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REVUE

DE THÉRAPEUTIQUE

MÉDICO-CHIRURGICALE,

ACCOMPAGNÉE DE NOMBREUSES GRAVURES SUR BOIS INTERCALÉES DANS LE TEXTE,

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TOM

AREDI

C

Ancien chef dE CLINIQUE DE LA KAGERCÉ DE MÉDECINE A L'Hôtel-Dieu de pARIS,

LAUREAT DE CETT FAGU

DECT 1896, ETC., ETC.

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RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, No 39.

1863

787.

CATALOGUED, E. H. B.

1 2 1 6 7 5 7

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CHRONIQUE de la QUINZAINE,

L'Académie de médecine a tenu sa séance publique annuelle le 9 décembre dernier. C'est toujours une solennité d'un style grave et sévère comme il convient à la science. L'Académie de médecine, le premier corps médical de la France, a grandi chaque année en importance, surtout depuis que Broussais a emporté dans son cercueil les derniers vestiges des luttes de l'École. La Faculté n'est plus qu'une institution d'enseignement, comme il convient d'ailleurs à un corps qui doit, avant tout, conserver intact le dépôt des traditions classiques. Les grands génies sont rarement de bons professeurs, et la place de leur génie est plus à l'Académie qu'à la Faculté.

C'est vers l'Académie de médecine que se dirigent les premières ambitions; les siéges y sont plus communs que les chaires à la Faculté ; l'abord en est par conséquent plus facile. C'est du côté de l'Académie aussi que se dirigent les ambitions plus modestes de ceux qui n'aspirent, au moins pour commencer, qu'a l'honneur déjà grand d'obtenir ses prix. Oui, cet honneur est grand, si l'on en juge surtout par sa rareté; tout le monde est frappé de cette étrange coincidence, que plus le nombre de prix mis à la disposition de l'Académie va s'augmentant, plus l'Académie semble s'en montrer parcimonieuse. Des six prix qu'elle avait à décerner cette année, elle n'en a donné qu'un seul, le prix Capuron. En revanche elle n'a pas été avare d'encouragements. A l'ex

ception du prix Orfi'a, dont les conditions re comportent pas de récompense en dehors du prix, l'Académie, cette année, a été presque prodigue d'encouragements.

Il faut convenir aussi que tout n'est pas rose dans le travail des commissions de prix, forcées qu'elles sont de s'en tenir à la lettre des conditions posées par les legs faits à l'Académie. Les légalaires, souvent mieux intentionnés qu'éclairés, s'imaginent qu'avec des prix, on trouve remède à tout. Tel a été, entre autres, ce bon baron Barbier qui s'est imaginé qu'avec son prix annuel de 4,000 fr., il débarrasserait chaque année l'humanité d'une maladie incurable. Si l'on y arrivait seulement une fois en un siècle, ce serait déjà beau. L'Académie a fort heureusement été autorisée par les héritiers à transformer ce prix, à peu près inabordable, en encouragements à ceux qui se sont le plus approchés du but. A ce titre, l'Académie a décerné le plus fort encouragement, celui de 2,000 fr. à M. Koeberlé, chirurgien qui a été le plus heureux dans ses opérations d'ovariotomie, puisqu'il a réussi dans les deux seuls cas où il l'a pratiquée. L'ovariotomie semblerait avoir résolu le problème de la guérison d'une maladie jusqu'ici regardée comme incurable. L'Académie n'a sans doute pas jugé qu'elle ait suffisamment fait ses preuves.

La tàche aride et ingrate de faire le rapport sur les prix a été remplie avec talent par le nouveau secrétaire annuel de l'Académie, M. Becard, qui se montre le digne héritier d'un beau nom. Il a fait connaître avec à-pro

CLINIQUE. pos, en termes aussi nobles que touchants, le nouveau legs fait par un jeune médecin dont nous avons annoncé la mort si regrettable dans notre numéro du 1er décembre. M. Ernest Godard, ancien élève interne des hôpitaux, succombant à Java aux fatigues d'une entreprise toute scientifique, a songé à la science et à l'humanité, et

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dulces moriens reminiscitur Argos. » Voulant témoigner de ses sentiments pour l'institution de l'internat et pour les jeunes gens qui y débutent avec distinction, il a, dans son testament daté de Jérusalem, légué à l'administration de l'assistance publique, le capital d'une rente de 200 fr., 3 p. 100, pour donner chaque année, au premier interne nommé, à son choix, une trousse ou une boîte d'instru

ments. M. E. Godard a voulu aussi témoigner de l'intérêt qu'il portait aux malades, et il a légué à l'adın nistration de l'assistance publique une somme de 7,000 fr., pour fonder des bibliothèques à l'usage des malades dans les hôpitaux de la Charité, de Necker et du Midi.

L'administration a accepté ce legs avec reconnaissance et elle s'occupe de les exécuter avec le concours empressé de la famille de M. Gola d et de son exécuteur testamentaire, M. le docteur Charles Robin, professeur à la Faculté de médecine.

Le morceau capital de la séance publique de l'Académie de médecine a été l'éloge de Thenar 1, par M. Dubois, d'Amiens. M. le secrétaire perpétuel n'a point, comme les années précédentes, parsemé son travail de ces appréciations sévères qui, sous le voile de l'impartialité, changent l'éloge académique, de sa nature essentiellement laudatif, qui ne peut même être que cela, en une étude purement histori que. La famille du baron Thenard a dû être fière d'entendre cette phrase jusque-là inédite de la bouche de M. Dubois, qu'il était heureux de n'avoir qu'à louer dans l'illustre mort.

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Il s'en faut beaucoup, cependant, que M. le secrétaire perpétuel ait contenté tout le monde. On lui a adressé plusieurs reproches assez vifs que nous reproduisons en simple narrateur, bien plus qu'en appréciateur.

On a d'abord fait le raisonnement suivant i meurt, bon an, mál an, une demidouzaine d'académiciens. Les règlements de l'Académie n'accordent pourtant l'éloge annuel qu'à l'un des six. Or on se demande pourquoi, dans cet embarras du choix, M. le secrétaire perpétuel a été fixer le sien sur une très grande illustration scientifique, il est vrai, mais qui n'appartenait qu'à une des sciences accessoires de la médecine, la chimie, et ne tenait à l'Académie de médecine que par le lien purement honorifique, e fort re âché d'ailleurs, de l'association libre. M. Thenard ocversité, dont il était le chancelier, à la Faculté cupait une place si prépondérante dans l'Unides sciences, à l'Académie de même nom, etc., que les occasions de le louer, suivant son mérite, n'ont manqué nulle part, et que son ombre, n'ayant pas eu à se plaindre sous ce rapport, dû s'étonner qu'il eût été le plus louangé où il avait le moins fait, où il n'avait

fait qu'une chose, celle de faire à l'Académie l'honneur de solliciter son agrégation.

Mais là ne s'arrêtent pas les critiques. M. le secrétaire perpétuel pouvait pousser, à l'égard du defunt, l'éloge jusqu'à l'hyperbole : cela ne tirait pas à conséquence; mais, une fois en veiue, il a fait l'apo héose de la chimie en même temps que celle du chimiste défunt, et là il a été moins heureusement inspiré; il a, comme l'on dit vulgairement, découvert saint Pierre pour couvrir saint Paul, car il a rabaissé la médecine pour glorifier la chimie «La chimie, a-t-il dit, venait de donner au << monde un merveilleux spectacle; bien diffé« rente de la médecine, dont les annales re<< montent à plus de trois mille ans, et qui a en est encore à chercher sa voie au milieu « des incertitudes de ses théories et des tâton<< nements de ses expériences. »

Ce jugement est erroné ou tout au moins exagéré; mais, en supposant même qu'il fût l'expression d'une triste réalité, non erat hic locus. Appartenait-il, disait-on, à M. le secrétaire perpétuel, l'organe de l'Academie, c'està-dire de tout ce qu'il y a de plus auguste et de plus honoré dans la science médicale, de venir, au seul jour où elle ouvre ses portes au public, dévoiler ses parties faibles et faire en quelque sorte chorus avec les déclamations vulgaires? M. le secrétaire perpétuel, ajoutait-on, a depuis bien des années abandonné la prati

que médicale, autrement il eût évité de prononcer de ces paroles qui pouvaient le compromettre à sa première visite du lendemain, et qui, en dehors bien certainement de sa vo lonté, n'étaient faites que pour humilier ceux qui sont tous les jours aux prises avec les réalités de la médecine.

On a enfin reproché à M. Dubois une opinion, en effet, assez osée de philosophie transcendante: «Des trois grandes âmes, a-t-il dit, qui existent dans l'univers, la vie, la pesanteur, l'électricité, trois grands principes d'action qui, seuls ou combinés, produisent fatalement tous les phénomènes de la nature, etc. »> C'est là, en effet, une formule assez pantheistique.

Dans tout ce que nous venons de dire, il faut voir bien plutôt l'écho de ce qui se répétait autour de nous à l'occasion du discours de M. Dubois, d'Amiens, que l'expression d'une opinion personnelle bien arrêtée. Nous sommes fort enclin à l'indulgence depuis que nous avons entendu un ecclésiastique dire que Lacordaire ne prononçait pas un sermon qui ne contint cinq ou six hérésies, et un autre prétendre qu'un certain mandement du dernier archevêque de Paris sur la charité en contenait trois. Voilà de prétendus hérétiques qui sont pourtant bien morts dans la communion de l'Église. Cela prouve qu'un discours, même écrit, est une œuvre dans laquelle il faut faire la part de la poésie, de la fantaisie; d'ailleurs ce n'est point un cours, encore moins un livre. Il y a de magnifiques passages dans cet éloge de Thenard, et M. Dubois y a épanché son cœur. Les défauts que l'on reprochait à ses précédents discours ont disparu de celui-ci; peut-être t ndrait-il à verser sur le penchant opposé. En somme, cette œuvre annonce un grand progrès, non dans le talent depuis longtemps incontestable de l'auteur, mais dans la direction qu'il cherche à donner à son esprit pour se conformer aux vœux de son auditoire. Voilà une vérité qui n'a pas été assez proclamée. Les collègues de M. Dubois pourront désormais mourir en paix sans éprouver la terreur de ses jugements.

MARTIN-LAUZER.

CLINIQUE DERMATOLOGIQUE DU D' DUCHESNEDUPARC.

II. Du Pityriasis et de son traitement.

A.

Je ne peux me défendre d'un doute ou d'un mouvement de surprise chaque fois que je vois préconiser une solution ou une pommade comme moyen de guérir radicalement le pityriasis.

Dans cette affection, qui répond à celle qu'Alibert a si bien décrite sous le nom de da tre furfuracée volante, si on ne doit pas dédaigner le secours des remèdes locaux et directs, il ne faut pas, non plus, demander aux topiques plus qu'ils ne peuvent donner : autrement, on s'expose à de nombreuses déceptions; la fréquence des récidives avertit le médecin de sa décevante illusion, et porte beaucoup de malades à s'exagérer la gravité de leur état. Disons-le de suite, le traitement local ne suffit au pityriasis que s'il dépend d'une cause directe ou accidentelle, que s'il occupe une place restreinte, et s'il n'a pas encore subi de disparitions et de retours alternatifs.

Cette dermatose débute, comme on sait, par un état de sécheresse et de rugosité; à ces phénomènes, que précède parfois une certaine eczémation, se joignent bientôt de petites squames blanchâtres qui se détachent avec une extrême facilité sous la forme de molécules pulvérulentes, analogues à celles du son, de la farine d'où le nom de pityriasis, son.

C'est généralement sur les joues, au front, aux sourcils, à la barbe, mais plus particulièrement au cuir chevelu, qu'on rencontre cette espèce de furfuration; on l'observe encore aux membres, dans le sens de l'extension; on la trouve aussi à la partie postérieure du tronc; la poitrine et le ventre n'en sont pas non plus tout à fait exempts. Elle peut être limitée à une seule de ces régions et n'y occuper que la largeur d'une pièce de cinq francs, comme s'étendre à plusieurs à la fois et même envahir successivement la majeure partie de l'enveloppe tégumentaire.

Dans certains cas, la furfuration du pityriasis prend les caractères d'une véritable de squamation foliacée et lamelleuse: c'est même sous

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