DES SOUVERAINS PONTIFES ROMAINS, PAR M. LE CHEVALIER ARTAUD DE MONTOR, Ancien chargé d'affaires de France à Rome, à Florence et à Vienne, de la Société royale de Gottingue et de l'Académie Tiberine FOR LIBRART TOME SIXIÈME. PARIS, CHEZ JACQUES LECOFFRE ET C", ÉDITEURS, RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 29, CI-NEVANT RUE DU POT DE FER ST.-SULPICE, 8. 1851. DES SOUVERAINS PONTIFES ROMAINS. 244. ALEXANDRE VII. 1655. Avant de passer au grand règne d'Alexandre VII, nous redirons.quelques mots des neuf règnes décrits dans le cinquième volume. Urbain VII avait excité une vive affection chez les Romains. Des neveux de la famille Castagna, à laquelle il appartenait, avaient cru pouvoir se présenter à Rome pour demander un riche emploi: Urbain leur ordonna de s'éloigner. Mais une maladie, survenue tout à coup, ne permit pas à Rome de jouir des vertus de ce pontife; il ne régna que treize jours, et mourut avant d'être couronné. Grégoire XIV, Sfrondati, ami de saint Philippe Néri, daigna ériger en religion la congrégation des Clercs ré guliers, ministres des infirmes, fondée par saint Camille de Lellis. Sous ce règne, d'Ossat, Français, depuis cardinal, commençait à établir sa réputation diplomatique. En 1591, le pape parut se livrer à une disposition qui favorisait le népotisme : il nomma un de ses neveux général de la sainte Église, et l'envoya commander en France une armée contre Henri IV. Mais la santé du pontife ne tarda pas à s'altérer, et il ne gouverna que dix mois et dix jours. On le regretta à cause de sa piété, de sa tempérance, et d'un fonds de pureté de mœurs qui le rendait un objet d'admiration. Il envoya des missionnaires dans les îles Philippines, soumises à l'Espagne. Innocent IX confirma la bulle de saint Pie V, qui défendait d'aliéner les terres de l'Église romaine. Il ne régna que deux mois. Nous avons tâché d'offrir beaucoup de détails sur le pontificat de Clement VIII. Qu'il fut patient, grand et miséricordieux, dans la négociation pour la réconciliation de Henri IV avec le saint-siége! Clément appela à la fortune et aux affaires un de ses neveux; mais comme ce neveu était un homme d'une expérience consommée, quoique jeune, d'une probité à toute épreuve, d'une sincérité rare, d'une fidélité scrupuleuse pour tenir sa parole, il faut féliciter le saint-siége et le pape d'avoir possédé un ministre aussi recommandable que le cardinal Pierre Aldobrandini. Henri IV encouragea d'Ossat à donner tous ses soins pour faire réussir cette affaire de la réconciliation. Celuici mérita l'estime de son maître et celle de Rome. D'Ossat et Duperron reçurent l'absolution au nom du |