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de précepte que pour les perfonnes obligées aux heures canoniales. Quiconque n'invoqueroit jamais la fäinte Vierge ou les Saints, pourroit fe rendre fufpect de croire leur invocation illégitime ou inutile; par cette raifon, j'approuverois affez la conduite de ceux qui confacrent un jour de la femaine honorer quelque Saint; mais en par-ticulier, je ne pourrois jamais regarder comme bien réglée, la dévotion d'un Chrétien qui mettroit: plus de ferveur à célèbrer pareille. Fête, que le Dimanche, qui appartient effentiellement à Dieu. Envain l'on dira que l'invo-cation des Saints a paru fi importante, que leur office exclur celui du Dimanche, quand la Fête tombe à pareil jour. L'on peut répondre à cela que cet ufage doit être refpecté quand il eft établi & réglé par la prudence des Pafteurs qui ont l'infpection de la difcipline. J'obferverai cependant que

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dans les premiers fiècles, l'office d'au cun Saint ne pouvoit empiéter fur cefui du Dimanche, jour confäcré à Dieu feul, appelé par excellence: Dies: Do-mini,hac dies quam fecit Dominus: Le: jour du Seigneur, le jour qu'a fait le Seigneur. L'Eglife Romaine a confervé cet ancien rit pendant tous les Di-manches de l'Avent &: du Carême ;; Eglife Ambroifienne, plus jalaufe encore de l'ancienne difcipline, l'a gar dé pendant tous les Dimanches de l'année. On aura beau alléguer que toute la gloire des Saints fe rapporte Dieu; qu'en honorant leur mémoire: le Dimanche, c'eft à Dieu que nos Hommages s'adreffent, puifque c'eft de: lui que découle leur fainteté ; il fera toujours vrai de dire qu'il feroit plus. conforme à la difcipline de l'Eglife: de célèbrer le Dimanche, ainsi que le porte fon inftitution, & d'adreffer à Dieu, directement nos prières & noss

louanges. Quoiqu'on honore le Prince dans fes courtifans; cependant fi ce même Prince ordonnoit une fête folennelle pour recevoir les vœux & les refpects de fes fujets, feroit-on alors fondé à ne faire la cour qu'à fes Miniftres? En outre, un grand inconvénient qui réfulte de tous les offices & des Meffes des Saints, c'est que toutes ces belles leçons, tous ces pfeaumes touchans, toutes ces prières édifiantes dont font compofés les of fices, non-feulement du Dimanche, mais encore des Féries, nous deviennent abfolument inutiles. C'eft la confidération de ces vérités, qui fit propofer à Rome, il y a quelques années, d'abolir tous les offices des Saints, & de fe contenter feulement de faire mémoire d'eux lorfque leur Fête arri veroit le Dimanche. J'ignore ce qui peut avoir empêché un Réglement auffi fage; tout ce que je fais, c'eft que

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le vénérable Cardinal Thomafi, Prélat - non moins refpectable par fes lumières que par fa piété, a obtenu, de notre temps, du S. Père, la permiffion de dire toujours l'office de la Férie, tant il étoit convaincu qu'il trouveroit dans pareille pratique de quoi nourrir fa piété; & que les Saints qu'il vénéroit & qu'il invoqoit, ne manqueroient pas d'approuver fa conduite. Il s'en faut bien que cette façon de penfer foit celle de tous ces Panégyristes enthousiastes, qui voudroient attirer tout l'univers dans leurs Eglifes. Si nous ne pouvons pas nous flatter d'obtenir ce que nous defirons, qu'il nous foit permis au moins de faire des vœux pour la modération dans le culte des Saints. On répéteroit sans ceffe que les Fêtes ne font faites que pour célébrer Dieu, admirable en lui-même & dans fes Saints, toujours eft-il vrai de dire que le Dimanche ceffe pour

ainfi dire d'être la Fête du Seigneur, lorfqu'à l'office du jour on y fubfti tue celui d'un Saint.

CHAPITRE X X I.

Des Fêtes, & de la dévotion qu'elles exigent.

Six jours de la femaine font employés par les gens du monde, & même par la plupart des Eccléfiaftiques, à leurs occupations temporelles & journalières. La feule loi naturelle exigeoit qu'il y eût un temps déterminé, confacré par l'homme, à rendre à fon Créateur & à fon Rédempteur le culte qu'il lui doit. Il étoit jufte que certains jours fuffent particulièrement em ployés à penser à cette ame immortelle qui nous anime, & qui doit vivre éternellement; auffi Dieu commandaque chaque feptième jour de la fe

-il

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