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CHAPITRE II I.

De la dévotion envers N. S. J. C.

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L N'EST point de fidèle, quelque peu inftruit qu'il foit, qui ne connoiffe J. C. & le culte qu'on lui doit. Le peuple groffier ne fait point fe former une idée jufte de Dieu, c'està-dire, de la Sainte Trinité, parce que Dieu est un Esprit immenfe & invifible, qui ne tombe point fous nos fens. Quoique le pinceau des Peintres, pour s'accommoder à notre imagination nous en ait voulu donner une image fenfible, en repréfentant Dieu le Père fous la forme d'un vieillard vénérable, qui tient le monde dans fa main, & le Saint-Efprit comme une colombe; pareilles images font trop éloignées de la Divinité pour s'y arrêter: le Père éternel ne peut avoir aucun rapport aux chofes créées, ni être caractérifé

par

des membres humains, ou par les rides de la vieilleffe. L'Efprit-Saint, quoiqu'ayant emprunté plufieurs fois la forme d'une colombe ou de lan

gues de feu, ne participe en rien à ces objets terreftres. Il n'en eft pas de même de la feconde Perfonne de la Sainte Trinité, du Fils de Dieu; comme il s'eft fait homme, les gens les plus groffiers peuvent le voir tel qu'il a exifté, dans les images qui nous l'offrent enfant, adolefcent, ou crucifié : quoiqu'on ne puiffe pas y repréfenter La divinité, les portraits de fon humanité nous indiquent que c'eft JefusChrist, vrai Dieu & vrai homme, le Sauveur du monde...

Il faut obferver maintenant que la dévotion du Chrétien envers cet hommeDieu n'eft pas feulement un de fes devoirs le plus importants, mais qu'elle eft une condition néceffaire pour obtenir la vie éternelle. Examinons avec atten

tion les œuvres admirables de ce divin Sauveur, dans le temps de fa Miffion; arrêtons-nous à toutes fes humiliations, à toutes fes douleurs, & principalement à fa paffion & à fa mort fur la croix pour qui tous ces fuppli→ ces? C'est pour nous affurément, puifque, par fa nature, fa nature, il étoit l'innocence même, & n'avoit aucun befoin d'expiation. Si notre cœur eft fufceptible de reconnoiffance, peut-il oublier un inftant les preuves d'un fi grand amour, & ne pas payer du retour le plus parfait, les bienfaits dont Dieu nous a comblés, & qu'il ne ceffe à chaque inftant de nous faire éprouver..

Une feconde remarque à faire, est que tout bien fpirituel doit être rapporté à J. C, auteur de toute grace. Par le péché originel nous étions enfans de colère; cette tache est effacée par les Eaux falutaires du Baptême, & nous devenons enfans adoptifs de Dieu,

C'eft J. C. qui nous obtient le pardon de toutes les fautes que notre dépravation ou notre foibleffe nous ont fait commettre, pourvu qu'elles foient accompagnées d'un fincère repentir: il eft le feul médiateur entre Dieu & les hommes; il n'eft point de graces qu'il ne puiffe nous obtenir avec le précieux fang qu'il a répandu pour nous, & qu'il ne ceffe d'offrir à fon Père pour les hommes. C'eft lui qui, ainfi que nous l'avons dit, nous a rendu nos titres à la gloire éternelle; le Paradis ne peut s'ouvrir que par lui, & nous n'y entrerons que par J. C. que par les mérites de cet Agneau de Dieu, victime qui peut feule suppléer à nos démérites; conféquemment, c'est à lui feul que fut donné & que peut convénir le nom de Sauveur. Quel nom, pour lui concilier notre amour, pour nous rappeler l'obligation' perpétuelle de nous recommander à lui, & de

placer en lui toute notre confiance! C'eft en lui que réfident notre efpérance & notre fecours. Eh! que ne peut-il pas nous obtenir de fon Père, puisqu'il lui eft confubftantiel? Mais comme

homme encore, il peut tout, puifque l'Evangile nous apprend que fon divin Père lui a tout remis en main, & lui a donné un pouvoir fans bornes fur terre & dans le Ciel.

Nous pouvons, en conféquence; adreffer directement nos prières à ce divin Sauveur, pour qu'il nous pardonne nos péchés, puifque l'Eglife elle même nous enfeigne qu'il en a le pouvoir. Cependant, le moyen dont nous devrions user le plus fouvent, ainfi que nous l'avons dit, feroit d'implorer la miféricorde de Dieu le Père, qui eft auffi le nôtre, & toujours au nom & par les mérites de J. C. qui peuvent feuls nous attirer des graces de l'Auteur de tout bien. Enfuite,

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