CHAPITRE X V. Du prix de la sainte Mesle. S. LA première & la plus utile des dévotions, est celle du faint Sacrifice de la Messe , & qu'on ne puisse pas offrir à Dieu une victime plus agréable que son Fils bien aimé, il en résulte nécessairement que cette Hoftie sans tache est d'une valeur infinie. Cette vérité est évidente ; mais il faut ajouter que la valeur , en tant qu'elle est appliquée à chaque Chrétien en particulier , est plus ou moins limitée. En premier lieu, l'Eglise y participe, c'est-à-dire , l'universalité des fidèles, pour laquelle s'offre à Dieu ce sacrifice non sanglant; ensuite les trépaffés, qui font foulagés par les prières des vivans : dogme fondé sur la tradition de tous les siècles, & prouvé par par les livres des Machabées. Ceux pour qui s'offre nommément le Sacrifice , ou auxquels le Prêtre à l'intention d'en appliquer le mérite , doivent fans contredit en recevoir le plus de fruit, quand même ils n'y aslisteroient pas, supposé néanmoins qu'ils ayent les dispositions requises. Il n'est personne qui puisse déterminer la quantité de grâces que reçoivent les morts ou les vivans qui n'allistent pas à la Messe; ce secret est renfermé dans le sein de Dieu: tout ce qu'il nous importe de savoir, est qu'il n'est point de prières qu'il reçoive plus favora celles de la sainte Messe. Nous pouvons allurer avec fondement que la Messe ne peut être plus utile à qui que ce soit qu'au Prêtre qui la célèbre , & à ceux qui y alliftent. Le Prêtre doit être le plus favorisé de grâces , s'il exerce dignement son ministère; mais c'est des fidèles seuls K blement que qui l'entendent, que j'ai 'entrepris de parler. Les justes ne sont pas les seuls obligés d'y aflister , elle est d'obligation les jours de Fêtes pour tous les fidèles, même ceux qui se sentiroient coupables de péchés graves. Quoiqu'il foit vrai que l'institution de la Messe n'a pas lieu pour rendre la grâce fanctifiante à quiconque a eu le malheur de la perdre ; & que, suivant les décisions du Concile de Trenté, cet effet appartienne au Sacrement de Pénitence; cependant le pécheur qui y'alliste avec respect & componction, quoiqu'indigne par lui-même d'offrir une aufli fainte victime , peut en espérer des fecours & des grâces qui le disposent'à un véritable repentir, & à recevoir l'absolution dans le tribunal de la Pénitence. Le pécheur lui-même, quoique fous la colère de Dieu , doit élever son ame verslui , & deinander les lumières & les secours ne les pé cessaires pour rentrer en lui-même , & dans la voie de la justice & du falut. Ces prières faites avec sincérité , sont presque toujours exaucées , & les chaînes une fois rompues, les grâces deviennent par la suite plus abondantes. La Melle étant in Sacrifice de propitiation, si elle n'efface pas chés mortels, au moins nous mérite-telle le pardon de nos fautes légères , & même des graves si nous les avons; oubliées, & que nous les détestions véritablement, Nous pouvons de même obtenir une diminution des peines que nous avons méritées par nos fautes, ainsi que nos frères défunts. Ajoutons à cela toutes les grâces spirituelles & mème les temporelles, nécessaires dans nos beCoins & dans nos adyerlités, pourvu que nos demandes n'ayent pas pour principe une cupidité condamnable , mais l'eayie de nous fa&ifier, & de servic Dieu ayec tout le zèle dont nous sommes capables. Ces vérités sont clai- |