Page images
PDF
EPUB

le

Sacrifice ineffable qu'offrit fur la croix le Fils de Dieu, en donnant fa vie pour tous les hommes. Pour pea qu'on connoiffe l'Ecriture, on voit l'ufage des Sacrifices commencer avec le monde, c'est-à-dire, tuer & offrir à Dieu des veaux, des agneaux, des quadrupèdes, des volatiles. C'étoit un hommage qu'on rendoit à fa puiffance fouveraine fur tout ce qui exiftoit; & le facrifice des animaux, ainfi que don qu'on en faifoit à Dieu, repréfentoit la difpofition intérieure de l'homme, difpofé au facrifice de fa vie pour appaiser Dieu & venger fes. droits. Les Payens eux-mêmes avoient des facrifices pour fe rendre leurs fauxdieux favorables. C'étoit l'effet d'une tradition univerfelle, que le facrifice étoit la feule façon de fe rendre la divinité propice. Mais l'Apôtre, & après lui les SS. Pères, nous ont averti que ces facrifices, faits par les enfans

d'Adam & le peuple Juif, n'étoient que des ombres & des figures de ce Sacrifice d'amour, qui devoit avoir lieu dans la fuite des temps. Il falloit que J. C. figuré par cet Agneau que les Juifs tuoient & mangeoient le jour de la Pâque, s'offrît lui-même à la mort pour fatisfaire pour nous, nous racheter du péché, & nous rèndre les droits que nous avions perdus à la gloire. Les Prophètes avoient prédit qu'on verroit ceffer ces facrifices fanglans, & qu'ils feroient remplacés par un autre plus pur & plus fpirituel. Le Roi Prophète nous avoit enfeigné que le Meffie feroit Prêtre, selon l'ordre de Melchifedech, c'est-à-dire, de ce Prêtre Roi, qui offrit à Dieu, non des animaux égorgés, mais feulement du pain & du vin. Auffi Notre Seigneur s'eft-il fervi du pain & du vin dans fon nouveau Sacrifice, en changeant l'un & l'autre en fon

corps & fon fang. L'animal qu'on offroit à Dieu dans les anciens facrifices, fe nommoit Holocaufte, Hoftie, ou Victime. Le Fils de Dieu, incarné depuis, & offert à fon Père comme une victime fans tache, n'a jamais ceffé de l'être pour nous, & continuera de l'être tant que le monde existera, & que les Prêtres de la nouvelle Loi confacreront fous les efpèces du pain & du vin.

Le petit nombre de vérités que je

viens de rapporter, doivent être profondément gravées dans le cœur de tout Chrétien; elles nous font clairement comprendre quelle action admirable est la fainte Messe; la dévotion qu'elle exig la part de celui qui la célèbre, ainfi que de ceux qui y affiftent. Dans quelque lieu que foit notre divin Sauveur dans le Sacrement de l'Autel, qu'il foit confervé dans le Tabernacle, expofé à l'adoration des

Fidèles, porté en proceffion, ou donné en Viatique aux malades on fe trouve toujours au pied de fon trône; c'eft là le lieu le plus favorable pour l'adorer, & demander à ce divin Médiateur les biens fpirituels que nous en pouvons attendre. C'eft véritablement l'audience où nous devons lui préfenter nos placets, & nous en fortirons toujours avec une bénédiction ou des fecours puissans pour nous bien conduire. Mais aucun de ces avantages n'eft à comparer avec celui de la fainte Meffe. L'action de quiconque s'adreffe à J. C. hors du Sacrifice de la fainte Meffe, n'a de mérite qu'en raifon du plus ou moins de dévotion qu'on y apporte, ce que les Théoliens appellent ex opere operantis; mais tout le prix de la Meffe s'applique au Chrétien bien difpofé qui y affifte, ainsi qu'au Miniftre qui la célèbre

t

ex opere operato. La bonne difpof

tion du Célébrant & du peuple, est certainement néceffaire pour remercier avec fruit des bienfais reçus, & en obtenir de nouveaux; mais l'acquifition des grâces eft néceffairement due à l'efficacité de ce Sacrifice non fanglant; le Fils de Dieu l'ayant fpécialement destiné à appliquer les mérites infinis, tant au Prêtre qu'aux fidèles, par qui fe fait conjointement ce même Sacrifice; que fi les Sacrifices de l'ancienne loi, qui n'étoient qu'une ombre de celui de la nouvelle, étoient une fource inépuifable de grâces, que doivent donc efpérer les Chrétiens qui offrent à Dieu le Maî tre de la nature, non pas des victimes égorgées, des animaux terreftres, mais fon Fils unique & bien aimé; cet Agneau fans tache, par qui s'obtiennent toutes les grâces, & dont la plus petite goutte de fang fuffit pour effacer

5

tous les péchés vol mor ob noi11

« PreviousContinue »