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plis de valvules, &, d'après toutes ces circonftances, on ne peut établir aucunes raifons plausibles pour les fuppofer continus par-tout aux artères, comme on l'a fi généralement pensé. En outre, ces vaisseaux paffent à travers les glandes conglobées, &, de même que les lactés, ils paraiffent n'avoir aucune relation avec les artères; car on ne faurait les injecter par elles, comme l'on y parvient à l'égard des veines. Ils fe portent également vers le canal thorachique, leur tronc commun avec les lactés, & enfin de même qu'eux, ils paraissent naître des furfaces. En effet, fi le virus vénérien eft appliqué fur la furface d'un ulcère, & qu'il paffe dans la maffe du fang, il parcourt la férie des vaiffeaux lymphatiques, quelquefois il en enflamme les tuniques, & les fait souvent paraître, en conféquence de cette abforption, fous forme de lignes plus ou moins rougeâtres. Il n'eft même pas rare qu'il enflamme les glandes par lesquelles ces vaiffeaux paffent, & quelque temps après il fe manifefte dans la conftitution, par des fymptô

mes qui lui font particuliers. Si, au contraire, on extirpe dans le moment même, ces glandes enflammées, le virus eft enlevé avec elles, & la conftitution eft préservée de toute infection. Ce favant Anatomifte va encore plus loin : il a observé à la fuite des injections pouffées dans les artères & dans les veines, que quand la matière s'était extravafée par la rupture des vaiffeaux, elle se portait dans la membrane cellulaire, & ordinairement de là, dans les vaiffeaux lymphatiques. Il a également vu, lorfqu'on avait porté au hasard dans le tiffu cellulaire d'une glande, comme le tefticule, par exemple, un tube chargé de mercure, que ce dernier métal paffait fréquemment dans les vaiffeaux absorbans de cette partie. Le paffage du virus vénérien & des autres virus, de la peau dans les vaiffeaux lymphatiques, prouve que ce genre de vaisseaux naît des furfaces, de même que la matière extravafée des injections en parvenant de la membrane cellulaire dans le même genre de vaiffeaux, indique, felon lui, leur origine des cellules mêmes. Ainfi ces observa

tions donnèrent lieu d'établir chez l'homme & chez les quadrupèdes, un grand fyftême destiné à l'absorption ; & les vaisseaux lymphatiques, comme les lactés, furent confondus fous le nom commun de vaiffeaux abforbans. Le D. Hunter jouit de l'honneur de cette découverte pendant plufieurs années, quoique le Profeffeur Monro fût dès-lors fon rival. Les Médecins furent long-temps incertains auquel de ces deux Savans ils devaient, à cet égard, accorder leur confiance, quoiqu'il n'y eût aucun doute que l'un des deux n'y eût certainement un droit réel. Le D. Hunter, dans fes Médical Commentaries, établit fi bien fes prétentions, que la plupart de ceux qui avaient droit à foutenir une opinion fur ce fujet, furent tous de fon côté, Depuis peu on s'eft efforcé d'enlever cette découverte au D. Hunter, pour la donner à d'autres: un pareil larcin n'est point une chose extraordinaire parmi les Savans; Harvée, à qui nous devons la découverte de la circulation du fang, n'en fut point exempt, & en général tous ceux qui marchent dans

un fentier inconnu, doivent s'y attendre. Lorsqu'Harvée hafarda le premier pas dans la carrière de la circulation du fang, fes adverfaires tentèrent d'abord de le convaincre de fon erreur; mais trouvant leur entreprife difficile & inconfidérée, ils foutinrent que fes affertions n'étaient point nouvelles, & qu'elles étaient connues long-temps avant lui. A les en croire, Servet, Colombo & Cefalpin connaiffaient tout ce qu'il avait dit. Quand on leur répliquait que fi ces Savans avaient quelques connaissances furce fujet, les autres au moins ignoraient ce phénomène, & que peut-être ils l'auraient toujours ignoré, excepté Harvée; ils changaient leur manière de parler & difaient alors que cette découverte n'était d'aucune utilité. Harvée cependant n'est pas moins demeuré jufqu'à préfent en pleine poffeffion de cette découverte ; & il n'eft aucune probabilité, que jamais il puiffe perdre un auffi beau titre. Dès que le D. Hunter eut fait connaître fes opinions fur le fyftême lymphatique, on fit beaucoup d'objections à sa théorie, qui actuellement même chez plu

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fieurs, n'eft point tellement reçue ; qu'elle ne fouffre encore beaucoup de difficultés. On annonça que les vaiffeaux lactés & lymphatiques ne pouvaient feuls former le fyftême absorbant. 1°. Hippocrate & Galien avaient établi que l'abforption s'opérait par les veines fanguines, & leur autorité a été respectée avec raison. 2o. On allégua des expériences faites à deffein par les Modernes, pour confirmer cette abforption par les veines fanguines; expériences qui, dit-on, prouvent que les veines naiffent des furfaces par autant de bouches ouvertes, mais qui, à dire vrai, n'établissent rien autre chose, finon la naiffance même des vaiffeaux abforbans. 3°. On difoit que l'on avait vu le chyle dans les veines même des inteftins, & qu'il ne pouvait avoir été découvert dans ce genre de vaiffeaux, fans avoir été pris par lui; or, que fi les veines du méfentère avaient abforbé ce fluide, celles des autres parties du corps pouvaient également absorber des fluides analogues, par-tout ailleurs. 4°. On allégua qu'il y avait des parties du corps humain où l'on ne trouvait au¬

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