Page images
PDF
EPUB

que le temps eft favorable. Confidérons, dans Evangile, ce Figuier maudit qui féche, & qui ne portera jamais de fruit; confidérons-y celui qu'on menace d'arracher s'il n'en porte bien-tôt. Une telle malédiction & une telle menace font terribles dans la bouche de la vérité. Confidérons tout, fachons profiter de tout, & craignons que Dieu ne nous reproche un jour d'avoir endurci notre cœur à tant de voix par lefquelles il nous parle dans le monde..

PRIER E.

Ui, Seigneur! je ferai déformais plus. attentif à ce langage muet de vos créatures: c'étoit par elles que vous parliez aux, premiers hommes, que vous les inftruifiez de leurs devoirs, que vous leur annonciez vos jugemens ; ils ont été fourds à cette voix ; ils ne. yous ont ni reconnu, ni glorifié dans vos ou vrages, & vous ne les en avez pas trouvés moins inexcufables. Que fera-ce de ceux qui font plus inftruits, & à qui vous daignez parler plus clairement? Ouvrez donc vous-mê-, me, Seigneur.! ouvrez mes yeux pour voir,. & mes oreilles pour entendre, afin que tant d'objets qui n'ont pas même attiré mes attentions, ou qui n'ont fait jufqu'ici que. m'amufer, ne fervent déformais qu'à me donner plus de vigilance & de fidélité.

[ocr errors]

POUR LE VENDREDI.

DE L'ÉPITRE.

Revêtez-vous de Jefus - Chrift notre Seigneur. Rom. c. 13.

[ocr errors]

e;

E revêtir de Jefus-Chrift, c'eft le repréfenter, prendre fes fentimens, imiter fa conduite, les copier fi fidélement qu'on puiffe dire avec l'Apôrre: Ce n'est plus moi qui vis, c'eft Jefus-Chrift qui vit en moi. Tel est norre engagement, & la condition de notre falut. Dieu nous a propofé fon Fils unique pour modéle ; &, à le confidérer fimplement comme homme, c'eft le feul qui n'ait rien eu des foibleffes de l'humanité. Jamais il ne parut fe laiffer conduire à l'attrait du plaifir; jamais il ne montra d'empreffement pour la gloire & pour les grandeurs du fiécle; il en aima fi peu les biens, qu'il ne daigna. pas y rien pofféder. L'unique bonheur qui peut remplir, & qui doit combler les défirs d'un ame immortelle c'étoit là tout l'objet où ramenoient, fans ceffe, fes difcours comme fes exemples. S'il converfoir parmi les hommes, s'il se prêtoit à leurs befoins, ce n'étoit que pour les rendre plus attentifs ou plus dociles à fes inftructions; & fes inftructions ne tendoient qu'à leur faire rechercher le Royaume de Dieu, qu'à leur apprendre à garder les loix, à le préférer à tout

fans exception, qu'à leur découvrir ce qu'ils devoient efpérer ou craindre dans une autrė vie.

Ainfi l'état du monde préfent, fes affaires, fes mouvemens, fes avantages, ne lui paroiffoient pas dignes de fes attentions & de fes entretiens; il n'y mêloit rien qui reffentît la curiofité, rien de ces études qui ne font qu'amufer l'efprit, & produire des queftions inutiles: H ne rappelloit quelquefois fes difciples aux connoiffancès de la nature, que pour en tirer des maximes propres à former les mœurs: Il ne vouloit faire ni des favans, ni des politi ques: Il cherchoit à réformer & à convertir les hommes plutôt qu'à s'en faire admirer: II ne se montroit grand que par fon miniftere & pour fon miniftere même; du refte il fuyoit l'éclat: Auffi peu sensible à l'eftimé des hommes qu'à leur mépris, il ne favoit ni les flatter, ni les craindre: Il regardoit la mort comme un facrifice qu'il avoit à faire à la justice de fon Pere, & ne connoiffoit rien de meilleur que de ceffer de vivre. Etudions-le donc fans ceffe. Confidérons ce qu'il étoit, & ce qu'il feroit encore dans chacune des circonitances où nous nous trouvons: Rempliffons nous de fon efprit: propofons-nous, à fon exemple, l'Eternité, comme le point de vue où toute notre vie doit le rapporter: ayons fa modération, fon humilité, fon détachement, fa douceur, fa bonté, fa patience, afin que la fainte

té de fes difpofitions paffe de notre cœur dans nos œuvres, & que toute notre conduite ne refpire que l'innocence & la pureté de fes

mœurs.

PRIERE

E vous entends, Seigneur, qui me prefcrivez çes devoirs. Faites, me dites-vous, comme à votre ferviteur Moyfe, felon le modéle qui vous eft montré. Mais parce que la lumiere feule ne me fuffit pas, faites-vous même en moi, par votre grace, & donnezmoi de faire, avec elle, ce que vous me commandez; répandez dans mon cour l'efprit de votre faint Fils Jefus ; que je l'imite fidélement en tout ce qui fait en lui l'objet de vos complaifances, afin que par ma reffemblance avec ce premier né, devenu mon chef, je mérite, en devenant un de fes membres, d'être un jour reconnu pour un de vos enfans, & de, partager avec lui vos bénédictions éternelles. DE L'EVANGILE

1

Cette génération ne finira point, que tout ce que je vous prédis ne foit arrivé. Luc c. 21. L y auroit de la folie à fe flatter de furvivret

tout ce qu'il y a d'hommes aujourd'hui, fur la terre. L'amour de la vie la fait toujours imaginer longue on s'enfonce dans l'avenirs on y porte fes différens projets on mefure fes efpérances fur les défirs; mais aucun nefe. fatte d'échapper au dernier coup qui doit le

frapper & finir fes jours; c'est une deftinée commune où perfonne ne s'avise de chercher la moindre exception. L'expérience conftante, de notre mortalité ne nous permet pas de nous, croire exempts de la néceffité de mourir; & nous n'avons pas plus de droit au privilégé de, vivre les derniers, qu'à celui de toujours vi-. vre. L'illufion de l'efprit humain n'est jamais. allée jufques-là ; & le plus groffier de tous les hommes en fait autant là-deffus que le plus, favant.

Il n'eft donc perfonne qui ne doive fe dire, à foi-même, que cette génération ne finira, point fans que tout foit arrivé pour lui. A quoi, s'amufe la curiofité de rechercher s'il s'agit, dans la prédiction de Jefus-Chrift, de la ruinede Jérufalem, ou de celle de l'Univers? Que la fin du monde arrive quelques fiécles plûtôt. ou plûtard, rien n'eft différé pour Dieu, & mille ans ne font devant lui que comme un jour. D'ailleurs, ce n'eft pas à nous de favoir, les temps & les momens dont il s'eft réfervé le fécret; & nous ne devons pas prétendre d'être, plus privilégiés que les Apôtres mêmes. Ce qu'il y a de bien certain, c'eft que tout ce qui doit avoir une fin n'eft pas long; que le torrent des chofes créées s'enfuit avec rapidité; que tout eft emporté par des inftans qui s'envolent, avec vîteffe; que le jour du Jugement de Dieu viendra toujours trop tôt pour ceux qui ne Fattendent point. Oh! que les pécheurs fen

« PreviousContinue »