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tention qu'ils méritent, & nous empêche de nous y fixer. Heureux ceux qui favent ranimer leur foi, renouveler leur efprit, fur-tout quand ils affiftent à ce divin Sacrifice & plus encore s'ils fe préparent à approcher de la fainte Table; c'est alors qu'on a véritablement befoin de nouveaux élans, de fentimens plus vifs, de defirs plus actifs; femblables à ces voyageurs, qui, après la route la plus fatiguante & une diète auftère, trouvent le meilleur des repas dans une retraite délicieuse. Quoique nous devions les dons de Dieu à la vertu du Sacrement & du Sacrifice, cependant les Théologiens nous enfeignent que Dieu nous les difpenfe, felon le plus ou le moins de dévotion que nous y apportons. C'est donc à nous, toutes les fois que nous entendons la Meffe, ou que nous nous nourriffons de ce pain céleste, à nous repréfenter toute la majesté du

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Dieu devant lequel nous fommes. Nous devons croire que cette Cène est la même que celle qu'il fit avec fes Apôtres, que c'eft l'Autel où le Fils unique de Dieu renouvelle fa mort & fa paffion, étant à la fois Prêtre & vic time, pour nous rendre en tout fon divin Père favorable. En nous conduifant ainfi, notre cœur fera rempli d'efpérance, d'amour & de confiance. Eh! quelles grâces ne doit-on pas fe flatter de recevoir d'un Dieu qui ne defcend à nous que pour nous en combler ?

CHAPITRE XV I.. Quelle part a le peuple à la fainte Meffe quand il y affifte.. Messe

LB

E SAINT SACRIFICE de la Meffe eff compofé de trois parties principales: l'Oblation, la Confécration & la Communion. Par la première on offre à Dieu le pain & le vin; mais il est une autre Oblation plus importante, qui fe fait tacitement dans la Confécration même, & expreffément après la Confécration; parce qu'alors le Fils de Dieu eft offert à fon Père comme une hoftie & une victime non fanglante, pour la rédemption du genre humain. De là

part

des affiftans, cette oblation fe fait par des fentimens d'amour, non pas: en leur nom, mais en celui de J. C.. La Confecration a lieu lorfque le Prê-tre prononçant les paroles mêmes de notre Sauveur, là fubftance du pain du vin fe change au vrai corps &

au vrai fang de notre Seigneur, quoiqu'invifibles tous les deux. Par ce mot: Communion, on entend manger réellement l'hoftie ou le pain confacré qui, contenant en entier tout le corps: de notre Seigneur, renferme conféquemment fon précieux fang. Auffi,, fans être Prêtre, quiconque s'approche de cette Table céleste,, y participe auffi complertement que le Prêtre, quoique celui-ci feul, prenne la boiffon du calice que notre même Rédemp. teur a inftituée pour le complément & l'intégrité de la Cène. Il est donc: néceffaire, en quelque manière que facri fie le Prêtre, au nom de J..C.de l'Eglife: ou du peuple, que les affiftans interviennent toujours au Sacrifice, & facrifient: avec le Miniftre. Ils. font tacitement: avec lui l'oblation,, prononcent les mêmes prières, & le Prêtre les préfente à Dieu comme leur Ambaffadeur & leur représentant.. Ainfi que le

Miniftre, quiconque, parmi le peuple, a les difpofitions néceffaires, peut recevoir réellement notre Seigneur dans fon Sacrement. La Confécra tion eft le feul point qui appartienne exclufivement au Prêtre. Perfonne, excepté lui, n'a le pouvoir de confacrer le pain & le vin, & de le changer au corps & au fang de N. S. Quant au refte, il est certain que le peuple qui affifte à la Meffe & qui s'unit au Miniftre, fait avec lui le Sacrifice. Cette vérité eft prouvée par les paroles mêmes de la fainte Meffe, comme je le démontrerai bientôt. Je ne ferai qu'obferver en paffant que le Prêtre, retourné vers le peuple, lui dit : Priez, mes frères, que mon Sacrifice & le vôtre foient reçu de Dieu le Père tout-puissant, & lui foit agréable (1). C'eft ce qui

(1) Orate, fratres, ut meum ac veftrum facrificium acceptabile fat apud Deum omnipotentem,

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