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diteurs, font plus de fruit que tous les fermons compofés avec tant d'art, par les plus célèbres Orateurs.

Enfin, le moyen le plus fûr pour exciter & nourrir la dévotion, a toujours été & fera toujours la lecture des Livres faints, tels que les Pfeaumes, les Évangiles, les Épîtres de S. Paul & des autres Apôtres. C'eft dans eux que parle l'Efprit-Saint: eh! pouvonsnous avoir un meilleur guide? Pour entendre ces céleftes oracles, on ne manque point d'interprêtes fûrs dans l'Eglife de Dieu, & c'eft d'eux dont nous devons nous fervir. Voilà la nourriture folide, faite pour foutenir notre piété ; & nous n'avons pas befoin de l'autorité des Pères ou de l'Écriture, pour prouver une pareille vérité. Quiconque n'entend pas le Latin (1), doit faire un choix de livres

( 1 ) On ne connoît pas en Italie de traduc tion de l'Ecriture en langue vulgaire.

compofés par des Auteurs éclairés, qui contiennent l'explication des paffages de l'Écriture les plus instructifs & les plus touchans. On fera bien d'y joindre les vies des Saints, non pas celles qui, remplies de fables ou de puérilités, font le fruit de l'ignorance ou de la flatterie, mais des hiftoires authentiques, qui, compofées par des Auteurs contemporains, ou voifins des faits qu'ils ont écrits, portent avec elles le caractère de la vérité. Pareille lecture faite avec le defir de s'inftruire, & non par pure curiofité, peut produire d'auffi bons effets que la parole de Dieu prêchée dans la chaire. Nous fommes bien coupables, tous tant que nous fommes, avec autant de moyens, de ne pas devenir bons & faints; nous ne nous en fervons que pour nous attacher de plus en plus à la terre. Eh! comment le monde d'un moment peut-il plus fixer, que la vue d'un monde qui ne finira jamais?

CHAPITRE XI I.

De la mortification & de l'humilité.

L'AUTRE AUTRE fecours que nous avons indiqué comme néceffaire au Chrétien, pour réfifter aux tentations & aux dangers de cette vie, eft la mortification. Le S. Prophète Job nous affure que Job. c. 7. la vie de l'homme eft une milice fur lav. 1. terre, c'est-à-dire, un lieu où nous devons être continuellement en garde contre le bonheur, pour qu'il ne fasse pas naître en nous l'orgueil, l'incontinence, l'injuftice, & toutes les actions condamnables. Nous ne devons pas moins combattre contre le malheur, afin qu'il ne nous faffe pas éclater en murmures, en impatience, & qu'il ne foit pas pour nous une occafion de médifance, de vols, de lâcheté, & d'autres excès femblables.

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La concupifcence, dont nous avons parlé, ne nous pouffe que trop à la vanité, à l'avarice, à l'intempérance, en un mot, à nous procurer ce qui peut nous flatter par tous les moyens que nous pouvons employer. Ces impulfions fecrètes, lorfqu'on ne peut les fatisfaire qu'en blessant la raison ou les préceptes de l'Evangile, fe nomment tentations. C'eft une foibleffe dont les plus grands Saints ne font pas même exempts, mais à laquelle font plus expofés, & fuccombent fouvent ceux qui s'occupent peu de la vie future; mais le fage & véritable Chrétien, qui n'oublie jamais les remords qui fuivent les fautes dans cette vie, & les châtimens qui les puniffent dans l'autre; qui fait en outre que le chemin de la vertu eft le feul dans lequel il doive marcher, connoît toute la néceffité de combattre, & repouffe les confeils pernicieux de l'amour-propre,

c'eft-à-dire, de la concupifcence: &,
comment cela? En fe roidiffant contre

fa
propre volonté, dès qu'il s'apperçoit
qu'elle lui demande une chofe con-
traire à la raison ou à la foi. Ce
Chrétien éclairé, fait que ce que Dieu
lui commande n'eft que pour fon bien,
& que tout ce que lui infpire la chair,
l'ambition, la haine, & les autres ap
pétits défordonnés, ne peut qu'être
opposé à sa fanctification, à fa fanté,
à fa réputation, ou au moins nuire à
fon prochain; d'ailleurs, l'affaire la
plus importante pour lui, eft de ne
point offenfer un Dieu, dont les châ-
timens redoutables ne peuvent jamais
être bravés impunément.

Ce combat perpétuel contre une volonté corrompue, cette mortification des paffions qui voudroient nous dégrader, nous font recommandés par notre divin Maître, comme un point

absolument nécessaire: qui me veut fui-, Math. 16.

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