Page images
PDF
EPUB

avec les apparences de la douleur & de fauffes promeffes ? Je parle ici de tout Chrétien qui, plein de bonne foi & réfolu de fe corriger va confeffer fes fautes avec le vrai repentir de les avoir commises. Oh, c'est pour celui-ci que font ouvertes toutes les portes de la miféricorde; quelque graves que foient fes délits, quel qu'en foit le nombre, on fera toujours reçu par un Père, & nous en avons la parole d'un Dieu pour garant. C'est avoir une idée bien peu vraie de ce bon Père, (je ne peux trop le répéter) que d'être encore dans le doute & l'inquiétude qu'il ne nous ait pas pardonné après une confeffion fincère & une contrition parfaite. Pouvons-nous ne pas nous abandonner à la bonté de notre Maître? & fa miféricorde n'eft elle pas infinie pour toutes les fautes paffées que nous avons déteftées aux pieds de fon Ministre? C'est

de nous dont nous devons nous défiet pendant toute notre vie, & ne pas ceffer d'employer la prière, pour obtenir la grâce, fans laquelle il nous eft impoffible de nous foutenir. Ainfi, ne nous laiffons pas arrêter par une fauffe honte, & une crainte déplacée. Ce que notre Dieu defire le plus, eft de nous voir revenir à lui par un vrai repentir, & une fincère réfolution de l'aimer & de lui obéir pour toujours. Avec une pareille conduite, nous fentirons la paix renaître dans notre ame, & nous marcherons devant lui avec une fidélité qui ne s'altérera jamais.

Il est une feconde espèce de perfonnes dans l'Eglife de J. C. qui fréquentent le tribunal de la Pénitence, & qui y portent, non pas des péchés graves, mais des fautes légères & vénielles, ainfi que ces défauts dont perfonne ne peut fe dire

exempt.

Les

Miniftres de Dieu étant à la fois

Juges

Juges & Médecins des ames, s'ils rempliffent bien leur devoir, s'ils connoiffent le chemin de la vie, & favent y conduire ceux qui s'abandonnent à leurs foins, peuvent donner à cette claffe des fidèles, les confeils les plus utiles, & qui lui convienent de mieux. Les inftructions publiques font encore très-efficaces; comme elles confiftent en général dans la peinture & la critique des vices dans tous leurs détails, on ne manque pas de fe reconnoître dans les différens traits qui nous conviennent, & l'on doit s'en fervir pour fe corriger. Mais de tous les fecours, le plus puiffant eft la connoiffance que nous donnerons au Miniftre de Dieu, de l'état de notre ame. Quelles tentations, quels dangers, quelles fautes ne s'évitent pas avec les' confeils d'un homme prudent & éclairé? De forte, que fi le Sacrement de Pénitence eft néceffaire au Chrétien

pour rentrer en grâce, il n'eft pas moins utile pour la conferver, & ten+ dre à la perfection. Il eft effentiel de remarquer ici, qu'un Sacrement auffi néceffaire, a deux fins principales: la première, de nous faire recouvrer la grâce que nous avons perdue, moyennant un repentir fincère de nos péchés; la feconde, de nous exciter avec toute la bonne foi dont nous fommes capables, à nous corriger par la fuite de nos egaremens. Le premier fentiment s'éprouve affez ordinairement; une fois 'perfuadé de l'infinie bonté de Dieu, nơtre cœur s'ouvre à la douleur des fautes que nous avons commifes, & à la confiance que Dieu voudra bien Couronner notre repentir par le pardon. Mais en eft-il de même du second engagement; on voit bien des confeffions, mais que les converfions font rares! La dévotion ne nous manque pas pour implorer la clémence de Dieu;

mais fubfifte-t-elle également pour nous? garantir de l'offenfer & de l'outrager de nouveau? Voilà pourtant l'efpèce de reconnoiffance qu'attend & exige de nous ce Dieu, qui nous a fait rentrer en grâce. Il femble que nous ne profitions de fabonté infinie & de fa facilité à nous pardonner, que pour retourner à nos anciens défordres.. Nous ne réfléchiffons point à l'abus condamnable que nous faifons de fa patience; nous regardons fon Tribunak comme une espèce de lieu de franchife pour vivre dans l'iniquité; & il femble que ce foit en raifon de fon indulgence & de fa bonté, que nous nous rendons coupables de nouvelles défobéiffances. S'il exiftoit le moindre rayon de foi dans nos cœurs,neide vrions-nous pas être couverts de honte? Mais c'eft précisément le manque dé foi, le défaut d'amour de Dieu, & l'onbli de notre véritable intérêt, qui nous

« PreviousContinue »