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dans les cieux que fur la terre, auffi admirables dans leur étendue que dans leur petiteffe. Quelle foule d'animaux de toute efpèce qui peuplent l'air, la terre & les eaux? Quels prodiges fe renouvellent à chaque inftant dans la lumière, les fons & les couleurs ? Ces Philofophes, dont l'œil obfervateur a découvert la main qui a créé tous ces ouvrages, doivent s'attendre à rendre le compte le plus terrible, quand ils n'auront pas profité de leurs lumières pour aimer leur Créateur; un jour viendra qu'ils feront faifis d'étonnement & de honte, en voyant une foule d'ignorans plus éclairés qu'eux & plus conféquens, puifqu'ils n'auront aimé & fervi que celui qui les avoit créés. Deyroit-on en outre oublier, un inftant, que tous les biens temporels dont nous jouiffons, font des bienfaits de la Providence, & que c'est elle qui nous départ la fanté,

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l'aifance & les commodités de la vie ; je ne parle pas d'autres dons bien fupérieurs à ces derniers, & que nous tenons également de Dieu, tels que l'efprit, la mémoire, le jugement & la bonté du caractère. Enfin, nous fommes entourés de toutes parts de bienfaits, dont la voix femble nous inftruire & nous erier: Ingrats que vous êtes, comment ne penfer pas a celui qui vous a comblés de tant de biens; & mille fois plus ingrats encore, fi, en y penfant, vous ne l'aimez

pas.

Cependant, tous ces avantages ne font rien en comparaifon de ceux que Dieu nous réserve pour notre bonheur éternel; c'eft pour nous racheter & nous fauver qu'il a facrifié fon divin Fils; c'est pour nous qu'il a préparé le Paradis; il nous a fait naître dans une Religion, qui feule peut nous conduire à une félicité éternelle.

C'est lui qui nous donne à chaque instant les inspirations, les fecours & les moyens néceffaires pour y arriver. Ce bonheur d'être réuni à Dieu, notre principe & notre fin, doit être l'objet continuel de notre amour envers lui, tant à caufe de fes perfections & de fa miféricorde, que parce qu'il veut bien partager avec nous fa béatitude. Ainfi, de quelque côté que nous tournions nos regards, nous ne verrons jamais que des traits d'un Dieu créateur & bienfaifant, c'est-à-dire, des motifs toujours nouveaux, d'aimer un Maître auffi digne de l'être, auffi clément, auffi miféricordieux. C'est lui qui, fans avoir befoin de nous, a voulu que nous lui donnaffions le doux titre de père. Combien done devons-nous l'aimer, puifque nous ne pouvons rien fans lui?

Les façons de faire connoître l'amour que nous avons pour Dieu, fe

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réduifent à trois la première, dont nous avons déjà parlé, confifte à obéir à fes Commandemens. Jetons un coup d'œil fur nos actions. Notre divin Législateur défend les injustices; l'impureté, l'intempérance, & ces autres vices que réprouve également la loi naturelle. Comment pouvons-nous après cela, nous vanter de l'aimer, lorfque nos actions & nos defirs font fans ceffe oppofés à fa volonté & à fa fainteté. Le premier caractère de l'amour, eft de ne point offenfer celui que l'on Jean. 14. 15. aime, dans les plus petites chofes. Si vous m'aimez, dit le Fils de Dieu, obfervez mes Commandemens. La pratique de la loi de Dieu ne doit avoir aucun motif humain pour principe, mais fon feul amour. Ceux que retient la crainte feule des châtimens húmains, ou qui même ne recourent au Tribunal de la Pénitence que pour éviter des peines que Dieu réferve aux

pécheurs, ne prouvent que trop l'état d'imperfection dans lequel ils lan→ guiffent. C'est l'amour-propre qui les domine, & non celui d'un Dieu qu'on doit aimer plus que foi-même. La véritable obfervance de la loi, confifte à s'abstenir de ce qu'elle nous défend, & à faire ce qu'elle nous ordonne; cependant, une pareille conduite n'eft point encore un figne infaillible d'un amour véritable. Les faintes Ecritures nous avertiffent que non-feulement nous devons éviter le mal, mais encore faire le bien, c'està-dire, ne pas nous contenter de fuir le péché, mais encore embraffer la vertu, & faire de bonnes œuvres. peut en donner deux raifons, & toutes deux effentielles. Il ne fuffit pas à quelqu'un qui aime bien, `de ne pas déplaire à l'objet aimé ; il doit encore s'étudier à faire tout ce qui peut lui être agréable. En fecond lieu,

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