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maifon du Seigneur ». Je fuis certain que ce Dieu de bonté, fije continue de l'aimer & de le fervir, m'attend avec lui, & m'a préparé une demeure dans le féjour qu'il habite, dans la compagnie de fes Anges & de fes Saints, qu'il comble pour l'éternité d'un bonheur inaltérable.

Il fuffit d'avoir expofé les conditions fans lesquelles notre efpérance ne peut jamais être réalisée, pour que la crainte s'empare de tous les cœurs, & y faffe naître les fentimens les plus oppofés à l'efpérance: nous ne pouvons pas, dira-t-on, douter des promeffes de Dieu; mais quel fonds faire fur notre fragilité? Nous, pécheurs, yafes fragiles, expofés aux vents de toutes les tentations, comment nous flatter de, réfifter aux tempêtes jufqu'à la fin de notre vie? Je réponds à cela, que pareille crainte eft très-fondée; auffi l'Apôtre, dans les premiers temps, la

Philipp. c. II. 12.

recommandoit-il aux Gentils, en leur difant qu'il falloit opérer fon falut avec crainte & tremblement. Ainfi, l'ef pérance des vrais Chrétiens ne doit jamais marcher fans la crainte; mais Fobfervons le bien) elle doit la fuivre en compagne, & jamais en ennemie; elle doit fervir à nous faire redoubler de prudence & de précaution dans le cours de notre vie, pour maîtriser nos fens, fuir les occafions dangereufes, & ne pas nous laiffer bercer & endormir par les plaifirs du fiècle. Nous en avons tous befoin pour nous maintenir dans l'humilité & la conviction de notre néant; mais elle ife doit point troubler notre joie; Pfal. II. II. d'eft pourquoi le Prophète s'écrie: rejouiffez-vous en lui avec crainte. Encore inoins doit-elle décourager quiconque fent dans fon cœur un véritablé éloignement pour tout ce que Dieu condanne. La confiance que nous avons

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de jouir un jour de Dieu, ne doit jamais être féparée d'un autre acte d'ef pérance; c'est que Dieu toujours plein de bonté nous fournira tous les moyens de nous fauver, qu'il ne nous abandonnera pas dans les tentations, & qu'il fera notre défenfeur au milieu même de nos ennemis. Quand même, par fragilité, il nous arriveroit de tomber, nous devons toujours efpèrer que ce Père miféricordieux nous tendra une main fecourable pour nous relever & nous ramener à lui. Nous avons affurément les plus justes motifs de nous défier de nous, puifque par nousmêmes il nous eft impoffible de choifir le bien & de fuir le mal; mais tout est possible avec la grâce de Dieu, que nous a méritée J. C. Le même Apôtre, qui nous enfeigne d'abord à marcher avec crainte, dit enfuite: Je peux tout avec notre Seigneur, qui m'aide & me fortifie. Il n'eft pas de

Chrétien qui n'en puiffe dire autant, puifque les divines Écritures nous affurent, à chaque page, que Dieu ne refufe jamais le fecours de fa fainte grâce à quiconque la lui demande avec fincérité.

Heureux ceux qui, toujours aimés de Dieu, parce qu'ils ont toujours été fidèles, n'ont jamais marché dans la voie de l'iniquité, & n'ont pensé, depuis l'âge de la raifon, qu'à conferver leur innocence dans toute fa pureté. Ceux-là peuvent fe flatter d'obtenir la couronne que Dieu promet à fes Élus. Malgré la crainte où l'on doit toujours être tant que l'on vit, ils ont des droits, plus que perfonne, à la confiance; puifque Dieu les ayant toujours préfervés des chûtes, ils doivent penfer que le fecours de fa grâce toute puiffante, les foutiendra jufqu'à la fin de leur carrière. Mais, quel fera le fort de ce peuple immense de pé

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cheurs, & quelle peut être fon efpérance? On peut le divifer en deux claffes: la première, de ceux qui font actuellement dans la difgrace de Dieu; la feconde, de ceux qui, revenus de leurs égaremens, penfent retourner en grâce. Quant aux premiers, j'ai peine à prononcer une fentence contre eùx qu'ils ne doivent cependant pas ignorer; c'eft que tant que la fource de leurs égaremens ne fera pas tarie, leur espérance feroit injurieufe à Dieu. Un homme affez infenfé fe révolter contre pour lui, affez infenfible pour dormir avec fécurité dans fes égaremens, eft dèslors un ennemi de Dieu, qui a perdu tout droit au Paradis, pour qui l'efpérance feroit la plus folle des préfomptions, & il ne doit s'attendre qu'aux châtimens éternels, réfervés à tous ceux qui lui reffemblent. Dieu certainement ne ceffe jamais d'être miféricordieux; mais eft-ce avoir une idée

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