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« la nation.» Tous les journaux publièrent cette réponse, le Moniteur excepté. Le silence du journal officiel servit de prétexte à Napoléon pour démentir la réponse attribuée à Joséphine par les autres feuilles; et comme il gardait toujours rancune au corps législatif, il développa par la même occasion une étrange théorie sur la force de son propre gouvernement. « Sa Majesté l'impératrice n'a point dit cela, portait un article inséré au Moniteur le 15 décembre, et sorti sans doute de la plume impériale; elle <«< connaît trop bien nos institutions, « elle sait trop bien que le premier re« présentant de la nation c'est l'empe«<reur, car tout pouvoir vient de Dieu « et de la nation... Dans l'ordre de « notre hiérarchie constitutionnelle, le premier représentant de la nation est l'empereur, et ses ministres, organes « de ses décisions; la seconde autorité « représentante est le sénat; la troi«sième est le conseil d'État, qui a de « véritables attributions législatives; le corps législatif, qu'on devrait plutôt appeler conseil, n'a que le quatrième rang. »

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Après cet incident, le vote du code d'instruction criminelle et du code pénal ne rencontra plus d'obstacle : la dernière loi du premier fut décrétée le 16 décembre 1808, et la dernière du second le 20 février 1810. Néanmoins, ces deux codes n'ont pas été mis tout de suite en activité. On ne pouvait exécuter le code d'instruction criminelle avant que le code pénal fût sur pied; et même après, il fallait attendre qu'une loi eût organisé l'ordre judiciaire sur de nouvelles bases. Cette loi intervint le 20 avril 1810.

Depuis lors, le code d'instruction criminelle et le code pénal ont été fréquemment modifiés; ce dernier surtout l'a été en beaucoup de points importants. L'abolition de la peine de mort dans plusieurs cas; celle de la mutilation et de la marque; des modifications au mode de surveillance; la suppression du crime de non-révélation de complot; la distinction, en matière politique, entre le complot et l'attentat;

la faculté attribuée au jury de déclarer dans un verdict de culpabilité qu'il existe des circonstances atténuantes; l'obligation pour les juges, en présence de cette déclaration, d'appliquer une peine d'un degré inférieur à celle dont autrement le crime devrait être puni, et la faculté d'abaisser la peine de deux degrés; enfin le retranchement du paragraphe de l'article 259, qui punissait de la prison quiconque s'attribuait des titres de noblesse non legalement conférés: telles sont les principales modifications que la loi du 28 avril 1832 a introduites dans le code pénal.

CODOLET, ancienne seigneurie du Languedoc, aujourd'hui du département du Gard, érigée en marquisat en 1622.

COEFFETEAU (Nicolas), dominicain, né à Saint-Calais, petite ville du Maine, en 1574, mort à Paris en 1623, au moment où il venait d'être nommé évêque de Marseille. Son érudition en théologie et ses talents comme predicateur lui avaient fait une grande réputation. Il fut chargé par Henri IV et par Grégoire XV de composer divers ouvrages de controverse qui sont complétement oubliés aujourd'hui. On lui doit en outre des poésies fort médiocres, et une traduction de Florus, qui passa pendant quelque temps pour le chef-d'œuvre de la langue française.

COEHORN (Louis de ), né à Strasbourg en 1771, de la famille du fameux Coehorn, surnommé le Vauban hollandais, était en 1789 lieutenant au régiment d'Alsace. Capitaine en 1792, il fit en cette qualité les campagnes d'Amérique. Obligé, par une maladie grave, de revenir en France, il y servit comme simple soldat pendant six mois, et ne fut réintégré dans son grade qu'à la recommandation de Hoche. Le capitaine Coehorn se trouva presque à toutes les affaires qui eurent lieu pendant la mémorable campagne du Palatinat, et combattit avec beaucoup de valeur à la bataille d'Etlingen et à celle de Langenbruck. Son amour pour la discipline faillit lui coûter la vie après la prise de Kaiserslautern. Ayant voulu

réprimer les excès d'une colonne de chasseurs qui se livrait au pillage, il fut reçu par des cris et des huées. Indigné d'un tel acte d'insubordination, Coehorn menace de punir de mort quiconque continuera de piller; mais on ne l'écoute pas davantage. Alors il fait feu sur un des pillards qu'il étend à ses pieds, et en blesse un autre. Cet acte de fermeté fit d'abord rentrer la troupe dans l'ordre; mais bientôt des murmures éclatèrent de toutes parts. Coehorn se tourne aussitôt vers les mutins, en disant qu'il est encore prêt à punir ceux qui se rendront coupables de tels brigandages; mais cependant, ajouteat-il, si quelqu'un de vous veut venger la mort de son camarade, me voilà prêt; » et en même temps, il jeta ses armes. Plusieurs de ces forcenés se précipitèrent alors sur lui et lui firent onze blessures; Coehorn ne dut la vie qu'à quelques officiers qui parvinrent, non sans peine, à le tirer de leurs mains. Employé, en 1799, à l'armée du Danube, sous le général Jourdan, il se distingua aux affaires d'Oster-Ach et de Liptingen, où il fut blessé d'un coup de feu. Il fut fait adjudant général la même année, et reçut le commandement de la ligne du Rhin depuis Strasbourg jusqu'a Neubrisack. Là encore il déploya maintes fois contre les Autrichiens sa valeur ordinaire. Il fit ensuite la campagne de Prusse, en 1805, celle d'Autriche, en 1806, et fut créé général de brigade en 1807. Il fut blessé d'une balle à Friedland, passa, en 1808, à Dantzick, et fit la campagne d'Autriche, en 1809, sous les ordres de Claparède. Le général Coehorn déploya la plus grande valeur dans l'affaire d'Ebersberg, où sa division, séparée momentanément du reste de l'armée, par l'incendie du pont sur la Traun, eut à lutter pendant trois heures et avec quatre pièces d'artillerie seule ment, contre trente mille Autrichiens. Coehorn se trouva ensuite aux batailles d'Aspern, d'Essling et de Wagram. Employé, en 1813, à la grande armée d'Allemagne, sous les ordres de Marmont, il prit part aux batailles de Lutzen et Bautzen, et eut la cuisse

emportée par un boulet à la bataille de Leipzig. Resté au pouvoir de l'ennemi, le brave Coehorn fut transporté à Leipzig, où il mourut.

-La famille de Coehorn a fourni plusieurs rejetons qui s'établirent dès le quatorzième siècle dans le comtat Venaissin, entre autres, un habile officier de la marine française, Joseph DE COEHORN, mort en 1715, à Carpentras, sa ville natale, après s'être distingué en plusieurs occasions, et spécialement en 1664, à l'attaque de Gigeri en Barbarie, sous les ordres du duc de Beaufort.

COENICENSES, peuple gaulois mentionné par Pline, et qui semble avoir été pendant un assez long espace de temps englobé dans le territoire des Marseillais. Des médailles trouvées récemment permettent de les placer à l'embouchure du Rhône, sur le bras du Delta, auquel Ptolémée donne le nom de Coenus fluvius.

COESSIN (F.-G.), né à Lisieux, en 1782, s'est fait un nom dans les premières années de notre siècle, par son mysticisme excentrique. Élève enthousiaste du conventionnel Rome, puis de Clouet, à l'époque où celui-ci fut envoyé à Cayenne pour y fonder une république modèle, il imagina, vers 1810, de créer un établissement qui n'avait rien de commun avec une république, et qui, malgré le mystère dont il s'environnait, fut généralement connu à Paris sous le nom de la Maison grise; c'est à Chaillot qu'il avait posé les bases de ce mystique asile. Il était devenu un fougueux ultramontain, et il serait difficile de donner une idée des singularités de son institut, où la sévérité du régime alimentaire qui était prescrit aux néophytes pouvait remplacer les austérités de tout autre genre. En effet, disait M. Coëssin, le besoin d'aliments est le cachet de notre imperfection terrestre, et les résultats honteux de la digestion sont la flétrissure permanente découlée du péché originel. De malins observateurs prétendaient cependant que la table particulière de M. Coëssin était aussi somptueusement servie que celle de ses

adeptes était pauvre et frugale; en même temps M. Coëssin s'amusait à faire des expérimentations diverses sur certains animaux, et particulièrement sur des lapins, prétendant pouvoir à volonté modifier l'organisation et changer même entièrement les espèces. Bientôt la maison de Chaillot ne pouvant plus suffire au nombre toujours grossissant de ses disciples, il la quitta pour se fixer dans la rue de l'Arcade, dans un hôtel environné de fort beaux jardins. M. Coëssin, maître de serrer ou d'élargir une doctrine dont il avait seul tout le secret, recommanda alors à ses disciples tous les plaisirs permis, et surtout la société des femmes, comme des voies plus commodes ouvertes à la perfection. De jeunes dames charmantes vinrent donc s'enrôler sous sa bannière; mais chacun des membres versait un contingent dans la caisse de la société, dont M. Coëssin était, comme de raison, le dispensateur et le gardien, en sa qualité de grand pontife. De là des discussions, des embarras, auxquels le blocus de Paris vint fort à propos fournir à M. Coëssin l'occasion de mettre un terme. La restauration devait ouvrir une nouvelle carrière à son activité d'esprit; mais un certain voile environna ses nouvelles opérations. Tout ce que l'on sut, c'est qu'il fit depuis ce temps de fréquentes excursions et d'assez longs séjours à Rome, où l'on dit qu'il fonda une nouvelle émanation de la prem ère maison grise. On apprit aussi qu'il venait souvent à Paris, chargé de missions mystérieuses. A cette courte notice nous ajouterons le passage suivant, extrait des Mémoires de madame de Genlis: « Je reçois << aussi quelquefois, dit cette dame, << un homme fort extraordinaire; c'est « M. Coëssin. Après avoir été philoIsophe dans le mauvais sens, il est <«< devenu, par la force de son esprit, « très-croyant et très-dévot; mais il est infiniment trop ultramontain. << Ses ennemis disent qu'il est hypocrite; pour moi je suis certaine qu'il « est très-persuadé de la vérité de la religion; il a la foi que donnent de

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grandes lumières; il n'a peut-être << pas celle qu'inspire le cœur et qui « vient du ciel; il est ambitieux, mais « du moins son ambition est noble « et généreuse. Je n'ai point connu « d'homme qui ait, dans la conversa«tion sur les grands sujets de la religion et de la politique, une elo« quence aussi forte, aussi entraînante << que celle de M. Coëssin... La nature « l'a fait pour être prédicateur, et sur« tout missionnaire; et néanmoins cet << homme n'est plus tout à fait le même << lorsqu'il écrit; il a publié un ou« vrage intitulé les Neuf livres, dans lequel on trouve des étincelles d'un << grand talent, et qui d'ailleurs a de << l'obscurité et manque souvent de re

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sultat. Il est l'inventeur d'une espèce <«< de bateaux à vapeur, qui, dit-on, << doivent produire de grandes choses « pour le commerce, et une fortune « immense et prompte pour l'inven<< teur. Il me dit qu'il comptait gagner « incessamment des millions, et que « son projet était de porter ces tresors « à Rome pour y exécuter un grand plan en faveur de la religion. Nous imaginâmes qu'il avait l'intention et l'espérance de se faire élire pape, à « la mort de Pie VII. Il est curieux de << voir ce que deviendra cet homme <<

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extraordinaire. » Quant à nous, nous n'avons pu découvrir ce que, depuis une vingtaine d'années, il est devenu.

COETION, ancienne seigneurie de Bretagne, érigée en vicomte, en 1650 et en marquisat, en 1717, sous le nom de la Bourdonnay.

COETIVY, ancienne famille de Bre tagne, tire son nom de la terre de Coetivi, située dans le diocèse de Leon. On n'en connaît la descendance que depuis Prégent, seigneur de Coetis, premier du nom, chevalier banneret qui vivait en 1212. La famille de Co tivi qui, dans la guerre civile de Bre tagne, avait embrassé le parti Charles de Blois, a produit comme personnages remarquables :

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Alain III, qui servit sous le con nétable de Richemont, et fut tué en 1425 au siége de Beauvron.

Prégent VII, qui joua un grand

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Alain de Coetivi, cardinal, évêque de Dol, puis de Cornouailles, et enfin d'Avignon, fut un des plus vertueux prélats de son temps. Il mourut à Rome en 1474.

COETLOGON, ancienne châtellenie de Bretagne (aujourd'hui département des Côtes-du-Nord), érigée en marquisat en 1622.

COETLOGON (Alain-Emmanuel de), né en 1646, se distingua dans onze batailles navales, entre autres aux combats de Bantry, sur les côtes d'Irlande, en 1688; de la Hogue, en 1692; et de Velez-Malaga, en 1704. Il était parvenu au grade de chef d'escadre, lorsqu'à la mort du maréchal de Château-Renaud, en 1716, il fut nommé vice-amiral. Mécontent du ministère qui l'avait oublié dans une promotion de maréchaux de France, il prit le parti de se retirer, en 1727, au noviciat des jésuites de Paris. Quatre jours avant sa mort, arrivée en 1730, on lui envova le bâton de maréchal; il répondit à son confesseur, qui lui annonça cette nouvelle, qu'une telle faveur l'aurait flatté autrefois, mais que, pres de sortir du monde, il le priait de ne lui parler que de son néant.

COETLOSQUET (Charles-Yves-CésarCyr, comte du), né à Morlaix en 1783, entra fort jeune au service, se distingua en Italie, à Austerlitz, à Iéna, en Espagne, à Essling, et dans la campagne de Russie. Il obtint, en 1813, le commandement du 8° hussards, devint général de brigade dans la même année, et assista à la bataille de Montereau. Chargé, pendant la première restauration, du commandement du

département de la Nièvre, il fit, lors du retour de Napoléon, quelques tentatives en faveur de l'autorité royale, et resta sans emploi pendant les cent jours. Aussitôt après la seconde restauration, il fut chargé d'une mission dans l'Ouest, se rendit ensuite à Bordeaux, auprès du général Clausel, et fut nommé aide-major-général de la garde royale. Élevé, en 1821, au grade de lieutenant général, il fut appelé à la direction du personnel du ministère de la guerre. Il était conseiller d'État lors de la révolution de 1830, après laquelle il se retira des affaires. Il est

mort en 1836.

COETLOSQUET (J. G. de), né, en 1700, à Saint-Pol de Léon, chancelier de Bourges, évêque de Limoges, n'a d'autre titre à la célébrité que d'avoir été le précepteur du duc de Bourgogne, depuis Louis XVI, et de ses frères; fonctions qui, suivant l'usage, le firent entrer à l'Académie française en 1721. Il mourut en 1784, à l'abbaye de Saint-Victor.

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COETMAN (Jacqueline le Voyer, dite de). Six mois après la mort de Henri IV, une certaine demoiselle Coetman, une petite bossue, qui se fourroit partout et qui se faisoit toujours de fête, accusa mademoiselle du Tillet d'avoir été d'intelligence avec M. d'Espernon pour faire assassiner Henri IV. Ravaillac, qui étoit d'Angoulême, dont M. d'Espernon étoit gouverneur, fut six mois chez elle comme chez la bonne amie du duc, mais quelques années avant que de faire le coup. La Coetman disoit que la reine mère étoit du complot, mais que Ravaillac ne le savoit pas; faute de preuves, et pour assoupir une affaire qui n'étoit pas bonne à ébruiter, la Coetman fut condamnée à mourir entre quatre murailles; elle fut mise aux filles repenties, où on lui fit une petite logette grillee dans la cour; elle y est morte quelques années après (*).

COETQUEN, ancienne seigneurie de Bretagne, érigée en marquisat en 1575.

(*) Tallemont des Réaux, historien de mademoiselle du Tillet.

COEUR (Jacques), argentier du roi Charles VII, l'un des créateurs du commerce français, était fils d'un orfévre de Bourges. Il fut, dans sa jeunesse, employé à la fabrication des monnaies; il se livra ensuite au commerce, et s'y enrichit. Charles VII, qui voulait se l'attacher, le nomma maître de la monnaie de Bourges, puis le chargea, peu de temps après, de diriger, sous le titre d'argentier du roi, l'administration des finances de la France. Ces fonctions ne l'empêchèrent pas de se livrer au négoce; elles lui fournirent au contraire le moyen de donner une grande impulsion à l'industrie francaise. Il faisait sur terre et sur mer, avec les chrétiens et les musulmans, un commerce considérable de drap d'or et de soie, de fourrures, d'armes, d'épiceries, de lingots d'or et d'argent; il occupait trois cents facteurs et il dirigeait plus d'affaires à lui seul que tous les négociants réunis de la France et de l'Italie. Les mers étaient couvertes de ses vaisseaux, et il luttait avec avantage contre Gênes et contre Venise. Bientôt ses richesses furent si considérables qu'elles donnèrent naissance à un proverbe riche comme Jacques Cœur. Lorsque Charles VII entreprit, en 1448, la conquête de la Normandie, Jacques Coeur, dont le patriotisme égalait la haute intelligence, lui prêta 200,000 écus d'or, et entretint quatre armées à ses frais pendant toute la durée de la guerre. Agnès Sorel, qui mourut l'année suivante, le choisit pour l'un de ses exécuteurs testamentaires, et le roi l'anoblit en récompense de ses nombreux services. Il acheta alors des terres et des châteaux, et devint propriétaire de la seigneurie de Saint-Fargeau, de laquelle dépendaient vingt-deux paroisses. Mais tant d'opulence excita la jalousie et la cupidité des nobles et des courtisans, qui dès lors conjurèrent sa perte. Charles VII l'ayant mis au nombre des ambassadeurs qu'il envoyait à Lausanne, pour terminer le schisme de Félix V, ses ennemis profitèrent de son absence pour le perdre dans l'esprit du roi. On l'accusa d'avoir fait

sortir de l'argent du royaume, d'avoir vendu des armes aux musulmans, renvoyé à son maître un esclave chrétien qui s'était réfugié sur une de ses galères, contrefait le sceau du roi, altéré les monnaies, enfin de s'être servi du nom du roi pour forcer les particuliers et même des provinces à lui payer des sommes considérables. Charles nomma pour le juger une commission, dont il donna la présidence à Chabannes, l'ennemi mortel de l'accusé. Ce fut en vain que Jacques Coeur invoqua le bénéfice de cléricature; en vain futil réclamé par les grands vicaires de Poitiers, toutes les réclamations furent inutiles. On lui refusa des avocats et un conseil. On ne voulut pas entendre ses témoins à décharge. En un mot, la procédure fut conduite avec une iniquité révoltante. Enfin, comme il persistait à se proclamer innocent de toutes les accusations portées contre lui, on le menaça de la question. L'appareil des tourments abattit son coùrage, et il déclara s'en rapporter au témoignage de ses accusateurs. Alors fut rendu contre lui, le 19 mai 1453, un arrêt qui le déclarait convaincu des crimes dont on l'accusait et le condamnait à mort. Cependant le roi, en considération de certains services, et à la recommandation du pape, commua sa peine, et décida qu'il payerait au trésor royal une indemnité de 400,000 écus, que tous ses biens seraient confisqués, et qu'il subirait la peine du bannissement perpétuel, et ferait amende honorable devant une église.

Jacques Coeur fut ensuite enfermé dans le couvent des cordeliers de Beaucaire; mais il s'en échappa peu de temps après, par le secours de Jean Duvillage, l'un de ses facteurs à qui il avait fait épouser sa nièce. La confiscation de ses biens l'avait réduit à la misère; ses commis, dont il avait été plutôt le père que le maître, se cotisèrent pour lui fournir une somme de 60,000 écus. Il put alors se réfugier auprès du pape Caliste III, qui fui confia le commandement d'une flotte qu'il venait d'armer contre les

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