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Nous avons déjà montré combien il était probable qu'ils font les terminaisons des artères & que néceffairement ils reçoivent les fluides chaffés par la force du cœur & du fyftême artériel.

CHAPITRE XI.

Des orifices des vaiffeaux lactés.

Les Anciens parlent avec la plus grande afsurance des orifices artériels & veineux, & de l'apforption qu'ils opèrent. On ne peut s'empêcher de supposer, en lifant les paffages cités d'Hippocrate & de Galien, que ces Auteurs les ont certainement vus. Rien cependant n'eft plus certain, que l'œil nu ne faurait découvrir aucune terminaifon diftincte des artères, ni aucun commencement de veines; tous ces vaiffeaux fe perdent pour ainsi dire, & par leur petiteffe & par leur nombre. Le microscope découvre feulement quelques-uns d'eux, dans certaines parties des animaux vivans ; il fait voir la terminaifon des artères dans les veines, & conféquemment le commencement des veines: mais le midécouvrir les croscope lui-même, ne nous fait pas orifices des branches exhalantes des artères. Comme les Anciens n'avaient point l'avantage de pofféder cet instrument, il n'était pas possible qu'ils puiffent voir la terminaifon des artères dans les veines: bien plus encore, ils n'ont jamais foupçonné une telle terminaifon, comme nous pouvons la concevoir actuellement; loin qu'ils puiffent avoir vu les orifices des branches exhalantes des ar

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tères; & d'ailleurs les veines, comme nous l'avons déjà prouvé, n'ont point d'orifices inhalans. Quel ques Modernes ont établi, d'après des injections pouffées dans les artères & les veines, qu'il y avait des orifices exhalans pour les artères & des inhalans pour les veines; mais nous avons déjà fait voir combien peu l'on devait compter fur ces injections, & que le fluide injecté s'échappant ainfi des artères & des veines, dans des cavités & fur des fur-> faces, pouvait bien ne fortir que par une fimple tran. fudation. D'autres ont affuré qu'ils avaient réellement vu ces orifices par le moyen du microscope, & qu'ils avaient également vu les fluides injectés s'en échapper fur les furfaces, & collés encore à leurs orifices; on compte parmi ceux-ci, Leiberkuhn & Meckel.

Le premier inféra des tubes à injection dans. les troncs des artères & des veines des intef tins, & les remplit avec des fluides différemment colorés; puis ayant confidéré au microscope les villofités qui naiffaient des artères & de ces veines, en élevant par degrés les tubes, de la position horizontale à la perpendiculaire, il dit avoir vu les fluides tomber par leur propre gravité, dans les artères & dans les veines, & auffi-tôt s'échapper au dehors par leurs orifices exhalans & inhalans dans la cavité de l'ampoule ou bulbe, où commençait un vaiffeau lacté; voici fes ex

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preffions: » Quelques rameaux des artères & des » veines ci-deffus décrites, beaucoup moins volu» mineufes que leurs troncs, percent l'ampoule » lactée, & s'y ouvrent par un orifice bien » dilaté «; & enfuite, en parlant des mêmes vaiffeaux, il dit que le rameau artériel pénètre dans la cavité de l'ampoule d'un vaifleau lacté, & que le rameau veineux y pénètre de même. Or, comme il est certain que cet Anatomiste s'est laissé aller à l'erreur, relativement à cette ampoule il eft auffi certain qu'il a également pu être trompé, relativement à ces orifices. Nous avons injecté les villofités des inteftins humains avec du mercure, d'une manière qui tenait du prodige; mais nous n'en avons jamais vu la moindre portion s'échapper des extrémités des vaiffeaux fanguins. Nous avons déjà réfuté l'absorption opérée felon le Profeffeur Meckel, par les veines fanguines. Si les orifices des branches exhalantes des artères, n'ont point été vues, on peut demander : Pourquoi donc les Anatomiftes les admettent-ils ? Nous avons déjà touché cette matière dans nos remarques fur la tranfudation, & nous n'avons plus à ajouter à ce que nous en avons dit, que les obfervations fuivantes : favoir, que les fueurs de fang & le flux menftruel qui fuintent de la peau, paraiffent prouver qu'il doit y avoir-là de pareils orifices, & conféquemment par-tout ailleurs. Les

plus grands partisans de la tranfudation ont nonfeulement affirmé qu'il n'y avait que la portion la plus tenue du fang, qui tranfudât à travers les pores inorganiques des tuniques artérielles & veineufes, mais encore que jamais cette tranfudation n'avait lieu pour la partie rouge du fang.

Préfentement, il eft facile de prouver que l'iffue du fang qu'on allègue, vient d'abord des artères; & en fecond lieu, qu'on ne doit point la de vaiffeaux. à une rupture de ce genre rapporter Que la fueur foit une décharge des artères, c'est ce dont perfonne jufqu'ici n'a douté; ce genre de vaiffeaux eft le feul qui porte les fluides vers la peau. Le cours des fluides dans les veines fanguines & dans les vaiffeaux lymphatiques, eft dans une direction toute opposée; c'est-à-dire, vers le cœur, ou le centre du fyftême vasculaire. Or, fi le fang fort avec la fueur, ce doit être par les mêmes vaiffeaux qui verfent au dehors ce dernier fluide. Le D. Hunter a découvert que le flux menftruel, n'est qu'une évacuation du fang, des artères utérines. On ne peut diftinguer nulle part, plus aifément les artères des veines, que dans ce vifcère; les artères y font contournées ou tortillées; au contraire les branches des veines font beaucoup plus larges, & ne font point contournées. Le D. Hunter ayant examiné la matrice, chez une femme qui mourut lors de l'écoulement de fes règles, en

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