Page images
PDF
EPUB

RÉIMPRESSION

DE

L'ANCIEN MONITEUR.

TOME DOUZIÈME.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

AU BUREAU CENTRAL, RUE ST-GERMAIN-DES-PRÉS, 9.

M DCCC XLII

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

No 92.

Dimanche 1er AVRIL 1792. 4o Année de la Liberté.

POLITIQUE.

RUSSIE.

De Pétersbourg, le 28 février 1792. M. l'amiral prince de Nassau est ici avec les réfugiés français, MM. de Richelieu et de Sombreuil. Ces négociateurs des princes émigrés de France viennent rendre compte à notre cour des dispositions réelles de l'Autriche et de la Prusse envers la nation française. Il paraît certain que l'impératrice, toujours persuadée que le roi Louis XVI doit régner, comme autrefois,par la grâce de Dieu et de son épée, n'a rien changé à sa haine pour le peuple français. Les ambassadeurs des princes émigrés comptent sur les secours efficaces de Sa Majesté Impériale; ils ne parlent à notre cour et n'entretiennent notre ministère que d'une prochaine attaque sur les frontières de France, de la part des deux premiers monarques qui doivent se montrer d'abord dans le concert arrêté des diverses cours et princes de l'Europe.

L'impératrice a reçu une belle ambassade de la Perse. Il a été fait et rendu, en cette occasion, des compliments extraordinaires. Cet ambassadeur est le kan de Ghilan, homme, dit-on, de beaucoup d'esprit.

Le général Saïmoloff a été envoyé en ambassade à Constantinople.

On dit que le grand visir ne retournera point dans la capitale ottomane, et qu'il est nommé pacha de la Morée.

ALLEMAGNE.

Extrait d'une lettre d'Ulm, en Souabe, du 22 mars.Le directoire du cercle de Souabe a fixé le 26 mars pour les conférences des commissaires qui doivent s'assembler dans notre ville, au sujet du passage demandé pour des troupes du roi de Hongrie, qui vont se rendre dans l'Autriche antérieure. L'Assemblée du cercle se tiendra également ici, le 11 avril, en comité, et le 24 avril en assemblée générale. On dit maintenant, que le roi de Prusse a désapprouvé les violences que le ministre s'est permises en son nom en Franconie et dans quelques pays adjacents. Il s'est expliqué là-dessus dans une lettre écrite au duc de Wirtemberg, où il dit que dans le cas où de pareilles contestations s'élèveraient encore, on ne ferait plus de démarches pareilles à celles qu'on fit au sujet de Weiltingen, et qu'autant que cela dépendrait de lui, tout serait terminé amicalement. Mais d'abord si le ministre s'est permis des excès d'une pareille nature à l'insu de sa cour, il doit perdre la tête sur un échafaud; et puisque les excès, autorisés ou non, ont été commis, il est dû une réparation aux personnes lésées.

Il ne paraît pas que le roi de Prusse ait l'intention de faire l'un ou l'autre de ces actes de justice. Il est donc bien plus probable qu'un certain changement de circonstances a arrêté le développement d'un certain plan qui doit prouver à nos petits souverains que le danger pour eux n'est pas du côté où ils ont eu la faiblesse de le voir; mais que leurs véritables ennemis sont ceux qui, formant des alliances pour la liberté germanique, et des ligues contre les Jacobins de la France, ont su leur tendre un piége dont peut-être, comme par un miracle, la mort de Léopold seule a pu les sauver. Supposons, par exemple, que le bruit concernant les prétentions de la maison de Bavière sur quelques parties du Wirtemberg, ait eu quelque fondement, cela s'expliquerait encore parfaitement dans l'hypothese d'un échange. Les baillages en question se trouvent du côté du Palatinat, et leur conquête aurait enrichi les caves de Charles-Théodore, ou de son confesseur, de quelques excellents crûs de vin de Necker de plus. Les puissances échangistes auraient volontiers accordé cette petite douceur au futur roi des Pays-Bas, d'autant plus qu'on avait prétendu que les Pays-Bas, n'étaient pas un équivalent suffisant pour la Bavière. Alors nous aurions un roi des Pays-Bas et du Palatinat arrondi; un roi de Hongrie, de Boheme et d'Autriche arrondi; et le roi de Prusse, comme chacun pense, ne manquerait pas de s'arrondir Nirie Tome III.

BIBL

DONO

LUMBROSO 1904

FORISO

-

[ocr errors]

aussi; et dans cette superbe théorie d'arrondissement, que deviendraient les pauvres villes impériales, qui, si on les laissait, se trouveraient malheureusement former des points saillants? Mais nos messieurs du patriciat n'y songent pas la France a aboli la noblesse, voilà tout leur chagrin. On nous gobera comme des mouches; n'importe. La France a aboli la noblesse.

De Franconie, le 18 mars. Il paraît pourtant qu'on accordera au corps de Mirabeau la permission de rester dans le pays de Hohenlohe. Non-seulement ce corps, mais les deux princes qui l'avaient accueilli, ont déclaré qu'ils étaient prêts à se soumettre aux dispositions du cercle. Le 6 mars, le corps entier fut désarmé, en présence du major-général, M. d'Eckust, et s'en remit à la générosité et à l'équité du cercle. Mirabeau fit sortir tout le corps, infanterie et cavalerie, pour la dernière fois. Les armes furent déposées: et, de la part du cercle, on eut la complaisance de laisser aux officiers les leurs, après en avoir exigé la promesse qu'ils ne les porteraient point en public. Au reste, les paysans de ces pays sont un peu revenus de leurs préventions contre les émigrés, qui, d'ailleurs, commencent à s'humilier devant leurs hôtes allemands, en se promettant bien de s'en dédommager sur leurs serfs en France, lorsqu'ils y seront rentrés. Il est vrai que les vivres, qui sont à bon marché dans ce pays, ont haussé considérablement de prix depuis leur arrivée, et que comme on ne leur donne rien à crédit, il mettent en circulation une grande somme d'argent.

[blocks in formation]

est toujours dans le même état de stagnation et de silence en Hollande; on attend; chaque parti espère; les aristocrates et les stathoudériens, quoiqu'ennemis au fond, détestent cependant au même degré la cause populaire ; ils se réjouissent mutuellement de l'anarchie qui règne, disent-ils, dans le royaume de France, et qui ne permettra jamais que la constitution s'affermisse. Le renversement des derniers ministres français les déroute cependant un peu; il paraît qu'on comptait beaucoup sur ces Messieurs. On a démenti dans les gazettes la nomination du duc de Brunswick au commandement d'une armée de l'Empire. Les gens un peu clairvoyants sentiront la raison de cette contre-opération, en observant que ce n'est que depuis la mort de l'empereur que ce démenti a été donné. — La diète suédoise est terminée, Divide ut impera. Voilà la maxime qu'a suivie Gustave III. Elle lui a réussi. La noblesse a dû céder aux trois autres ordres qui ont fait tout ce que le roi a voulu. Cette diète de Gefle est un vrai tour de force. C'est un avis aux rois et encore plus aux peuples.

MÉLANGES.

Au Rédacteur.

Vous serez peut-être bien aise de faire connaître quelles sont les fonctions importantes des ambassadeurs, des plénipotentiaires et des autres ministres et agents des princes français régnants à Coblentz. Voici l'extrait d'un de leurs traités avec l'une des puissances de l'Allemagne.

« Traité entre Leurs Altesses Royales Louis-StanislasXavier de France et Charles-Philippe de France, fils de France, frères du roi, représentés par Charles-Jean-César, vicomte de Moyeaux, autorisé et chargé de pleins pouvoirs à cet effet, d'une part, et Son Altesse Sérénissime Monseigneur le prince régnant de Hohenlohe Waldenburg-Schillingsfürst, représenté par Joseph-Eustache, baron de Howenfeld, conseiller intime de Son Altesse Sérénissime, son grand'maître des chasses et major à son service, d'autre part, pour un régiment d'infanterie donné à la France à titre de subside perpétuel.

Nous soussignés plénipotentiaires de Leurs Altesses Royales, Louis-Stanislas-Xavier et Charles-Philippe de France, et de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le prince de Hohenlohe Waldenburg-Schillingsfürst, nous étant réci

1

« PreviousContinue »