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Moyenne générale: 320 in- Accidents rabiques. 129 Mortalité: 51 19 p. 100

dividus mordus.

Innocuité..

123)

Les chiffres de notre enquête 1869-1876, ajoutés au résultat de l'enquête de M. Bouley (1863-1868), donnent un total de 454 cas, qui sont représentés dans le tableau qui va suivre. J'ai supprimé dans le tableau de M. Bouley les deux dernières colonnes, qui n'ont pas d'analogues dans le mien, de façon à ne comparer que des chiffres et des colonnes similaires.

D'un autre côté, il a suffi de réunir sous un même groupe les trois premières classes de mon tableau pour former le premier groupe de M. Bouley. Les résultats ainsi rapprochés peuvent être additionnés sans crainte de donner lieu à des interprétations erronées.

Effets de la cautérisation (1863-1876).

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Déjà M. Tardieu, dans l'enquête de 1862, était arrivé à des résultats qui établissent d'une façon positive l'influence heureuse de la cautérisation. Il s'exprime ainsi : « Sur 143 personnes atteintes de morsures, certainement ou à peu près certainement virulentes, 63 n'ont pas contracté la rage; et nous trouvons sur le traitement que ces dernières ont suivi les renseignements suivants :

» 18 ont été cautérisées par le fer rouge, sur lesquelles 15 moins d'une heure après la morsure, 3 tardivement; 8 ont été cautérisées à l'aide de caustiques, 4 immédiatement, 4 tardivement; 9 ont été cautérisées avec des moyens et dans des délais non indiqués.

» En résumé, dit M. Tardieu, parmi les 63 individus mordus et non atteints de rage, 35 sont indiqués comme ayant été soumis à la cautérisation, et pour la plupart dans des conditions où elle peut être réellement efficace, c'est-à-dire dans le moment même où elle suit l'inoculation.

» Il est permis de penser que pour les 28 autres, chez lesquels aucun moyen de préservation, si ce n'est quelques agents empiriques, n'a été employé, ils se sont trouvés dans l'une des conditions quelconques indéterminées qui ont pu rendre la morsure de l'animal enragé sans effet.>

«Nous ne résistons pas, dit encore M. Tardieu, à la tentation de rapporter un saisissant exemple dû au docteur Catelan (1862).

»Dans les Hautes-Alpes, 16 personnes et une ânesse sont mordues sans provocation par un chien reconnu enragé, avant les yeux hagards, la gueule écumante, ne s'arrêtant nulle part et ne donnant aucun son de voix. Toutes les personnes furent cautérisées; quelques-unes immédiatement et par un médecin, d'autres itérativement, avec le fer rouge ou des caustiques. Aucune d'elles n'a été atteinte de la rage; mais l'ânesse, qui n'avait été l'objet d'aucun traitement et n'avait pas été cautérisée, devint seule enragée et mourut, comme pour confirmer à la fois la réalité de la contagion virulente et l'efficacité des cautérisations préventives. >

Nous citerons aussi le fait d'un loup enragé qui a mordu 47 personnes, dont 45 moururent de la rage, les deux autres ayant été préservées par une cautérisation immédiate, faite avec du beurre d'antimoine. Ce fait a été communiqué par M. le docteur Michel, de Salies, à M. Camescasse, qui a été notre médecin sanitaire à Smyrne. Il est relaté dans un des rapports de M. Tardieu.

Dans les documents de l'enquète que nous exposons plus spécialement au Comité, nous trouvons les deux cas suivants :

Un homme de soixante-dix ans, du département de la Savoie, avait été guéri d'une morsure par la cautérisation au beurre d'antimoine. Quelques années plus tard, il est mordu de nouveau. Effrayé de la douleur d'une nouvelle cautérisation, il refuse de s'y soumettre. Il succombe à la rage.

Dans ce même département de la Savoie, et également en 1870, le même jour, un mulet et un porc furent atteints par un chien enragé. Le premier fut cautérisé au fer rouge et ne présenta pas d'accident, tandis que le porc, non cautérisé, succomba à la rage.

Il nous sera permis, à la fin de ce rapport, de formuler, comme ressortant de cette enquête et des enquêtes antérieures, quelques vœux au sujet de la prophylaxie générale de la rage.

1° Nous demandons à M. le ministre de rappeler à MM. les préfets et aux Conseils d'hygiène l'urgence de rapports bisannuels réguliers. L'envoi de ces rapports n'est pas moins nécessaire, si les résultats de l'enquête sont négatifs. Ils doivent renfermer non-seulement les cas de morsure rabique sur l'homme, mais comprendre également les faits de rage observés chez les animaux, et de transmission d'animal à animal.

Ces documents doivent se trouver sur deux fiches différentes et ne pas être placés sur une seule feuille, comme cela se voit encore dans quelques départements, où cette confusion nuit à la clarté de l'enquête. D'ailleurs le service vétérinaire que vient de constituer l'administration. de l'agriculture, nous assurera dans l'avenir la connaissance complète de ces importants documents.

2o La cautérisation étant jusqu'ici le seul moyen connu de prophylaxie de la rage, il serait important d'obtenir par des statistiques, non-seulement le nom du caustique employé, mais la manière dont la cautérisation a été appliquée, le temps exact qui s'est écoulé depuis l'inoculation rabique jusqu'au moment de la cautérisation.

La seule chance de salut qui soit offerte aux personnes mordues consiste, en effet, dans la cautérisation la plus prompte et la plus complète des plaies virulentes. Combien n'est-il donc pas regrettable de voir se substituer à ce moyen héroïque des pratiques absurdes, des superstitions d'un autre àge, qui, remplaçant le seul traitement encore efficace, livrent de malheureuses victimes à un mal qui ne pardonne pas!

Pour détruire ces préjugés déplorables et forcer en quelque sorte l'opinion, il est utile de montrer, par une masse de faits indiscutables, l'utilité de la cautérisation; c'est déjà là un premier point bien établi, et dont la connaissance doit être vulgarisée le plus possible. Il appartient aux enquêtes ultérieures de préciser le terme dans lequel une cautérisation énergique peut encore être un moyen de salut. Ces préceptes de prophylaxie ne sauraient être trop rappelés, l'enquête actuelle, comme les précédentes, montrant assez les pratiques incomplètes auxquelles aujourd'hui encore on se contente d'avoir recours, en dépit des avertissements et des conseils des savants et de l'Administration.

3o La transmission contagieuse se faisant souvent par de petits chiens familiers, king-charles, griffons, dont la maladie au début n'inspire aucune défiance, une instruction ayant pour objet de vulgariser la description des premiers symptômes de la rage serait, contre ce genre de contagion, d'une très-grande efficacité. Le chien n'est pas dangereux seulement au moment où, suivant l'heureuse expression de M. Bouley, il a perdu sa raison, quand il n'est plus dominé que par les instincts féroces que la maladie a éveillés en lui; il est plus perfide lorsque le sentiment affectueux est encore vivace; lorsque, sa bave étant déjà virulente, il se montre plus caressant que d'habitude à l'égard des personnes qui lui sont familières, et se livre ainsi à des lèchements dangereux.

Un seul jour ne fait pas, en effet, d'un chien affectueux un animal furieux, féroce et cruel à l'excès. Cependant, malgré les apparences d'une extrême bénignité, la maladie, comme le petit d'une tigresse, a déjà en naissant sa férocité native.

L'opinion si répandue que la rage canine se caractérise toujours et nécessairement par l'horreur de l'eau est absolument fausse. Les chiens enragés ont si peu l'horreur de l'eau qu'on en a vu traverse les rivières à la nage pour aller se jeter sur des troupeaux de moutons qu'ils avaient aperçus sur l'autre bord.

2. SÉRIE, 1878.

TOME L. - 3 PARTIE.

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Aussi faudrait-il qu'une instruction faisant connaître ces vérités, et puisant son autorité dans le Comité et dans l'Académie, fût répandue à des milliers d'exemplaires.

4° La police sanitaire applicable à la race canine devrait en tout temps recevoir sa rigoureuse application, aussi bien l'hiver que l'été, aussi bien contre les chiens suspects que contre les chiens malades.

Les mesures prescrites dans ces cas devraient être :

Port obligatoire d'un collier réglementaire.

Saisie des animaux errants et de ceux qui n'ont pas de collier, et abatage des chiens saisis.

Abatage des chiens malades.

Abatage ou séquestration pendant huit mois, dans une fourrière, des chiens suspects.

Enfin, rappeler dans l'instruction qu'en cas d'accident grave ou de mort d'homme, le propriétaire du chien enragé peut être poursuivi d'office, sans préjudice des dommages-intérêts qui peuvent être réclamés par les familles (art. 319-320, 459 du Code pénal, et art. 1385 du Code civil).

5° Nous demandons, enfin, à M. le ministre de vouloir bien faire rappeler aux préfets qu'ils sont armés par les lois et règlements sur la matière du droit de faire abattre tout animal enragé, et de faire abattre également ou séquestrer pendant huit mois les chiens rendus suspects par une morsure.

Tel est l'ensemble des dispositions qui, strictement suivies, diminueraient certainement le nombre des cas de transmission de la rage des animaux à l'homme, et amèneraient peut-être progressivement dans notre pays la disparition d'une cause de mort, la mort par la rage.

REVUE DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS

HYGIÈNE

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Cysticerque du Tænia. Experienze di controllo..., Expériences sur la ténacité de la vie du cysticerque du Tœnia mediocanellata, par le professeur ED. PERRONCITO (Annali della R. Accademia d'Agricoltura di Torino, janvier 1878 et 27 avril 1877). M. Perroncito, professeur d'anatomie pathologique à l'École vétérinaire de Turin, a fait les expériences suivantes :

Il a fait prendre à deux veaux des débris de Tania inermis; au bout de quatre-vingt-douze jours, l'un des animaux a été sacrifié, et l'on a trouvé un très-grand nombre de cysticerques dans la langue, les muscles des membres, le tissu sous-cutané.

Il a soumis plusieurs de ces cysticerques à des températures croissantes, depuis +10° C, jusqu'à + 45o, en observant le parasite sous le microscope à partir de + 42° C., l'animal n'a plus manifesté que des mouvements à peine appréciables, et la mort était évidente quand la température avait été élevée à + 45° C. Un des préparateurs, M. le docteur Ragni, avala un de ces cysticerques, qui avait été soumis à deux reprises à + 47° C. de température; l'opération fut faite le 4 mars 1877; le 15 mai, le docteur R. n'avait ressenti aucun trouble de digestion, et, après avoir pris une dose de kousso, il s'assura qu'il n'avait rendu aucun débris de tænia. Au contraire, un autre élève, qui avait avalé les mêmes cysticerques non chauffés, rendait au bout de cinquante-deux jours des fragments de tænia inerme, mesurant ensemble 4,27.

Sur les cysticerques trouvés chez l'autre animal contaminé, le docteur Perroncito fit des expériences qui donnèrent les mêmes résul tats après l'échauffement à +45°, le tissu des cysticerques se colorait en rouge intense au contact de la teinture neutre de carmin, ce qui prouvait que la vie avait cessé dans les tissus.

En résumé, le cysticerque du veau meurt parfois à 44o, souvent à+45°; jamais il ne résiste à 47° ou 18° C. M. Perroncito remarque que la résistance du cysticerque du bœuf est un peu moindre que dans celui du porc. Un de ses élèves a ingéré à plusieurs reprises des cysticerques de porc chauffés à +50° et n'a jamais eu le tænia; mais ces cysticerques, maintenus dans la chambre humide de M. Schultze, marquaient encore quelques mouvements à +47° ou 49°; à+50° tout mouvement cessait après dix minutes et même une minute d'exposition, et en laissant graduellement retomber la température à 15°, les mouvements ne reparaissaient pas.

Dans une nouvelle note (janvier 1878), M. Perroncito dit avoir fait avaler à une jeune génisse des fragments terminaux provenant d'un Tania mediocanellata rendu par une dame. Quatre mois après, la bête était tuée, et l'on trouvait un nombre considérable de cysticerques dans le tissu sous-cutané, la langue, les muscles du cou. Un grand nombre de ces cysticerques furent placés dans la chambre chaude et humide de Schultze, sous le microscope. A + 47° C., sur neuf cysticerques, trois vivaient encore après deux minutes d'exposition à cette température, mais moururent après avoir subi pendant trois minutes la température de + 48° C.

C'est donc la température de + 48° C., continuée au moins pendant cinq minutes, qui détruit sûrement et toujours la vitalité des cysticerques du Tania inermis.

Kobbold, Lewis (The London medical Record, octobre 1874), dans leurs expériences, avaient fixé la température mortelle à +60° C.

E. VALLIN.

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