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Mystère de la Très-Sainte Trinité. La récitation de ce Symbole n'eft, dans le fond, qu'un Acte de Foi tel que toute perfonne inftruite le fait, ou a l'intention fecrette de le faire; c'est même la feule condition qui puiffe le rendre méritoire. Ainfi, quand nous nommons Dieu, quand nous le prions de nous aider, quand nous l'appelons en témoignage de la vérité, nous entendons alors parler de la Trinité, c'està-dire, de ce Dieu tout puiffant & invisible, qui a tout créé de rien, qui eft préfent par tout, qui fait jouir dans le Ciel les Anges & les Saints de l'immensité de fa gloire, & qui defire nous faire partager à tous le même bonheur. C'est donc à ce Dieu, notre fouverain maître, notre unique bien, que nous devons nous adreffer, & lui rapporter tous nos hommages: c'est à lui que nous devons confacrer les prémices d'une dévotion qui eft tellement nécef

la

faire, que d'elle dépend notre falut. Cette dévotion doit avoir pour base la crainte & l'amour. Dieu eft infiniment bon & faint: il n'aime que la vertu, & déteste le vice; il nous commande la pratique de fes Loix, fi nous ne voulons pas être efclaves de notre cupidité il a le pouvoir ainfi que volonté, de châtier quiconque lui désobéit: de-là découle la néceffité de ne point l'offenfer, pour ne pas éprouver fa colère. Cette crainte de Dieu est le principe de la fageffe, que les Juftes mêmes ne doivent jamais bannir de leur cœur. Les pécheurs peuvent-ils se vanter de le craindre, lorsqu'ils l'oublient dans les accès des paffions les plus déréglées, ou que, dans une confiance téméraire de rentrer en grace avec lui quand il leur plaira, ils fe plongent avec fécurité dans les défordres les plus hon

teux.

Outre la crainte, la vraie dévotion

pour

exige néceffairement l'amour de Dieu. Le Commandement fuivant eft affez connu: tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton ame, de tout ton efprit. Pouvons-nous faire moins pour un père & un maître aussi bon, dont tous les attributs, pour peu que nous y réfléchiffions, nous raviffent d'étonnement & d'admiration. Il est une infinité de motifs pour l'aimer & lui faire connoître, plutôt par nos actions que par nos paroles, cet amour dominant qui nous doit empêcher de l'offenfer; je ne parlerai, dans un fujet auffi vafte & auffi touchant pour un vrai Chrétien, que de l'obligation continuelle où nous fommes de faire, le plus que nous pourrons, de ces Actes d'amour. Nous ne devons jamais perdre de vue que Dieu, pour nous exciter à l'aimer & à fuivre fa Loi, nous propofe une récompenfe infinie, un bonheur au-deffus

au-deffus de nos mérites & de notre penfée, & que (comme nous le dirons enfuite) c'eft l'obfervance de fa Loi, qui fait la preuve de l'amour que nous avons pour lui. Nous devons donc nous attacher uniquement à lui, non-feulement parce que fes perfections ineffables, doivent nous le faire aimer par-. dessus tout, mais encore par intérêt perfonnel: il a daigné nous affurer que fa jouiffance feroit le prix d'un attachement que nous devrions avoir pour lui, fans aucun efpoir, de récom penfe, & qu'il couronneroit une obéiffance qui eft un devoir pour tout fer, viteur envers fon maître.

Le premier Acte de notre dévotion doit être d'adorer Dieu fpécialement dans fon Temple, comme, dans l'eng droit où, affis fur un trône invisible il donne plus particulièrement audience à ses fidèles; c'est là que nous devons élever pos cœurs & nos efprits, pour

B

res,

reconnoître fa grandeur, notre dépendance, & l'immenfité de fa clémence & de fa bonté : nous devons l'y bénir, faire des voeux pour fa gloire & l'accomplissement de fa volonté; en un mot, n'avoir jamais d'autre but dans nos actions, même les plus indifférentelles que le travail, les repas & le repos: c'eft l'intention de l'Eglife, en nous enfeignant de nous fervir fi fouvent du figne de la croix; proteftation réelle de notre part, de vouloir faire toutes nos opérations au nom du Père, du Fils & du Saint Efprit. C'est le même Esprit qui a confacré dans l'Eglife cette courte prière: gloire foit au Père, au Fils & au SaintEfprit. Ainfi foit-il, c'eft-à-dire, c'eft

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que nous deftrons: Miférables créatures que nous fommes! furchargées de pêchés graves ou légers, qui nous rendent plus ou moins coupables, à qui devons-nous avoir recours pour en

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