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vient aux circonftances & aux lieux. Quant à moi, je pense que lorsque peu de perfonnes fe préfentent pour communier, il eft mieux qu'elles le faffent après le Prêtre; mais il faut les remettre après la Meffe lorfque le nombre des Communians eft trop confidérable.

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CHAPITRE

X X.

De la dévotion envers les Saints..

L me reste à parler de la dévotion envers les Saints, qui fait une partie confidérable de la piété, & fur laquelle le peuple a grand befoin d'être inftruit, pour ne pas tomber dans des: abus. D'un côté les. Hérétiques rejettent abfolument l'invocation des Saints,. & de l'autre, les Ruffes & les Chré-tiens d'Orient donnent à ce fujet dans: plufieurs excès. L'Eglife, qui tient le milieu entre les deux fectes, a fu

fe préferver également de leurs erreurs; il eft conféquemment très-important de connoître fes dogmes à ce fujet. Les Saints ont reçu dans le Ciel le prix de leurs vertus, & la récompen→ fe d'une vie paffée dans la fainteté & la perfection que nous impofe l'Evangile ils font heureux, & jouiffent de leur Dieu, dont ils font les favo ris pour toute l'éternité: femblables aux Anges, ils méritent que nous leur rendions fur la terre nos hommages & notre vénération. Le fiécle a fes héros, dont la grandeur eft fouvent ternie par bien des vices. Les Saints font les héros du Chriftianifme, & bien plus dignes de nos refpects, puifqu'ils font les modèles de toutes les vertus: auffi S. Auguftin ne craignoit-il de leur donner le titre de héros que parce que la Religion s'oppose à une pareille façon de parler. L'Eglife, en établiffant des Fêtes en leur hon

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neur, a pour but d'honorer Dieur dans fes Saints, & de célébrer la mémoire des perfonnages qui ont fi bien profité de fes dons; mais elle fe propose encore deux points plus importans: & plus avantageux aux fidèles: le premier, fondé fur la plus ancienne tradition, & confirmé par les Pères de tous les fiècles, eft de nous faire clairement connoître ce qui peut nous: être le plus utile auprès de Dieu pour en obtenir les grâces temporelles & fpirituelles. Le fecond, c'eft que ces ferviteurs de Dieu ont confervé dans le Ciel cette ardente charité qu'ils avoient fur la terre pour Dieu & leur pro chain, qu'ils n'aimoient que pour lui.. Ce feu divin n'a pu que s'augmenter: dans le foyer même de la charité ; auffi il exifte une Communion entre: les Saints couronnés dans la gloire, & PEglife militante fur la terre; elle: nous rappelle à leur fouvenir, & les

intéreffe en notre faveur. Toutes les fois que nous invoquons leur fecours, ils voyent en Dieu nos prières, ils les lui préfentent accompagnées des mérites de notre divin médiateur, & nous obtiennent aifément tout ce qui peut nous fanctifier. L'invocation des Saints eft donc un moyen utile & louable pour fléchir Dieu ; la Religion nous le recommande, & nous offre des Litanies pour les prier d'intercéder en notre faveur. La feconde intention de l'Eglife, en nous faifant célébrer les Fêtes des Saints, eft de nous mettre fous les yeux des modèles vivans de toutes les vertus, afin qu'en voyant ce qu'ils ont fait pendant leur vie, & la récompenfe ineffable qu'ils ont reçue, nous ne confervions que du mépris pour les biens caducs & fragiles de cette vie, & que nous nous piquions d'émulation pour les imiter. C'est là. ce que les faints Pères & les. Minif

tres ne ceffent de nous répéter dans leurs panégyriques. Un moyen encore fûr de suivre la route que nous ont tracée les Saints, eft de lire leur hiftoire & leur vie, quand elle eft compofée par des Auteurs éclairés & bons critiques.

Tels font les dogmes de l'Eglife fur les habitans de la Jerufalem célefte, Mais comme l'ignorance & une dévotion peu réglée occafionnent fouvent des abus, l'Eglife, pour y remédier, nous enfeigne les vérités fuivantes Aucun des Saints ne peut, fans impiété, fe croire ou s'appeler Dieu. La foi ne reconnoît qu'un feul Dieu, feul dans fon effence & en trois Perfonnes; les Saints ne font que les ferviteurs de Dieu; & quoique leur dignité foit éminente par rapport à nous, elle ne peut jamais être comparée avec la majefté ineffable de Dieu: elle n'eft rien, pour ainsi dire, relativement à

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