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puiffe chanter par reconnoiffance avec un de vos ferviteurs: que le foir m'a vû dans les larmes & le matin dans la joie.

POUR LE VENDREDI.

DE L'EPITRE.

chacun

Supportez-vous les uns les autres ; que faffe grace à celui dont il peut avoir fujet de fe plaindre, & pardonnez-vous mutuellement, comme le Seigueur vous a pardonné. S. Paul aux Col. c. 3.

Es raifons que nous avons de nous fup

Lo raifons moen a fons de nous,

nous ne faurions y réfléchir affez souvent, ni trop férieusement. Nous avons peut-être de plus grands défauts que ceux dont nous nous plaignons. Nous avons eu, nous en pouvons avoir, nous en aurons peut-être un jour. D'ailleurs, les perfonnes dont nous fouffrons le plus, font peut-être celles qui nous font le plus étroitement unies par les liens de la fociété, ou ceux d'une autre efpéce; ce font peut-être ceux à qui nous devons des déférences, de la foumiffion, des égards; qui nous aiment, qui nous fervent, dont nous ne devons point nous féparer, & dont nous ne pouvons nous paffer. Toutes ces confidérations doivent nous engager à les fouffrir par pitié, par juftice, par reconnoiffance, par ménagement

457 ménagement & du moins par néceffité. L'amour de notre propre repos, l'inutilité de nos plaintes, le danger.d'aigrir les maux par l'impatience au lieu de les adoucir, fuffiroient pour nous engager à tout fupporter, fi une faine raifon l'emportoit chez nous fur les fenfibilités naturelles.

Mais rien n'eft fi puiffant pour nous engager à pardonner, même gratuitement, que le pardon que Dieu nous accorde à nous-mêmes. Peut-on fe figurer la multitude des fautes que nous avons commifes & que nous commettons chaque jour contre lui; par combien de chutes & d'ingratitudes nous fommes à charge à fa miféricorde, combien nous fatiguons la bonté, combien nous irritons fa justice, à quelles épreuves nous mettons fa patience,' en combien de manieres enfin nous abufons de fa longue tolérance? S'il ne nous épargnoit, il faudroit qu'il eût fans ceffe la main levée pour nous punir ; les châtimens fe fuccéderoient, & la colere ne fauroit plus par où nous frapper, felon les termes de l'Ecriture; mais il ne ceffe point de nous pardonner: il diffimute nos péchés dans la vue de notre pénitence il nous laiffe vivre pour nous corriger; il nous aime encore avec toutes nos imperfections. Eh! qui fommes-nous donc pour être moins indulgent que lui? Sommes-nous plus dignes de refpect? Sommes-nous plus juftes? Lui faifons-nous un crime des bontés

Tome I.

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qu'il à pour nous? Lui faifons-nous une loi par notre exemple, ou croyons-nous qu'il ne nous fied pas d'imiter le fien?

PRIERE.

H! Seigneur, que je fuis accablé, que A je fuis confus de toutes ces pentées ? Que je me trouve injufte de ne pas vouloir fouffrir ceux que vous fouffrez, vous qui êtes Id juftice même ! Que je fuis infenfé de me rendre indigne de tout pardon par le refus de pardonner! Et que deviendrois-je enfin, fi vous n'aviez pas plus de pitié pour moi que je voudrois en avoir pour le reste de vos ferviteurs? Ces difpofitions ne font plus fupporrables dans un miférable tel que moi ; faitesles finir, mon Dieu, je vous en conjure, guériffez-les par votre grace médecinale, rendez-moi miféricordieux comme vous l'êtes vous-même, & què tant d'offenfes que vous m'avez pardonnées & que vous me pardonnez à chaque inftant, m'apprennent à faire grace à ceux dont je crois avoir les plus juftes fujets de me plaindre.

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DE L'EVANGILE.

Que craignez-vous, hommes de peu de foi?· S. Matth. chap. 8.

Elon Saint Marc & Saint Luc, ce ne fut

Squ'après que Jefus-Chrift eut appaifé la

tempête qu'il fit ce reproche à fes Difciples. Après que les dangers font paflés, nous com

prenons mieux combien nos défiances étoient déraisonnables, combien nos idées fur la puiffance de Dieu font imparfaites. Mille impoffibilités que nous nous étions figurées fe font évanouies. La peur avoit groffi les objets. Trop plein des maux préfens, on avoit indif crettement creusé dans l'avenir, pour y découvrir de nouveaux malheurs avec leurs fuites. On en étoit aux reffources; on cherchoit des remédes à des maux qui ne devoient jamais être on fe précautionnoit contre des furprises imaginaires. Dans la difgrace, on croyoit encore avoir des ennemis fecrets: on. leur attribuoit des motifs & des intentions. L'efprit s'allarmoit prefque à chaque inftant de fes propres fantômes. Un moment a diffipé toutes ces vaines chiméres ; le nuage s'eft éclairci, le jour revient, on se défabuse, on reconnoît fes méprifes & la fauffeté de fes imaginations.

C'est donc alors qu'il faut condamner l'excès injufte de fes frayeurs, fe reprocher amerement fes doutes, fe bien convaincre pour toujours que la Providence a des refforts infi

nis

que nos foibles lumieres ne découvriront point, s'affermir dans la foi pour l'avenir, & profiter de fon expérience pour ne plus retomber dans des inquiétudes injurieufes au Toutpuiffant, & capables de détourner de deffus nous les foins de fa protection dans les occafons. Il faut n'avoir guéres vécu pour ne s'être

pas trouvé quelquefois dans ces fortes de fituations, où trop de crainte a fait regarder des maux légers & paffagers comme plus terribles & plus durables qu'ils n'étoient en effet. D'ailleurs, qu'on y réfléchiffe bien, ce n'eft affurément ni par fon industrie, ni par fes foins, ni par les moyens fur lesquels fur lefquels on avoit le plus compté, qu'on le voit délivré de fes frayeurs. C'eft prefque toujours par quelque coup de Providence & par des fecours imprévûs qu'une main invifible a fournis dans les occafions. Que de raifons ne trouvons-nous donc pas en nous-mêmes d'avoir une confiance parfaite au Dieu du falut!

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PRIERE.

Ui, mon Dieu, je rougis ici en votre préfence de l'outrage que je vous fais par tous mes doutes. Que faut-il encore pour Les diffiper & pour les guérir ? Que de

preu

ves n'avez-vous pas données dans tous les temps, de vos attentions fur ceux qui font à vous dans la fimplicité de leur coeur? Combien de fois votre puiffance ne les a-t-elle pas tirés des circonstances les plus défefpérantes? Que n'avez-vous pas fait pour moi-même dans le befoin? Rappellez-moi donc fouvent à ce fouvenir, Seigneur, redites-moi souvent au fond du cœur : Pourquoi avez-vous peur ? Quoi, vous n'avez point encore de foi? Où eft-elle cette foi après tant d'affûrances, de con ictions & d'exemples? Mais afin que ces

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