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-La ville de Clermont, comme capitale de l'Auvergne, a toujours joué un rôle important dans notre histoire monétaire. On y frappait déjà monnaie pendant la période gauloise; on connaît, en effet, un statère d'or représentant d'un côté une tête nue, avec la légende

CENGETORIX; de l'autre, un cheval au galop, et comme symbole un S et un vase à deux anses. Il est d'autant plus probable que la figure représentée sur cette belle médaille est celle du fameux chef arverne Vercengétorix, qu'avant qu'on la découvrit on l'attribuait déjà à l'Auvergne, à cause de la fréquence de leur présence dans ce pays, des statères tout à fait semblables à cette figure, mais ané pigraphes.

Pendant la période romaine, Clermont, comme toutes les villes de la Gaule, perdit son autonomie, et cessa de posséder un atelier monétaire; mais elle recouvra ce privilége sous les rois de la première race; l'on connaît, en effet, des tiers de sou d'or de cette époque frappés au nom de cette ville, et ces pièces sont même si nombreuses, que nous devons renoncer à les décrire; il nous suffira de dire que peu de villes en France en ont produit d'aussi beaux et en aussi grand nombre. On remarque très-souvent au revers de ces pièces les deux grandes lettres A R, initiales du mot Arverni, nom latin de Clermont. Ces grandes lettres se trouvent aussi sur les tiers de sou des autres villes de l'Auvergne, telles que Taloude, Verolium vicum, et il ne faut pas confondre, comme on le fait souvent, ces monnaies avec celles d'Arles, qui portent aussi un A et un R, mais avec cette particularité que dans les pièces de cette dernière ville, ces lettres cantonnent ordinairement la croix, et sont accompagnées du chiffre vII. Parmi les monétaires de Clermont, nous citerons Baudricus, Bonvialus, Binidius, Maximus, Revegisilus, Eblenus, Eodicius et Manileabo. Ce dernier a frappé une monnaie à son nom et à celui d'un Théodebert, qu'il est difficile de déterminer. On ne sait si c'est

Lev.

le premier ou le second des princes de ce nom. Cependant, malgré cette incertitude, ce triens n'en est pas moins curieux, parce qu'il est fort rare de trouver réunis sur les mêmes pièces les noms des rois et des officiers préposés à la fabrication des monnaies. L'histoire monétaire de Clermont n'est pas moins féconde sous la seconde race: elle fournit d'abord une petite monnaie d'argent marquée des initiales CLA au droit et AR au revers, CLArusmons ARVernorum, dont l'époque ne peut être antérieuré au règne des derniers Mérovingiens. On connaît aussi des deniers de Clermont frappés sous Pepin le Bref, Carloman, Charlemagne, Louis le Débonnaire, et il est à remarquer que tous sont d'ancien style, c'est-à-dire, monnayés dans le système barbare usité avant la conquête de l'Italie. Le plus remarquable de tous ces deniers est celui de Carloman, non-seulement parce qu'il est unique, mais encore parce que c'est le seul monument monétaire connu jusqu'ici sur le frère de Charlemagne.

Pendant le moyen âge, les comtes d'Auvergne, puis le chapitre de la cathédrale de Clermont, possédèrent le droit de battre monnaie; les chanoines l'acquirent des comtes en 1030, et ils le possédaient encore en 1315, lors du fameux édit de Lagny, qui régla que la monnaie de Clermont devait être à trois deniers seize grains argent le roi; de sorte que treize deniers ne valaient que douze petits tournois. Ces deniers sont assez communs; ils présentent d'un côté la tête de la Vierge avec la légende SCA MARIA, et au revers une croix cantonnée de quatre trèfles portés sur des pédoncules, et

autour VRBS ARVERNIS.

CLERMONT-FERRAND (siége de). Euric, roi des Visigoths, poursuivant avec ardeur ses projets de conquête dans les provinces gallo-romaines, fit aux Arvernes, vers l'an 470, une guerre opiniatre. Ils se défendirent héroïquement, encouragés qu'ils étaient par le brave Ecdicius et par l'éloquent Sidoine Apollinaire. Chaque année, Euric venait bloquer la ville de Clermont,

jusqu'à ce que l'hiver le forcât de nouveau à lever le siége. Cette lutte opiniâtre continua jusqu'en 474, époque où Népos, le nouvel empereur d'Occident, abandonna lâcheinent à Euric les provinces au midi de la Loire et l'Arvernie, que ce prince n'avait pas su conquérir. Il faut lire, dans les lettres de Sidoine, quel fut alors l'étonnement, le désespoir des Arvernes, qui, selon l'expression du digne évêque, s'étaient montrés les derniers Romains de la Gaule. La chute de Clermont ne précéda que de deux années celle de l'empire d'Occident.

CLERSELLIER (Claude), philosophe du dix-septième siècle, mort en 1684, à soixante-dix ans, est appelé par Bayle « l'illustre M. Clersellier, l'ornement « et l'appui du cartésianisme. » Il fut l'éditeur des Lettres de Descartes sur la morale, la physique, la médecine et les mathématiques, Paris, 1667, 3 vol. in-4o; Des principes de la philosophie de Descartes, Paris, 1681, in-4o, et des OEuvres posthumes de Rohault, son gendre Paris, 1682, in-4°.

CLERVANT (Claude - Antoine de Vienne, baron de), issu de la famille des ducs de Bourgogne, né, selon toute apparence, à Metz, vers 1505, fut le premier gentilhomme de cette ville qui embrassa le protestantisme, et l'homme qui, par l'ardeur de son prosélytisme, contribua le plus aux progrés de la réforme dans le nordest de la France. Clervant établit des prêches à Metz et dans les villages de la Lorraine; assista, en 1575, au traité conclu entre les princes d'Allemagne, le prince de Condé et le duc d'Alençon; amena à ce dernier les 2,000 reîtres que le duc de Guise battit près de Château-Thierry, et fut fait prisonnier dans cette affaire. Il mourut quelques années plus tard, sans que l'on sache précisément en quel lieu ni à quelle époque.

CLÉRY (J.-B. Cant Hanet), né à Jardy, près de Versailles, en 1759, s'est rendu célèbre par son dévouement à Louis XVI et à sa famille, pendant leur captivité au Temple. On

lui doit le Journal de ce qui s'est passé à la tour du Temple, pendant la captivité de Louis XVI, Londres, 1798, in-8°, ouvrage qui a eu un nombre considérable d'éditions. Il est mort en 1809, à Hitzing, près Vienne.

CLÉRY-SUR-LOIRE, Cleriacum, jolie petite ville de l'ancien Orléanais, aujourd'hui chef-lieu de canton du dé partement du Loiret, était autrefois entourée de murs, de tours et de fossés, et paraît devoir son origine à un oratoire consacré à la Vierge, oratoire qui, dit-on, existait dès le milieu du sixième siècle. Philippe de Valois posa, en 1330, la première pierre d'une église qui, entièrement terminée sous son règne, fut à moitié détruite par le comte de Salisbury, en 1428. Louis XI la fit reconstruire plus tard avec magnificence, la dota de 2,330 écus d'or, et la désigna par son testament pour le lieu de sa sépulture. Il y fut en effet inhumé, et on voit aujourd'hui, dans la grande nef de cette église, le monument qui lui fut élevé en 1622. On remarque encore à Cléry la maison qui fut habitée par ce prince, et l'hôtellerie où descendirent Louis XIII, Louis XIV et la marquise de Pompadour. La population de Cléry est aujourd'hui de 2,510 hab.

CLÈVES (Marie de), le plus jeune des enfants de François Ier de Cleves, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon-Vendôme, naquit en 1553, et fut élevée par sa mère dans la religion calviniste. Elle parut à la cour sous le règne de Charles IX, et sa beauté fixa aussitôt tous les regards; tous les poëtes du temps la célébrèrent sous le nom de la belle Marie. Le duc d'Anjou, depuis Henri III, éprouva pour elle un violent amour. La diffe rence de religion, suivant les auteurs de Mémoires, fut la seule cause qui l'empêcha de l'épouser. Quoi qu'il en soit, Marie de Clèves fut mariée au prince de Condé, son cousin germain. Le duc d'Anjou en fut désolé d'abord; mais son élection au trône de Pologne vint ensuite le distraire. Peu de temps après, arriva la Saint-Barthélemy, qui força le prince de Condé et sa femme

à abjurer le calvinisme. C'était deux mois après la célébration de leur mariage. Marie abjura publiquement dans l'eglise de Saint-Denis, le 3 octobre 1572, et fut félicitée de sa conversion par un bref du pape. Elle mourut en couche deux ans après, le 30 octobre 1574. Henri III, qui venait de succéder à Charles IX et était depuis un mois de retour de Pologne, en fut saisi d'une si vive douleur, qu'il resta enfermé plusieurs jours sans manger, dans un appartement tendu de noir, et ne reparut ensuite en public que Couvert de vêtements noirs parsemés de têtes de mort.

CLINABARII. On nommait ainsi un corps de cavaliers gaulois entièrement revêtus de fer, comme les chevaliers du moyen âge.

CLICHY-LA-GARENNE, village de l'Ile-de-France, aujourd'hui du département de la Seine, où les rois de la première race avaient un palais que l'on nommait la Noble-Maison. Ce fut dans ce palais que Dagobert épousa, en 625, Gomatrude, qu'il y répudia quatre ans plus tard. Le 26 mai 627, Clotaire II y convoqua un concile mixte composé d'évêques et de laïques, pour régler les affaires du royaume. Deux autres conciles y furent encore assemblés en 636 et en 653. -- Pendant les années 1795, 96 et 97, ce fut à Clichy que se tint le fameux club contre-révolutionnaire nommé la Société de Clichy, et qui fut supprimé au 18 fructidor an v. (Voyez CLUBS.) -Le 30 mars 1814, ce village fut le theatre d'un vif engagement entre les allies et les gardes nationaux de Paris, qui s'y défendirent avec une rare intrepidité. Le feu ne cessa que lorsqu'un armistice eut été conclu. Les ennemis, furieux de la résistance qu'ils avaient éprouvée, livrèrent Clichy au pillage. CLIENTS. A l'époque où César pénétra dans la Gaule, l'association et la fédération étaient les principaux éléments du système politique de ce pays. La multitude, placée au-dessous de l'aristocratic, se divisait en deux classes: le peuple des campagnes et le peuple des villes; et dans chacune était

établi l'ordre de la clientèle. Dans la première, le client appartenait au chef héréditaire du canton; il cultivait ses domaines, et suivait son étendard à la guerre. Son devoir était de défendre son patron jusqu'à la mort, et l'abandonner dans une circonstance périlleuse était un acte infâme. Dans la seconde, les conditions de la clientèle étaient essentiellement différentes pour le fond. Les faibles, les pauvres, les artisans étaient aussi engages, pour la durée de leur vie, à des hommes puissants; mais cet engagement, tout à fait volontaire, ne liait point les familles, ne conférait aucun droit au fils du patron, et n'imposait aucune charge au fils du client; en outre, comme des clients nombreux prouvaient un grand crédit, et conduisaient aux plus hautes charges de la cité, le patron avait le plus grand intérêt à protéger ceux qui se soumettaient à lui, et à les traiter avec ménagement. Cette institution, utile pour les temps de lutte, ne fut pas sans inconvénient pendant la paix, et mit souvent en péril la liberté gauloise. Ajoutons qu'elle n'existait pas seulement parmi les individus, mais se retrouvait encore dans les rapports des divers peuples entre eux. Ainsi qu'on le voit à chaque page dans les Commentaires de César, de petits États se groupaient, avec le titre de clients, autour d'un Etat plus puissant, et s'associant ainsi à sa fortune, avaient droit à sa protection. Ce lien n'était cependant pas indissoluble, et les États clients pouvaient se reporter à volonté sous la dépendance d'un autre peuple plus puissant ou moins tyrannique.

Pour un État principal comme pour un individu noble, l'influence au dehors et la puissance à l'intérieur étaient presque toujours basées sur le nombre des clients."

Au-dessous des peuples clients se trouvaient les peuples sujets, ordinairement soumis par la conquête. D'autres échangeaient quelquefois entre eux le nom de peuples frères ; et cette alliance était sainte et inviolable. Le système de clientèle avait encore

T. V. 15 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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laissé des traces dans la Gaule romaine au cinquième siècle. On y désignait par le nom de clients les colons affranchis, et en outre certains petits propriétaires autrefois cultivateurs libres de leurs terres, mais qui, réduits à ne plus pouvoir payer les impôts, fi nissaient par se mettre, eux et leurs biens, sous la dépendance de quelque puissant personnage qui les couvrait de son immunité.

On appelait clients, sous le règne de Philippe-Auguste, des gentilshommes qui, lorsque les armées étaient en campagne, servaient sous la bannière de leur seigneur, ou sous celle de l'avoué de quelque monastère dont ils étaient vassaux. Ces troupes combattaient ordinairement à cheval; cependant, il est quelquefois question de clients à pied, clientes pedites, notamment dans le récit de la prise du château d'Andely par Philippe-Auguste(*). Il n'est plus question de clients dans les armées françaises, après le règne

de ce roi.

CLINCHAMPS, anciente seigneurie de Normandie, aujourd'hui du département du Calvados, à 6 kilomètres de Coutances, érigée en comté en 1565. CLINIQUE. L'etude de la médecine au lit même du malade constitue ce qu'on appelle la médecine clinique.

C'est en l'an III que l'on a donné pour la première fois en France une organisation spéciale aux écoles cliniques. Déjà, il est vrai, Desbois de Rochefort avait fait à l'hôpital de la Charité des leçons cliniques qui furent ensuite continuées par Corvisart. Déjà aussi, Desault avait établi et dirigé à l'Hôtel-Dieu de Paris une école clinique de chirurgie qui a laissé des souvenirs glorieux. Enfin, la Société royale de médecine, interprète des vœux formés depuis le commencement du siècle par tous les médecins éclairés, avait, en 1790, présenté un plan d'institutions cliniques. Ces institutions firent partie des écoles de santé créées en 1794, à Paris, à Strasbourg et à

(*) Voyez le P. Daniel, Histoire de la milice française, t. I, p. 135.

Montpellier. On créa des chaires de cliniques médicales et chirurgicales qui furent distinctes des chaires consacrées à l'enseignement théorique de la médecine et de la chirurgie.

Depuis, les études cliniques ont acquis en France une grande extension. La Faculté de médecine compte actuel lement quatre professeurs de clinique médicale et quatre professeurs de clinique chirurgicale. Depuis plusieurs années, elle a créé, en outre, une chaire de clinique d'accouchement. Un grand nombre de médecins attachés aux hôpitaux donnent aussi des leçons de clinique dans les hôpitaux, et complètent ainsi les études pratiques si indispensables aux jeunes médecins.

CLISSON, petite ville de l'ancienne Bretagne, aujourd'hui chef-lieu de canton du département de la LoireInférieure. On y voit encore, sur un roc qui la domine, des ruines de l'antique château qui fut possédé par le célebre connétable de Clisson. La po pulation de cette ville est aujourd'hui de 1,200 habitants.

CLISSON (Combat de). Apprenant les deux défaites que les troupes républi caines venaient d'essuyer, la premiere à Torfou, le 19 septembre 1793, la seconde à Montaigu le 21, le general Canclaux, dont la division était cantonnée à Clisson, jugea prudent de se replier sur Nantes. Il se met donc en marche le 23; mais déjà Bonchamp et trois autres chefs, Lyrot de la Patouillère, Talmont et d'Isigny, sont en route pour lui couper la retraite, et l'attaquent vigoureusement à sa sortie de Clisson. Les patriates opposèrent la plus énergique résistance. A trois reprises, Bonchamp, qui déploie un courage de lion, renouvelle la charge; chaque fois il est repoussé, quand tout lui promettait une éclatante victoire. Charette, qui avait promis de prendre part à l'action, ne se montrait pas; ce manque de parole achève de jeter l'indécision parmi les Vendéens. Canclaux en profita, et parvint à rompre leurs rangs. En vain Bonchamp s'efforce-t-il de rallier les royalistes et de les ramener au combat. Le bruit court

parmi eux qu'ils sont trahis, puisque Charette, qu'ils ont secouru l'avantveille, les abandonne ce jour-là. Il devient impossible de les retenir davantage, et bientôt chacun cherche son salut dans la fuite; Bonchamp et les autres chefs sont obligés de suivre leurs soldats. Canclaux ne profita de son succès que pour continuer plus sûrement et en meilleur ordre son mouvement rétrograde vers Nantes. CLISSON (Olivier de), né en Bretagne, connétable de France, en 1380, Sous le règne de Charles VI. Il n'avait que douze ans, lorsque son père fut décapité à Paris, par ordre de Philippe de Valois. Sa mère l'envoya en Angleterre, où il fut élevé; mais il revint en Bretagne aussitôt qu'il fut en âge de porter les armes, et se trouva, en 1364, à la bataille d'Auray, où il perdit un oeil. Il portait aux Anglais une haine implacable: Jean de Montfort, duc de Bretagne, ayant donné au célebre Chandos le château de Gavre, Clisson jura qu'il n'aurait pas un Anglais pour voisin, alla attaquer le château, et le démolit entièrement. Forcé alors de quitter la Bretagne, il vint à la cour de Charles V, où il fut comblé de faveurs. Il devint, en 1370, le frère et le compagon d'armes de du Guesclin, avec lequel il contribua à délivrer la France du fléau des grandes compagnies. (Voy. DU GUESCLINet GRANDES COMPAGNIES.) Il voulut ensuite retourner en Bretagne, et il y fut en effet bien reçu; mais le duc, qui conservait contre lui un profond ressentiment, avait ordonné en secret à Balavan, commandant du château de Hermine, de l'arrêter, de le coudre dans un sac, et de le jeter à la mer. Balavan garda son prisonnier, dans l'espoir que le prince ne tarderait pas à se repentir d'un ordre si cruel. En effet, Jean de Montfort consentit, pen de temps après, à rendre à Clisson a liberté, moyennant une rançon considerable; il se réconcilia même, depuis, sincèrement avec lui.

Charles V, au lit de la mort, désina Clisson comme le seul homme capable de porter l'épée de connétable

pendant la minorité de Charles VI. Olivier commanda en cette qualité l'avant-garde de l'armée française à la bataille de Rosbecq, si funeste aux Flamands, qui y perdirent vingt-cinq mille hommes. Il s'occupait du projet de chasser entièrement les Anglais du sol de la France lorsque, dans la nuit du 13 au 14 juin 1393, il faillit être assassiné par une troupe de brigands que commandait Pierre de Craon, son ennemi particulier. (Voy. CRAON (Pierre de.)

Olivier de Clisson, l'un des plus habiles généraux de son siècle, l'ami et le compagnon d'armes de du Guesclin, auquel on l'a souvent comparé, se déshonora par une incroyable avidité pour l'argent. Il jouit cependant d'une faveur constante sous le règne de Charles V et dans les premiers temps de celui de Charles VI; ces deux princes appréciaient ses talents et savaient qu'il leur était nécessaire. Mais, dans les troubles qui signalèrent la démence de Charles VI, les nombreux ennemis qu'il s'était faits se réunirent pour l'accabler: il fut dépouillé de toutes ses charges, accusé de maléfices, en 1391, et condamné à une amende de cent mille marcs d'argent. Il se retira alors dans son château de Josselin, en Bretagne, où il mourut le 24 avril 1407. Il laissa une fortune évaluée à 1,700,000 livres, somme prodigieuse pour le temps.

CLOCHE. L'opinion la plus généralement admise aujourd'hui attribue l'introduction des cloches en Occident à saint Paulin, qui fut évêque de Nole en Campanie, de 409 à 431, et qui s'en servait pour appeler les fidèles aux offices de l'église. Panvini et Polydore Virgile attribuent l'invention de ces instruments sonores au pape Sabinien, qui occupa la chaire pontificale de 606 à 607; du Cange combat cette opinion, aussi bien que la précédente, sans en émettre aucune pour son propre compte. D'autres écrivains pretendent que les cloches étaient encore inconnues à l'Église avant la fin du dixième siècle, et qu'on n'a commencé à s'en servir qu'en 972; mais cette assertion est

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