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efpérance languiffante, nous laiffe dans notre péfanteur naturelle, & rallentit notre ardeur pour les obligations que la loi nous impose. Saififfons donc avec empreffement toutes les occafions de nous établir dans une conviction pleine des vérités de la Religion; dans cette foi vive & forte qui n'hésite point, qui domine fur toutes les penfées, & qui devient la régle fouveraine de tous les fentimens du jufte.

V

PRIERE.

Oilà, mon Dieu! la leçon que vous me faites aujourd'hui ; vous me remettez fur les voies, pour entrer dans toute l'économie du Mystére de Jefus-Chrift: que j'aille donc le voir en efprit tel que vous l'avez fait revéler aux Bergers; que ma foi s'affermiffe de plus en plus à ce grand fpectacle; que ma piété s'en nourriffe ; que je n'examine & ne m'affure des faits que pour aimer de plus en plus des devoirs d'une Religion divine dont ils font les preuves ; que la vue d'un Sauveur redouble mes defirs pour le falut ; que je ne jette jamais fur lui des regards indifférens, mais qu'en le voyant dans l'état où il s'eft réduit pour moi, j'apprenne à le fervir avec toute la ferveur que la reconnoiffance & l'amour peuvent infpirer au coeur le plus fidéle.

Tome I.

I

TROISIÈME FESTE DE NOEL.

DE L'EPITRE.

Jefus-Chrift s'eft livré pour nous, afin de nous affranchir de tous les vices, & de fe fandtifier un peuple fervent dans les bonnes œuvres. S. Paul à Tite. c. 2.

Effer de faire le mal, apprendre à faire

Cle bien, c'étoit la double leçon que

les

anciens Prophêtes faifoient aux hommes: les affranchir de tous les vices & les rendre fervens dans les bonnes œuvres ; ce fut encore Fobjet du miniftere & des inftructions de Jefus-Chrift. La fcience de la Religion ne confifte donc point dans des fpéculations oifi ves; elle a fon fyftême fixe, dont on voit un précis dans cet endroit de l'Epitre de S, Paul: mais ce fyftême eft un fyftême prati que; c'eft comme l'art de fanctifier les hommes & de les rendre dignes du bonheur éternel que Dieu leur deftine. La premiere maxime de la fanctification, c'eft de s'affranchir de tous les vices; nous en portons tous la ra cine en nous-mêmes. C'eft la cupidité qui comprend tout ce que l'Apôtre appelle les defirs du monde ; c'est le vice univerfel à qui nous donnons des noms différens, felon la différence des objets de nos defirs ou de nos amours. Tout vice, en effet, n'eft qu'un amour

de la créature pour elle-même & pour le plaifir d'en jouir; il eft permis d'en ufer comme d'un moyen pour aller à Dieu : mais aimer la créature jufqu'à l'oubli du Créateur, l'aimer pour ce qu'elle eft, y chercher fon bonheur en tout ou en partie, y borner fes attachemens, c'est-là le crime, c'eft l'impiété même à laquelle Jefus-Chrift nous apprend à renoncer: c'en étoit une d'adorer de fauffes Divinités, & d'y mettre fa confiance; mais cette impiété dont nous ne fommes plus tentés, fe réduifoit toujours au fond à fervir la créature au lieu du Créateur: or, ce qu'on fert, c'est ce qu'on aime. Nous ne ceffons point d'être idolâtres, nous ne ceffons point d'être impies dans quelque dégré, tandis que nous aimons hors de Dieu quelque chofe que nous n'aimons pas pour Dieu même.

Voilà donc le grand vice dont nous devons travailler à nous affranchir; voilà le grand objet de notre ferveur dans les bonnes œuvres: ce nom ne fait que trop fouvent prendre le change. On appelle bonnes œuvres certains exercices de choix dont on fe fait des régles: ce font des pratiques de dévotion des privations extérieures, de la retraite, du filence, des lectures, des vifites rendues aux pauvres, aux malades, aux affligés, des foins qu'on prend pour eux, des fecours qu'on leur procure: ces fortes d'oeuvres font bonnes fans doute, & entrent dans l'ordre du falut quand

elles font infpirées par une charité fervente & par un zéle pur & défintéreffé; mais il arrive fouvent qu'elles occupent, qu'elles amusent, qu'elles diffipent & ne fanctifient point : c'eft par le cœur qu'il faut commencer, continuer & finir. Les vraies bonnes œuvres font de purifier les amours, de le détacher des objets qu'il ne doit jamais aimer; de modérer fes attachemens les plus légitimes, de régler enfin toutes fes affections de manicre que nous vivions avec tempérance pour nous-mêmes, avec juftice pour le refte des hommes, avec piété pour Dieu. Ce plan qui comprend tous nos devoirs, ne peut être parfaitement rem pli que par un amour dominant du fouverain bien: ce doit être en même temps & le principe, & l'objet, & le motif de toutes nos œuvres. Eh! comment un Chrétien, qui vit dans l'attente d'un état immortel, ne comprend-il pas qu'il n'a pas d'autre intérêt dans lé fiécle prétent, que celui de travailler inceffamment à fe déprendre de tout ce qui périt? Comment fe repofe-t-il fur quelques dehors de Religion, tandis qu'il reffent au dedans tant de fecrets empreffemens pour toute autre chofe, tandis que ces fenfibilités l'avertiffent qu'il tient encore de tous côtés à la créature?

A

PRIERE.

Uteur adorable de tout don parfait, vous de qui vient la lumiere & l'ufage

de la lumiere, faites, mon Dieu! que j'ufe mieux des falutaires inftructions de votre Fils; faites que je devienne fidéle à proportion que je fuis éclairé ; que ma ferveur s'allume à la vue des grands devoirs que vous m'avez tracés par Jefus-Chrift; que je travaille fans relâche à détruire les obftacles que j'y trouve dans mes attachemens aux chofes créées ; que j'aille enfin, une fois pour toutes, jufqu'à la fource du mal;qu'en arrachant jufqu'aux moindres reftes de la cupidité, je détruise en moi tous les vices qu'elle produit ; que mes jours foient remplis de bonnes œuvres, afin que je ne fois point rejetté du mil eu de ce peuple faint & choifi dont vous ferez éternellement le Dieu & la félicité fouveraine.

DE L'EVANGILE.

Il a donné le pouvoir de devenir enfans de Dieu à ceux qui croyent en fon nom, qui ne font point nés ni du fang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. S. Jean. chap. 1.

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Ous les hommes font dans un fens les enfans de Dieu qui leur a donné l'être; il est l'auteur & le pere de toute la nature : mais, par leurs déréglemens, les hommes font devenus pour lui comme une adultére, des enfans menteurs, des enfans ingrats, des enfans infidéles, des enfans déferteurs; ce font les noms qu'il donne par fes Prophêtes à

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