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de ce divin attribut, que d'y penfer pour s'encourager dans le vice, & continuer d'être impénitent, parce que Dieu eft bon & clément? L'infinie miféricorde de Dieu ne peut enchaîner fa juftice, & nous devons adorer en lui ces deux attributs, en faifant de l'un l'objet de notre crainte, de l'autre celui de notre confolation; & reftant toujours perfuadés que fi le repentir attire fur nous la -miféricorde de Dieu, l'endurciffement sne peut manquer de nous mériter fa colère. Cependant, fi un pécheur, par -am netourfur lui-même, effrayé du péril où il fe trouve de fe perdre pour toujours, difoit qu'il efpère que -Dieu brifera les liens qui l'attachent au péché pareil propos, qui, dans le fond, n'eft qu'un acte d'efpérance, - ne feroit pas à condamner. Il naîtroit, au contraire, d'un bon principe, c'està-dire, d'un defir imparfait à la vé

rité, mais déjà commencé, de changer de vie & de quitter les créatures pour ne s'attacher qu'au Créateur.

Quand le pécheur implorera la miféricorde de Dieu avec conftance & fincérité, quoiqu'il en foit indigne, & que Dieu ne foit tenu de l'accorder à perfonne; on doit penfer ayec confiance, que Dieu fe laiffera fléchir par fes prières, & voudra bien lui accorder le repentir de fes fautes.

A l'égard des pécheurs rentrés en grâce moyennant le Sacrement de Pénitence, l'espérance doit régner dans leurs cœurs en fouveraine. Is ont, à la vérité, fouvent offenfé Dieu, & de plus d'une manière; mais dès qu'un repentir véritable les a conduits à la miféricorde, & qu'ils en ont reçu des gages par l'entremife du Miniftre auquel ils fe font adtelés, ils doivent avoir l'efpérance qu'ils ont recouvré les su bautés de leur Rédempteur; & que

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Dieu déformais les regarde, non pas comme les ennemis, mais comme fes plus chers enfans. Le Créateur de l'homme n'eft point, ainfi que lui, vindicatif, ou inexorable. Ses penfées font des penfées de paix & de pardon. Il parle lui-même par une voix intérieure à ceux qui fe révoltent contre lui; & pourvu qu'il les voie repentans, il ne tarde pas à leur pardonner fans jamais leur reprocher leurs premières offenfes. Auffi fuis-je étonné que des Chrétiens, qui ont fait tout ce qui dépendoit d'eux pour rentrer en grâce, fe laiffent toujours effrayer par des doutes affligeans, & s'imaginent que le Paradis leur eft à jamais fermé. Cette espèce de Chrétiens croitelle, ou ne croit-elle pas à l'Evangile ? Dans ce faint Livre, notre Seigneur nous indique, à chaque inftant, fous Luc. 15. 12-l'emblême d'une parabole, le traitement que les pécheurs convertis éprou

veront de la part de fon Père. Dans quelle énormité de fautes, dans quels égaremens n'étoit pas tombé ce fils infenfé, qui, après avoir exigé la part de fon héritage, la diffipa au gré de fon caprice & de fon libertinage? Cependant, il ne paroît pas plutôt devant fon Père, avec le repentir & la honte fur le front, que, quoique couvert des haillons de la misère & du défordre, il eft tendrement accueilli par fon père, qui le ferre entre fes bras, & veut que toute la maison foit en fête pour le retour de fon fils. Notre Sauveur fe peint ailleurs fous la

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figure d'un Pasteur, qui, ayant perdu 11.
une brebis, laiffe toutes les autres,
& va à la recherche de celle qui s'eft
égarée; il ne l'a pas plutôt trouvée,
qu'il la prend fur fes épaules, &, plein
de joie, la ramène au bercail. La
tendreffe de Dieu pour les pécheurs,
pouvoit-elle fe rendre fenfible fous des

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Luc. 15.7.

gouleurs plus vives? Il est encore m autre paffage dans l'Evangile, qu'on ne peut lire fans étonnement, & qui doit nous faire éclater en reconnoiffance , pour un Dieu fi plein de bonté: on reffent plus de joie (dit il) dans le Ciel pour un feul pécheur qui fe convertit, que pour quatre-vingt dix nenf juftes qui n'ont pas befoin de pénitence; & le Fils de Dieu protefte à ce fujet, qu'il n'est point venu pour fauver les juftes, mais les pécheurs. Par quels traits plus frappans peut être marquée la clémence divine?

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Après avoir reçu pareilles vérités de la bouchende, Dieu même, com‚ment peut-on douter de la tendreffe de Dieu pour nous, & le voir toujours courroncé, lorfqu'on a reconnu fes fautes, & qu'on s'en eft repenti? Il eft bien vrai que nous ne devons jamaisen perdre le fouveair; mais il ne doit fervir qu'à nous

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