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en devient un de plaifir, parce que l'humilité nous découvre toute l'étendue de la miféricorde de Dieu, & que notre mort est la fin de nos fouffrances, & le commencement d'une joie éternelle. Plus un Chrétien mortifiera fon corps & plus encore fon cœur & fon efprit, plus on peut dire de lui qu'il marche à grands pas à la perfection; cependant la mortification du corps a befoin d'être réglée encore par la prudence. Un jeûne modéré eft une pénitence que l'Eglife approuve, & qu'elle nous ordonne. Il est encore d'autres mortifications corporelles qu'on peut permettre ; mais quant à ces recherches de pénitence, pour maltraiter fon corps & lui déclarer la guerre, j'ai déjà remarqué qu'elles font dangereufes, fur tout aux jeunes perfonnes du fexe. On lit dans la vie de S. Philippe de Néry, ce grand maître de la vie fpirituelle, · qu'il faifoit plus

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» de cas de ceux qui, châtiant leur » corps avec modération, s'appliquoient principalement à mortifier leur efprit & leur volonté, plutôt que de » donner dans des pénitences & des

دو

رو

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auftérités corporelles

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CHAPITRE

XIII.

Du Sacrement de la Pénitence, de fa néceffité, de fon utilité, & de la patience.

Tous les moyens que nous avons

pour

détaillés jufqu'à préfent, font faints & utiles la fuite du mal & la pratique du bien; mais la fragilité & la pente au péché étant l'apanage de la nature humaine, nos chûtes font fréquentes, & la loi souvent violée. Quel feroit notre malheur, fi la miféricorde de Dieu ne nous eût pas réfervés des fecours plus puiffans, tant pour nous

relever, que pour nous donner plus de force: difons mieux, tout ce qu'on peut recevoir de grâces pour la vie fpirituelle. Un Dieu plein de bonté, nous fournit deux fecours efficaces, au moyen defquels, fi nous favons nous en fervir, nous pourrons rentrer en grâce, & dans tous les droits d'un Chrétien. L'un eft le Sacrement de la Pénitence, & l'autre le Sacrifice de la Meffe, avec le Sacrement d'Euchariftie. Il eft fûr que voilà les deux plus grands tréfors de la dévotion, & deux fources efficaces de grâces, d'autant plus excellentes & plus dignes de notre vénération, que leur divin Inftituteur les a mises à la portée des pétits & des ignorans, comme des grands & des favants. Ce qui doit les relever à nos yeux, est le prix infini dont elles font. Avec la prière publique ou particulière, on peut obtenir beaucoup du Très-Haut; mais à proportion de

fa foi, & fuivant les difpofitions qu'on y apporte. Ici c'eft toute autre chofe pour quiconque a recours à ce tréfor de la bonté de Dieu; non-feulement on reçoit un prix proportionné au degré de fa dévotion, mais Dieu, par un effet de fa pure libéralité, y ajoute une infinité de grâces nouvelles, afin de nous engager à l'honorer de plus en plus, & à recourir souvent à ce tréfor inépuisable; auffi l'Eglife nous recommande-t-elle l'ufage & la fréquentation des Sacremens. La raison n'en peut être plus fenfible puifque fans eux il nous eft impoffible de nous fauver, & qu'en y recourant de tout notre cœur, ils nous attirent infailliblement les bénédictions céleftes. Affez de livres ont traité de ces deux Sacremens, & du Sacrifice de la Meffe; les Prédicateurs en parlent fouvent au peuple. Qu'il nous foit également permis de dire un mot

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fur une matière fi grave, puifque c'eft de leur bon ufage que dépend la véritable dévotion. Nous commencerons par le Sacrement de Pénitence.

Je ne prétends pas parler de ceux qui, continuellement abrutis par leurs paffions, ne penfent pas qu'il eft un Dieu qui punit l'iniquité de l'ame, après l'anéantiffement d'un corps auquel elle doit furvivre: pareils gens ne s'occupent pas davantage du tribunal de la Pénitence. Je n'ai pas en vue non plus ces pécheurs d'habitude, qui confervent encore quelque crainte de Dieu, qui les pouffe au tribunal de la Pénitence, mais dont le cœur eft trop gâté pour en pouvoir profiter: quel fruit ofent-ils fe flatter de retirer d'une abfolution qu'ils dérobent à un Miniftre trop indulgent & fouvent fans expérience? Dieu peut-il étendre fa miféricorde fur quiconque fe trompe, ainfi que le Ministre,

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