D'UNE FEMME DE QUALITÉ, SUR LES ANNÉES 1830 ET 1831. TOME PREMIER. PARIS, L. MAME-DELAUNAY, LIBRAIRE, RUE GUÉNÉGAUD, N° 25. M DCCC XXXI. vendredi premier jour de 1830. Madame de Mont... prophète de malheur. - La Dauphine et la cour royale. M. Séguier et M. de Causerie entre MM. de Ron...; le duc d'U... et moi. Je reviens au feu roi. ses.Causes d'un suicide forcé. Révélations curieu Funestes pressentimens de M. de Le prince de Polignac. Ce qu'il me dit. Des considérations particulières m'avaient déterminée à ne plus continuer mes Mémoires tant que Charles X serait sur le trône, ou du moins tant qu'il conserverait pour premier ministre M. de Polignac. Je pouvais me flatter d'avoir gardé l'indépendance de ma plume je ne voulais à aucun prix dénaturer la vérité je préférai me taire. Je dois même à ma franchise d'avouer que j'ai à me reprocher, moi qu'on a tant accusée d'être indiscrète, mainte réticence généreuse ou prudente, dans les deux volumes consacrés aux premières années du règne de Charles X. Pauvre prince! quels évènemens sont venus tout-à-coup me délier la langue! Mais il est un peu tard pour les roseaux de trahir les derniers secrets du roi Midas; aussi, en reprenant le cours de mes causeries avec le public, je ne remonterai pas au-delà de 1830. Cette année mémorable suffira d'ailleurs et de reste pour remplir mes deux volumes; elle a vu la chute d'un trône, le peuple roi pendant une semaine, puis un nouveau monarque sur le pavois, une nouvelle cour, de nouveaux courtisans, des héros et des marionnettes, de grandes et de petites choses; matière à une épopée, matière à un poème burlesque, le drame à côté de la parodie; enfin un inépuisable sujet de révélations intéressantes. Car, je veux qu'on le sache, j'ai aussi des amis dans les coulisses de ce nouveau théâtre; je n'ai pas été un personnage muet dans les derniers évènemens, et quant & mon style, il me semble que je retrou verai au moins une partie de ma malice en retrouvant m franchise et ma liberté. La sincérité est parfois si piquante! puissé-je faire naître un sourire sur certains fronts qui se sont bien rembrunis depuis dix mois! je n'en excepte pas ce bon M. Colnet, quoiqu'il simule encore la gaieté dans la Gazette-Villèle. Sa place serait à Holy. rood: le roi Charles X aurait du moins la consolation du roi Léar, qui conserva son fou dans, toutes ses disgraces. Je ferai connaitre également les causes qui amenèrent les évènemens antérieurs aux querelles du ministère avec la chambre des députés, le dépit qui se manifesta au château lors de la fameuse adresse, les espérances fatales que fit concevoir la conquête d'Alger, et ce qui décida la promulgation des ordonnances du 25 juillet. J'instruirai le lecteur de ce qui se passait à Saint-Cloud tandis qu'on se battait à Paris; je peindrai le désespoir des vaincus, l'allégresse des vainqueurs, les vautours constitutionnels venant dévorer le fruit des travaux de cette canaille sublime, les efforts tentés soit en faveur de Henri V, soit en faveur de Napoléon II, soit enfin pour profiter largement des bonnes intentions de Louis-Philippe; en un mot, je passerai en revue tous les faits remarquables de cette intéressante époque, évitant le ton d'un historiographe officiel, mais certaine du moins |