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La première et la plus naturelle des questions, lorsqu'on se trouve en présence d'un blessé, est celle-ci :

Quelle est l'arme qui a causé la blessure?

Et lors même qu'on trouverait une arme près du blessé, on est porté, après l'avoir examinée, à se demander:

Est-ce bien là l'arme qui a été employée?

Cette question, le médecin la résoudra d'après les caractères que présente la blessure.

Une autre question plus compliquée, et souvent très-difficile à résoudre, est celle-ci :

De quelle espèce d'armes à feu s'est-on servi dans un cas particulier?

En procédant par ordre et en allant de l'espèce d'armes le plus employée à celle qui l'est le moins, dans la pratique médico-légale, on trouve le fusil commun de chasse, quelquefois l'ancien fusil à pierre, les pistolets de divers calibres, à double canon ou à canon simple, les revolvers, principalement aujourd'hui que ces armes se vendent à vil prix. Plus rarement il est donné d'observer des blessures produites par des armes se chargeant par la culasse, le fusil chassepot, les armes dites de salon, etc.

Les projectiles employés suivant les diverses armes peuvent être de forme et de nature très-variables. Ainsi, après la balle sphérique de plomb, on s'est servi, comme projectiles, de petits plombs, de morceaux de fer, de balles en cire à cacheter, de projectiles en terre cuite, en sel, etc.

Il peut se faire qu'on présente une arme au médecin légiste et qu'on lui demande :

Cette arme a-t-elle fait explosion?

Cette question sera résolue avec la coopération de deux autres experts dont l'un sera un chimiste et l'autre un armurier intelligent. Une des questions les plus ardues de la traumatologie judiciaire est celle-ci :

Cette blessure résulte-t-elle d'un suicide, d'un homicide ou d'un pur accident?

L'auteur indique longuement et minutieusement par quelles voies le médecin pourra arriver à la solution d'un problème si difficile ; et il termine ce chapitre intéressant par quelques conseils sur la manière dont il faut procéder à l'autopsie d'un individu mort à la suite d'une blessure d'arme à feu.

Notre analyse doit s'arrêter ici: aussi bien, nous aurions voulu rendre un compte plus détaillé de toutes les matières qui sont traitées par MM. Bellini et Filippi. Mais, nous craindrions d'être trop long sans être jamais complet. Aussi, nous conseillons vivement à tous ceux qui s'occupent de sciences médicales, de lire dans le texte lui-même l'excellent ouvrage dont nous n'avons donné ici qu'une

analyse imparfaite. Nous serions heureux toutefois d'avoir contribué pour une faible part à assurer un légitime succès à ce livre, dont nous avons essayé de donner une idée aussi nette que possible. G. VAISSON.

1° A Report Circular, no 8. War department, Surgeon-General's Office, Washington, 1t may 1875. A Report on the Hygiene of the United States army, with descriptions of military posts. 2o The medical Staff of the United States army, and its scientific work, an address delivered to the International medical congress, at Philadelphia, by Dr J.-J. Woodward. Philadelphia, 1876.

Les Annales d'hygiène doivent, depuis longtemps, une mention à plusieurs des nombreuses publications émanées du Surgeon-General's Office de Washington, et en particulier à un ouvrage considérable du docteur Billings, intitulé: Rapport sur l'hygiène de l'armée des États-Unis (A Report on the hygiene of the United States army, with descriptions of military posts. Washington, Government printing office, 1875).

Rappelons d'abord comment est organisé le bureau du chirurgien en chef de l'armée, au ministère de la guerre.

Le général-chirurgien, l'éminent docteur Barnes, est chargé d'assurer l'hygiène et le traitement d'une armée de 28 000 hommes, répartis dans plus de 200 garnisons permanentes et dans 100 postes détachés au milieu d'un immense territoire que l'on dispute encore aux Indiens.

Tous les documents statistiques, hygiéniques, médicaux et administratifs, adressés par le médecin de chacun de ces postes, sont centralisés au bureau du Surgeon-general à Washington. Pour le dépouillement et l'utilisation de ces immenses documents, le docteur Barnes a dù s'adjoindre un véritable état-major médical, sans lequel la direction du service sanitaire eût été purement nominale. En outre, pendant la rébellion, un million de combattants avait fourni 200 000 morts par maladies, et 100 000 décès à la suite de blessures; l'armée confédérée, quoique un peu moins forte, n'avait pas donné un nombre moindre de décès. Après la guerre, plusieurs centaines d'hôpitaux furent supprimés; mais avant de disparaître, ils adressèrent au bureau du Surgeon-general 1600 volumes in-folio de documents et plusieurs tonnes de manuscrits et de mémoires concernant le service médical. Tous ces documents durent être analysés, non-seulement pour établir les droits des blessés à des pensions, mais encore dans l'intérêt de la science en général. Pour assurer la bonne exécution d'un pareil service, l'on adjoignit au docteur Barnes, outre un personnel subalterne nombreux, trois médecins de l'armée, du grade de assistant surgeon, et avec le rang de lieutenant-colonel: ce furent les docteurs Billings, Otis et

Woodward, tous trois déjà très-connus par les nombreux travaux qu'ils ont publiés.

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Le docteur Otis est chargé, pour la partie chirurgicale et anatomique, de la direction du Musée médical de l'armée, lequel a été formé à l'aide d'un nombre considérable de pièces anatomo-pathologiques, envoyées de toutes parts pendant la guerre, et qui comprenait, en 1876, environ 19 000 spécimens. C'est lui qui a rédigé les volumes concernant l'Histoire chirurgicale de la campagne (2 volumes in-quarto de 650 et de 1024 pages, comprenant l'analyse de 270 000 cas de blessures, parus en 1872 et en 1876), et en outre les ouvrages suivants : Rapport sur un système de transport des soldats blessés en chemin de fer, 1875; Rapport sur les cas chirurgicaux traités pendant la campagne 1865-1871, 1871; Rapport sur les resections de la tête du fémur à la suite de coups de feu, 1869; Rapport sur les amputations coxofémorales au point de vue de la chirurgie militaire, 1867. Le docteur Woodward a été spécialement chargé d'instruire les pensions de retraite et de rédiger la statistique des 300 000 décès, tra vaií énorme qui n'était pas encore terminé à la fin de 1876, à caus' de l'insuffisance du personnel subalterne placé sous ses ordres, c'est à lui qu'est confiée la partie médicale du Musée de la guerre et particulièrement l'histologie, l'anatomie pathologique et comparée, le laboratoire d'expertises chimiques, etc. Le docteur Woodward a déjà publié les volumes suivants : Mortalité et morbidité de l'armée des États-Unis pendant la guerre, 1863; — Rapport sur le cholera épidémique et la fièvre jaune dans l'armée des ÉtatsUnis en 1866 et en 1867; La fièvre typho-malariale constituet-elle une espèce morbide distincte? 1867; et enfin un volume in-4o de 726 pages, contenant l'Histoire médicale de la guerre, 1872.

Nous devons mentionner encore, parmi les travaux émanés de l'état-major médical de l'armée, deux splendides volumes, de 568 et de 767 pages, publiés par le docteur Baster, médecin en chef de la prévôté, contenant tous les résultats du recrutement pendant cette longue campagne, et dont les matériaux permettront de constituer sur une base solide l'ethnographie et l'anthropologie des ÉtatsUnis. Citons aussi l'histoire de l'Épidémie de cholera de 1873 aux États-Unis, par les docteurs Mac-Clelan et Peters, ouvrage énorme, enrichi d'un nombre extraordinaire de plans et de cartes topographiques.

A cet ouvrage est jointe une bibliographie du choléra, la plus considérable assurément qui existe dans le monde entier, et qui ne comprend pas moins de 320 pages compactes, en deux colonnes. 2o SERIE, 1878. TOME XLIX. - - 3o PARTIE.

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L'auteur de cette bibliographie est le docteur Billings, le troisième médecin de l'état-major du docteur Barnes, et l'auteur également de l'ouvrage dont l'analyse nous a entraîné dans cette longue digres‐ sion. Le docteur Billings est plus spécialement chargé de tout ce qui concerne l'hygiène; il s'est voué en outre à l'établissement et à l'installation de la bibliothèque médicale de l'armée. L'institution de cette bibliothèque est fort curieuse, et bien faite pour exciter les convoitises et l'admiration des médecins français voués aux recherches et aux travaux d'érudition. Chacun des hôpitaux institués pendant la guerre avait été muni d'un certain nombre d'ouvrages destinés à faciliter aux médecins l'accomplissement de leur tâche. Ces livres ont été le noyau d'une bibliothèque médicale de l'armée, centralisée à Washington; elle s'est accrue par les dons de collections de journaux et d'ouvrages rares, envoyés par les médecins de tous les États. Le Congrès lui a alloué, pendant les trois premières années, 10 000 dollars (55000 francs) par an, plus tard, 5000 dollars sculement (27500 francs); elle est bientôt devenue la Section médicale de la bibliothèque du Congrès, mais elle est sous la direction du Surgeon general's Office. En 1876, c'est-àdire sept ans après son début, elle comprenait déjà 40 000 volumes reliés, et 41 000 brochures. Le docteur Billings fut chargé d'en établir le catalogue, et, chose qui paraîtra sans doute très-enviable pour notre pays, dès 1874, l'imprimerie du gouvernement publiait une « petite » édition d'un catalogue d'auteurs, formant trois volumes in-4o, réunissant environ 2500 pages. Chaque bibliothèque médicale publique, dans toutes les villes des États-Unis, a reçu un exemplaire de ce catalogue, qui est extrêmement précieux pour les étudiants et les médecins; ces derniers peuvent venir consulter librement à Washington tous les ouvrages qui leur sont nécessaires pour des travaux originaux et des recherches spéciales. Le docteur Billings prépare en ce moment un catalogue par ordre de matières, et 275 000 fiches sont déjà complétement terminées. Le docteur Billings a été chargé en outre de concentrer et d'analyser les rapports sanitaires annuels adressés de tous les postes des États-Unis; en 1870, il a déjà publié un Rapport sur les casernes et les hôpitaux, in-4o de 494 pages; et en 1875, un nouveau Rapport sur l'hygiène de l'armée des États-Unis, avec description des postes militaires, in-4, 567 pages, accompagné d'un très-grand nombre de cartes, de plans et de tableaux. C'est ce dernier ouvrage dont nous allons présenter rapidement l'analyse.

Il se compose de deux parties bien distinctes; la plus importante, celle qui constitue presque exclusivement le volume, est la reproduction des rapports annuels envoyés par les médecins de chaque poste du territoire militaire, c'est-à-dire de tout le pays qui s'étend entre le lac Michigan et la Californie, et du Rio-Grande à l'Amérique

anglaise. Ces rapports font connaitre la disposition et la valeur hygiénique des locaux destinées aux troupes et aux malades, les effectifs, le nombre des entrées à l'hôpital et des décès, la salubrité du poste, les observations météorologiques, etc. Cette partie de de l'ouvrage ne peut avoir pour nous qu'un intérêt limité.

L'autre partie, au contraire, est le rapport général fait par le docteur Billings au médecin en chef docteur Barnes; c'est en quelque sorte la conclusion des rapports détaillés adressés de 1870 à 1874. Ce rapport général passe successivement en revue : 1o les habitations militaires et leurs dépendances; 2° l'alimentation; 3 l'habillement; 4° les hôpitaux et le service médical.

1. Il n'existe aux États-Unis aucun règlement fixant l'espace à allouer aux hommes dans les casernes; et cependant une circulaire du 14 septembre 1873 a fait connaître un plan de caserne destinė à être adopté dans toute l'armée. Le bâtiment se compose d'un corps de logis à deux étages; le second étage est formé d'une seule et immense salle réunissant 58 lits à la fois, ce qui est beaucoup trop, et où il revient à chaque homme un peu plus de 14 mètres cubes. Deux larges galeries couvertes, mais ouvertes sur les côtés en forme de véranda, servent de promenoirs aux hommes; les fenêtres, et sans doute aussi les portes des salles, ouvrent sur ces galeries. Dans les hôpitaux récents des États-Unis, en particulier au Barnes Hospital, qui a été construit récemment près de Washington, on a adopté ces larges galeries, dont l'une est vitrée et sert de promenoir clos et chauffé pendant l'hiver. L'on se plaint en général de la mauvaise ventilation des chambres des casernes; et c'est à cette cause d'insalubrité qu'on attribue les chiffres assez élevés de la mortalité de l'armée.

DÉCÈS PAR MALADIES SUR 1000 HOMMES.

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Aux décès de l'armée, il faut ajouter un nombre double de réformes pour invalidité, soit 27 à 36 pertes annuelles pour 1000 soldats, chiffre peu différent de celui qui existe en Angleterre.

2. Après un long historique des transformations qu'a subies la ration du soldat américain depuis 1775 jusqu'à nos jours, le rapport montre qu'actuellement la ration ordinaire du soldat aux États-Unis est ainsi composée :

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