, par suite de formation d'autres produits, diminuer sensiblement la proportion réelle d'acide sulfurique.

Nos dosages nous ont donné les quantités suivantes :

Minimum, 1,327 d'acide libre par kilog. de glucose.

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Pour compléter ce qui a trait à l'histoire de ces glucoses, étude qui a été faite également par d'autres chimistes, nous dirons que, d'après M. Ritter, on doit évaluer leur

richesse saccharine à 68,32 pour 100 en moyenne. Comme, d'après ce savant, les glucoses de bonne qualité doivent contenir de 70 à 80 pour 100 de sucre, les produits qui nous ont été soumis arrivent à peine à se ranger dans la catégorie des produits marchands; ils renferment donc un excès d'eau ou de dextrine, ou d'amidon soluble, formés lors de la préparation.

Les glucoses examinés contenaient au total des produits étrangers, arsenic et acide sulfurique libre; ces corps, dangereux pour la santé, ne devraient pas exister dans des produits destinés à l'alimentation. Mais nous reviendrons sur ce sujet.

Ce que nous avons cru utile de démontrer, c'est la cause de l'existence de l'arsenic dans le glucose. Quelques mots sur le mode de production de ce sucre feront soupçonner la provenance du composé toxique. Quand l'amidon ou la fécule ont été délayés dans l'eau, on ajoute, pour la fabrication, de l'acide sulfurique étendu, puis on soumet à l'ébullition. Suivant la nature du glucose que l'on veut obtenir, on prend de l'eau acidulée à 1/10° ou à 1/100° d'acide, et on laisse la réaction s'opérer pendant 6 ou 36 heures, suivant encore le plus ou moins grand degré acidimétrique du liquide. La réaction opérée, on sature à la craie, on décolore au noir animal, on filtre et concentre au degré voulu pour avoir les massés ou les sirops.

Il n'y a donc que l'acide destiné à opérer la saccharification qui peut introduire de l'arsenic; alors, suivant que l'on a obtenu ce produit avec du soufre ou avec telle ou telle pyrite, suivant la purification que l'on a pu faire subir à l'acide brut, on peut livrer des liquides présentant des proportions fort variables de corps étrangers et d'arsenic notamment.

Il nous a été possible d'étudier et les glucoses employés par l'industrie de notre région et les acides sulfuriques

servant à faire ces divers produits. Il va sans dire que nous avons cherché à nous procurer également des échantillons provenant des Vosges.

1o Glucoses. Quelle que soit leur sorte, ces produits peuvent se présenter sous des aspects très-divers; leur couleur varie du blanc au noir, en passant par les teintes Jaune et brune plus ou moins foncées; généralement leur couleur claire est un indice de pureté relative. Leur richesse saccharine est très-variable; il peut rester une notable quantité de dextrine, lorsque l'action de l'acide n'a pas été suffisamment prolongée; l'acide même peut avoir été plus ou moins bien saturé, et il faut reconnaître que la saturation des liqueurs sucrées est presque toujours très-difficile à obtenir.

Ayant eu à examiner des glucoses massés, ce sont ceux-là particulièrement qui nous occuperont; on les utilise dans la fabrication des caramels colorants pour vins, cidres, bières, eaux-de-vie, la confiserie, etc. Nous étudierons ensuite les glucoses des autres sortes.

On a vu la composition du glucose des Vosges (Lunéville), son étude ayant même été faite d'une façon assez complète. Quelques glucoses allemands, pris vers la frontière, vont permettre de poser divers termes de comparaison.

M. Ritter a examiné des produits de cette nature:

Des glucoses blancs ont donné 0,0105 d'arsenic pour 1000 grammes

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Comme on le voit, le degré d'impureté est en raison directe de la coloration plus grande.

Les glucoses massés fabriqués dans les environs de Paris ont donné des résultats tout différents :

Ceux livrés par une fabriqne de La Briche, près SaintDenis, nous ont donné de l'arsenic, mais en traces peu notables.

Ceux pris dans une usine d'Aubervilliers en contenaient des traces encore plus faibles (inaccessibles à la pesée).

La fabrication était la même, cependant, que dans les Vosges; l'origine des acides, seule, variait, comme on le verra.

Des glucoses grands sirops ont été également analysés: ceux de la fabrique de La Briche ont encore donné des traces d'anneau arsenical, sans que à 1/10° de milligramme près, on pût en apprécier la quantité.

Une usine du Bourget nous a donné des produits dans lesquels on ne retrouvait pas d'arsenic.

Il en a été de même de sirops provenant d'une manufacture de Rueil.

Les petits sirops ont tous été reconnus exempts d'arsenic, même ceux provenant de la fabrique de La Briche.

On peut aisément se rendre compte du motif qui fait que certains produits tirés de telle ou telle usine sont plus ou moins purs, du motif qui fait que, pris dans un même établissement, certains glucoses sont arsenicaux, alors que d'autres ne renferment plus de traces du composé toxique. Suivant que l'on veut avoir du sucre solide ou en sirop, on emploie plus ou moins d'acide (1/10 ou 1/100); il faut deux fois moins d'acide sulfurique pour faire les sirops que les massés, et de plus ce travail est moins pénible; on n'a pas autant besoin de surveiller la cuite. De cela résulte que l'on introduit dans les massés, avec des produits impurs, une bien plus grande quantité d'agent vénéneux, puisque la saccharification aura employé plus de matière première, et comme l'arsénite de chaux formé lors de la saturation est, comme d'ailleurs tous les autres sels de chaux, soluble dans les liqueurs sucrées, il devra rester dans le sirop ou le glucose massé et s'y retrouver facilement à l'analyse. C'est ce que montre d'ailleurs l'expérience, et le procès auquel nous faisions allusion au début de cette étude en fait foi.

Les glucoses ne peuvent donc être arsenicaux que par suite d'une fabrication avec des acides sulfuriques impurs. 2o Acides sulfuriques. Ayant facilement établi une différence très-tranchée entre les sucres provenant d'une région ou bien d'une autre, ne pouvant admettre ces différences dans la pureté que comme des résultats dus à l'emploi d'acides sulfuriques divers, nous avons cherché à savoir quels étaient les acides que l'on employait dans les fabriques de glucoses que nous avons indiquées.

Ce n'est qu'après bien des démarches que nous avons pu réunir les éléments nécessaires à cette étude, mais nous croyons cependant avoir fini par rassembler des échantillonstypes d'acide sulfurique et les pyrites utilisées dans la fabrication du produit précédent.

La fabrique des Vosges tire son acide du pays même, et ce corps est obtenu au moyen du grillage de pyrites de fer provenant de Meggen (pays de Siegen, en Westphalie). Si l'on dose la quantité d'arsenic contenue dans ce minerai, on y trouve (au moins dans l'échantillon que nous avons reçu) de notables quantités d'arsenic. L'analyse a donné 40 grammes de soufre pour 100 et 08,02 d'arsenic; en d'autres termes, deux décigrammes d'arsenic par kilogramme.

M. Ritter a trouvé de son côté que les acides des Vosges en renfermaient d'énormes proportions; il a rencontré jusqu'à 0,4554 par kilogramme; d'autres échantillons lui en ont fourni le triple. Nous avons eu, d'autre part, des acides qui en renfermaient jusqu'à 1o,40 par kilogramme.

Les usines de nos régions achètent leur acide sulfurique dans les fabriques de Quévilly, de Lescure, de Saint-Denis et de Saint-Gobain. Toutes font venir de Chessy, près Lyon, les pyrites de fer destinées à donner le soufre nécessaire à la fabrication de l'acide, et nous croyons même que la compagnie de Saint-Gobain est actuellement propriétaire des mines exploitées. L'analyse du minerai a été bien des fois

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