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Nous prescrivons souvent avec les plus grands avantages, dans différente formes de consomption et surtout dans la consomption résultant du sevrage prématuré, de la viande crue hachée.

Si cette viande provenait d'animaux atteints d'affections charbonneuses, oserait-on l'employer? je ne le pense pas. Toutes les expériences faites sur les animaux seraient d'accord pour nous inspirer les plus vives inquiétudes. Il est évident que l'intoxication ne se présenterait pas sous sa forme habituelle de pustule maligne, mais devrait revêtir les caractères des affections charbonneuses généralisées, telles qu'elles apparaissent chez les boeufs qui succombent à la maladie qu'on a désignée sous le nom de fièvre charbonneuse, et chez les moutons sous celui de sang de rate. Il me paraît vraisemblable que la nature de cette maladie nouvelle chez l'homme pourrait échapper à l'observateur le plus attentif; j'ai donc cru utile d'attirer l'attention sur ce point.

Par mesure de prudence, quand je prescrirai de la viande crue hachée, je la ferai prendre chez des bouchers qui s'approvisionnent uniquement à l'abattoir, où le bon état des animaux sacrifiés est constaté avec soin.

Je dirai maintenant aux éleveurs: Renoncez absolument à la détestable pratique de livrer au boucher des animaux atteints d'affections charbonneuses. Vous compromettez ainsi l'utile institution de la viande à la criée. » Puis, l'adininistration parisienne veille avec le plus grand soin à tout ce qui se rattache à l'alimentation publique. Des experts habiles inspectent journellement les viandes vendues à la criée. Pour ajouter de nouveaux éléments aux moyens d'examen, une commission composée de MM. Pasteur, Trélat, Hillairet, Bouchardat, doit se réunir demain.

On trouvera les moyens de connaître sûrement les auteurs de ces méfaits. Si aucun accident n'est survenu, ils peuvent être poursuivis en police correctionnelle pour avoir livré à

la consommation des aliments malsains. Si des faits analogues à celui que j'ai signalé se renouvelaient, c'est devant une autre juridiction qu'ils pourraient comparaître. Car peut-on concevoir un acte plus détestable que celui de livrer sciemment à la consommation une denrée qui peut causer la mort?

DE LA FABRICATION DES BROSSES

A LA MAISON CENTRALE DE GAILLON

Par M. le docteur A. HUREL

Médecin en chef de la maison centrale de Gaillon.

Messieurs, vous me jugerez bien téméraire de venir aujourd'hui vous entretenir d'un sujet aussi modeste et aussi peu à la hauteur des remarquables travaux qui vous ont été soumis.

Ma bonne volonté à répondre à votre appel sera mon excuse et m'assurera, je l'espère, votre bienveillante altention et votre indulgence.

J'ai voulu combler une lacune. En parcourant les ouvrages des maîtres qui ont traité des questions d'hygiène publique et industrielle, je n'ai trouvé nulle part une description détaillée du travail des brosses: c'est ce qui m'a engagé à vous présenter cette étude, trop heureux si elle peut vous offrir de l'intérêt et vous paraître de quelque utilité.

La fabrication des brosses, qui occupe, en moyenne, 200 détenus, comprend trois ateliers, classés sous les dénominations suivantes, d'après la nature du travail :

1° Atelier des brosses 3.

2° Atelier des brosses 2.

3o Atelier des brosses 1, dans lequel on doit ranger celui de l'Amendement (1).

(1) Le quartier de l'Amendement est réservé aux détenus qui, par leurs antécédents, sont jugés dignes de eette faveur.

Les brosses sont fabriquées avec des matières soit de provenance animale, soit de provenance végétale.

Les matières animales sont les soies de porc principalement, les crins de cheval et de mulet, les poils de chèvre.

Les soies de porc se tirent de tous les pays d'Europe; elles proviennent surtout de la France, de l'Allemagne, de la Russie. On en reçoit également de la Chine

La France en produit beaucoup; les soies sont recueillies dans les abattoirs de grandes villes et de ports de mer: Bordeaux en première ligne, Lorient, Nimes, etc.

Voici comment on opère le porc étant abattu est plongé rapidement dans une chaudière d'eau bouillante ou simplement arrosé avec de l'eau bouillante, et les soies sont alors enlevées facilement par frottement.

Après avoir été étalées pour sécher, elles sont placées dans de grands sacs et expédiées brutes au fabricant, qui les envoie à la maison centrale, où elles sont soumises à une série d'opérations dont la description est l'objet spécial de cette étude.

Les soies étrangères circulent en balles ou en barils d'environ 100 kilogrammes, liées en paquets et ayant déjà subi certaines préparations,

L'Allemagne fournit seulement des soies blanches, moins fortes qu'autrefois, ce qui tient à ce que les porcs sont tués moins âgés. Elles arrivent presque toutes prêtes à être employées.

Les soies de Chine sont reçues en petits paquets enveloppés dans une feuille de papier et ficelés.

On les rassemble en carotte; puis, après les avoir fait bouillir pour les redresser, on les passe à l'étuve, on les met en mains pour être peignées, roulées et tirées comme les soies brutes.

Elles sont noires ou blanches, très-propres, ne donnant pas de poussière.

Celles de Russie sont le plus estimées ce sont des soies

arrachées, et c'est ce qui constitue leur supériorité sur celles de France, qui sont ordinairement échaudées, comme nous l'avons indiqué.

Elles arrivent en bottes et n'ont plus qu'à être mélangées ou tirées. Elles ne contiennent pas de poussière et s'emploient généralement mélangées aux soies de Chine.

Le crin est coupé aux crinières des chevaux et des mulets; il subit dans la prison: le coupage, le peignage, le mélange. Il est employé seul ou mélangé avec des soies de porc; quelquefois on emploie aussi des crins de bœuf.

Le crin de mulet est le meilleur.

Disons tout de suite qu'il ne nous a jamais été donné d'observer, depuis huit ans, les affections charbonneuses que le maniement du crin pourrait faire craindre.

Le poil de chèvre sert exclusivement à faire des brosses à chapeau. Reçu brut, par poignées, il est coupé, peigné, mélangé et mis en bottes.

Les matières de provenance végétale sont :

1o Le tampico.

2 Le piazzava (ou piassava-piassaha).

3o Le chiendent (racines de riz).

4o Les fibres du fruit du cocotier.

Le tampico provient de Tampico, ville du Mexique, et est, parait-il, extrait des feuilles de l'agave (Agave americana). Il se présente sous l'aspect d'une espèce de filasse raide, blanche, et arrive par petites bottes longues. Il est employé seul ou mélangé avec des soies de porc pour faire des brosses à habit; et, sans être teint, il sert à la fabrication. des brosses à laver.

Ce produit, appelé soie végétale, ou, par abréviation, tout simplement végétal, est d'abord peigné, puis teint en noir ou en brun par les mêmes procédés que les soies.

Une fois teint, on le coupe à différentes hauteurs et on le mélange afin de réunir des grosseurs variées.

Ce mélange laisse échapper une poussière noire trèsabondante et finit par déterminer une véritable usure des ongles, qui sont rongés dans une certaine étendue.

Les ouvriers chargés de ce travail ont l'extrémité des doigts comme corrodés, et la figure toute noire; le soir, ils ont quelquefois de la difficulté à parler, et le matin la langue chargée. Cette usure des ongles est produite surtout par le végétal brun.

Le déchet de ce mélange, également rempli de poussière, est utilisé à faire des brosses très-communes, désignées sous le nom de brosses à deux faces.

Les brosses fabriquées avec cette soie végétale ne sont pas de longue durée.

Le piazzava provient d'une espèce de palmier du Brésil, qui fournit des fibres très-résistantes dont on fait de gros balais pour les rues et de grosses brosses pour laver les pavés.

Il arrive par balles, sous forme de filaments bruns et longs de plus d'un mètre.

Avant de l'employer, on le coupe, on le met en carolt; s'il est courbé, on le mouille pour le redresser et on le sèche à l'étuve; on le peigne, on le mélange par grosseurs et on le met en paquets.

Le peignage du piazzava fin fournit surtout de la poussière ne renfermant pas, ainsi que celle des autres végétaux, des éléments animalisés.

Le chiendent, qui n'est autre chose que des racines de riz, vient de l'Italie; il arrive sec et en petites bottes, encore revêtu de son écorce. Retiré de terre, il est lavé et passé au soufre pour être blanchi.

A la maison centrale, on le met en carottes, on le roule afin d'enlever l'écorce et de le dresser, on le met sur pied, c'est-à-dire qu'on l'attache par poignées, on le coupe à 10 ou 12 centimètres.

Le roulage se fait avec le pied droit armé d'une semelle

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