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aborder les choses de détail, les menus propos de l'hygiène. Il dira aux femmes, à propos des vêtements, de très-bonnes choses sur la coiffure qu'elles doivent préférer, sur l'utilité du pantalon, sur le but que doit remplir le corset (ce damnable instrument de coquetterie, disait-on jadis), les qualités que doit réunir une bonne chaussure. Ce n'est pas nous qui trouverons mauvais que l'hygiéniste regarde à toutes ces choses, minimes en apparence, mais si grosses de conséquences suivant qu'elles sont bien ou mal comprises par les personnes dont la santé est en jeu.

La continence est rigoureusement recommandée durant la période qui marque l'acheminement vers la ménopause. Mais lorsque celte période est terminée? alors, madame, votre mari aura bien la cinquantaine; or, à cet âge, il ne doit plus que se souvenir.

Il est des femmes vaillantes, actives, dont l'esprit veut toujours, être occupé, qui ne connaissent ni cesse, ni repos; le nombre en est grand. Otez-leur la vie du monde, défendez leur le spectacle, le bal, elles seront désœuvrées. L'hypochondrie ne va-t-elle pas s'emparer de ces tourbillons condamnés au repos? Non; il leur reste une grande mission à remplir, celle de secourir les malheureux; c'est vers la charité que doit se tourner toute cette activité dévorante. « Les femmes qui s'adonnent avec ardeur à cet apostolat, si bien approprié à leur vocation, s'oublient, en quelque sorte, devant les misères qu'elles sont appelées à découvrir et à soulager;... la vue des souffrances d'autrui aide à supporter les siennes, et le sentiment du devoir accompli remplit l'âme d'ineffables sensations qui calment, mieux qu'aucun autre sédatif, les troubles de l'innervation. »

C'est par ces lignes que se termine le livre du docteur Mayer. Nous avons tenu à le lire en conscience, et cette lecture nous a élé agréable et facile.

Il nous a paru qu'il y aurait avantage à donner une plus grande étendue à la partie du livre qui traite plus spécialement de l'hygiène, aux dépens des chapitres consacrés à la physiologie des fonctions utéro-ovariennes. Tel qu'il est, cet ouvrage est encore bien médical pour être compris, dans toutes ses parties, par une femme. Un peu moins de science et un peu plus de cette sage hygiène que l'auteur excelle à exposer: voilà ce que nous voudrions.

Le docteur Mayer doit être compté au nombre de ces bons esprits qui se sont donné pour mission de vulgariser l'hygiène. C'est une œuvre essentiellement humanitaire et civilisatrice, à laquelle on ne saurait trop applaudir. Dr H. REY.

Le Gérant: HENRI BAILLIÈRE.

PARIS.

IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE X1GGIN

D'HYGIÈNE PUBLIQUE

ET

DE MÉDECINE LÉGALE

HYGIÈNE PUBLIQUE

DES MESURES D'HYGIÈNE PUBLIQUE
PROPRES A DIMINUER LA FRÉQUENCE DE LA PHTHISIE,

Par Gustave LAGNEAU (1)

(Mémoire lu à l'Académie de médecine le 18 septembre 1877.)

Bien des médecins trouveront sans doute très-contestable l'importance que je crois devoir accorder dans l'étiologie de la phthisie pulmonaire au fonctionnement insuffisant des organes respiratoires, c'est-à-dire à l'insuffisance du renouvellement de l'air dans la totalité des vésicules pulmonaires. Depuis longtemps, cependant, on a attribué à l'air insuffisamment renouvelé le développement de la tuberculose pulmonaire. Dans son rapport sur le Traité de la phthisie pulmonaire de Mac Cormack (de Belfast), rapport élogieux dans lequel sont rappelées quelques expériences faites sur des animaux devenus tuberculeux dans un air confiné, trop rarement renouvelé, malgré la lumière, la chaleur et la bonne nourriture, M. Barth dit que la substance tuberculeuse se dépose « à la suite de l'action imparfaite de la fonction respiratoire causée par l'inspiration prolongée d'un air trop rarement renouvelé » (2).

(1) Suite et fin.

α

Voy. Ann. d'Hyg., 1878, t. XLIX, p. 232. (2) Bulletin de l'Académie de médecine, 2 novembre 1870, t. XXXV, p. 821.

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Pareillement, M. le professeur Peter me disait récemment, à propos de la lecture de ce mémoire à l'Académie, que, dans un ouvrage actuellement sous presse, il mettait au premier rang de l'étiologie de la phthisie l'insuffisance habituelle de la respiration.

L'air fréquemment renouvelé semble être non-seulement le meilleur prophylactique de la phthisie pulmonaire, mais, pour quelques médecins, en particulier pour M. Bennet, l'air constituerait le plus puissant curatif de cette cruelle affection. « Tous mes malades atteints de phthisie pulmonaire, quelle que soit la phase de leur maladie, dit ce médecin, vivent nuit et jour dans une atmosphère pure, qu'on ne peut obtenir qu'en faisant passer dans la chambre habitée un courant d'air constant..., en ouvrant la fenêtre l'été, la porte l'hiver dans une chambre à cheminée ouverte. Si l'air entre par la porte, il faut que la porte donne sur un vestibule, couloir ou autre chambre bien aérée communiquant avec le dehors... Les phthisiques supportent une bonne ventilation parfaitement, aussi bien que les personnes saines, la nuit aussi bien que le jour. Quand on leur fait respirer constamment nuit et jour un air frais et pur, ils ne gagnent ni pharyngites, ni laryngites, ni pleurésies, ni pneumonies, et leurs bronchites existantes ne s'aggravent pas (1). »

Plusieurs médecins, en particulier tout récemment M. Kuss (2), ont cherché à traiter des affections de poitrine par l'usage de l'air comprimé et raréfié. Sans contester nullement les ressources thérapeutiques pouvant être trouvées dans un air à divers degrés de pression, tenant

(1) James Henry Bennet, Recherches sur le traitement de la phthisie pulmonaire par l'hygiène, les climats et la médecine, ch. 1, p. 39-40, Paris, 1874.

(2) Albert Kuss, Du traitement mécanique des affections de la poitrine et du cœur (Gaz. hebd, de méd. et chir., nov. et déc. 1877, p. 762, 776, 793, etc.)

compte des documents géographiques précédemment réunis, il est juste de constater qu'au point de vue de la prophylaxie de la phthisie, les habitants de certaines localités situées au niveau de la mer, sous de fortes pressions barométriques, comme les montagnards demeurant à des altitudes considérables, sous de faibles pressions, peuvent également se montrer indemnes de cette affection. D'ailleurs, ici je ne m'occupe pas du traitement curatif de la phthisie, je recherche seulement les conditions qui paraissent déterminer le développement de cette grave maladie, afin de pouvoir mieux indiquer quelques mesures d'hygiène publique capables d'en diminuer la fréquence. Or, les données de géographie et de statistique pathologiques précédemment exposées m'ont amené à reconnaître que, pour prévenir le développement de la tuberculisation pulmonaire, non-seulement il faut que l'air ambiant soit constamment renouvelé, mais aussi qu'il soit largement inspiré de manière à pénétrer entièrement les poumons.

Examinons donc actuellement les mesures d'hygiène publique prophylactiques de la phthisie, qui semblent le mieux remplir ces conditions biologiques.

Remarquant que dans les campagnes la phthisie se montre presque exclusivement soit chez des jeunes hommes et des jeunes filles ayant été la contracter dans les centres urbains, soit chez des personnes qui, bien que n'ayant pas cessé d'habiter la campagne, ont vécu avec ces malades ou leur ont donné des soins, M. Bergeret, d'Arbois (1), convaincu que « la transmission de la phthisie pulmonaire peut être prévenue par des moyens applicables à l'hygiène privée et à l'hygiène publique », demande des «<lois ou règlements d'administration ayant pour effet d'opposer

(1) Bergeret, La phthisie pulmon. dans les petites localités (Ann. d'hygiène, 2o série, t. XXVIII, p. 329, 1867).

une digue à l'émigration des cultivateurs vers les villes ». En effet, lorsqu'on admet, d'une part, avec ce confrère, que « des maladies redoutables, écloses dans ces immenses serres chaudes que l'on nomme les cités, vont ensuite semer la mortalité par la voie de la contagion sur tous les points du sol français, même les plus éloignés »; et lorsqu'on sait, d'autre part, que dans ces villes la mortalité, particulièrement la mortalité phthisique, est plus considérable surtout pour les émigrés on est amené à penser que parmi les mesures générales, la plus importante serait certainement de restreindre l'immigration qui de plus en plus tend à se faire des campagnes vers les villes. Mais comment limiter cette immigration des ruraux vers les villes sans porter atteinte à la liberté individuelle?

Cette immigration est telle que, dans le court espace de vingt-six ans, la population urbaine qui, en 1846, représentait les 24,42 centièmes de la population totale, moins d'un quart, en 1872 en représente les 31,06 centièmes, près d'un tiers.

Population urbaine
Population rurale

1846 1851 1856 1861 1866 1872 (1) 24,42 25,52 27,31 28,86 30,46 31,06 75,58 74,28 72,69 71,14 69,54 68 94

100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00

Pour restreindre cette immigration, des lois ne peuvent s'élever contre la liberté que chacun a de se porter des campagnes vers les villes, de se fixer là où il pense trouver une existence plus heureuse; mais, sans attenter à la liberté individuelle, loin de favoriser cette immigration par la centralisation administrative, par le maintien de garnisons nombreuses, par l'attraction qu'exerce vers les villes l'élévation des salaires, conséquence d'énormes budgets, d'em

(1) Statist. de la France. Dénombrement de 1872, 2o séric, t. XXI,

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