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l'Eglife, dans les premiers fiécles, or donnoit les Saints banquets, les baisers entre les fidèles, & les Vigiles pendant la nuit ; cependant, à raifon des défordres qui s'enfuivoient, elle a jugé propos de les défendre. Quand il s'agit d'ufages bons, quant au fond, mais dont l'abus paroît certain, eft-il fage de conferver un bien lèger, mais peu fûr fous prétexte qu'il en peut réfulter un mieux? & quand cela feroit, écoutons là-deffus l'Apôtre: » (Et ce que je » lui demande,eft que votre charité croif» fe de plus en plus en lumières, afin » que vous fachiez discerner ce qui est » le meilleur (1) ». Je n'étendrai pas plus loin ces réflexions, & je conclus que toute opinion particulière eft fubordonnée au jugement de la fainte Eglife notre Mère, & que nous devons nous foumettre à tout ce qu'elle approuve ou

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(1) Ad Philippenfes. c. 1. V. 9.

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ce qu'elle permet. N'oublions pas encore que cette même Eglife, dans le faint Concile de Trente, ordonne à tous les Supérieurs Eccléfiaftiques, de veiller à ce qu'il ne fe faffe point de Proceffions prophanes & théâtrales, qui, loin d'a nimer la piété, n'excitent que le tire ou le fcandale. Que penfer, par exemple, de ce qu'on voit dans certains pays éloignés de l'Italie & voifins des Hérétiques, où règnent les abus les plus crians fur l'article des images & des statues! J'ai dit hors de l'Italie, quoiqu'à ce fujet encore elle ne foit pas fans reproche, & qu'on voie dans certaines villes, aux Proceffions du S. Sacrement, les folies les plus fcandaleufes, & les mafcarades les plus indécentes. Pareils fpectacles font-ils faits pour exciter la dévotion? Ils peuvent bien fervir à la distraction & à l'amufement du peuple, maisil ne feront jamais goûtés des gens fenfés, qui n'aiment la décoration dans

le culte, qu'autant qu'elle ne fait point perdre le but effentiel de la piété. Le devoir le plus important des Pasteurs, est d'instruire avec foin le peuple du véritable efprit de l'Eglife fur les images & les ftatues. Il ne fuffit pas d'expliquer la doctrine chrétienne aux enfans qui, ou n'entendent point, ou oublient facilement les inftructions; elles font d'une néceffité & d'une utilité plus directe aux adultes, pour ne pas donner dans des fentimens que grand nombre de Théologiens regardent comme des fautes très-graves, Je pourrois m'étendre beaucoup là-deffus, mais j'aime mieux faire parler à ma place les Pères du Synode de Mayence, tenu en 1549, & dont les décrets fe trouvent dans la collection des Conciles. Voici le quaranteunièmeCanon: (Nous recommandons » inftamment de conferver dans nos) sEgli» fes l'ufage des images, comme très» utiles pour instruire le peuple & exciter

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» la dévotion; pourvu cependant que les Pafteurs ayent le plus grand foind'aver"tir les fidèles, qu'elles ne font point fai »tes pour être adorées, mais pour nous rappeler feulement ce que nous devons » vénérer & adorer, & en général tout ce » dont il nous eft avantageux de nous »reffouvenir. Quant aux peintures indé»centes, ou celles même dans lefquelles » on voit que le Peintre n'a penfé qu'à

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lupté, nous les défendons abfolument; » bien fûrs fi que un Père de famille ne peut pas, fans être coupable, en faire l'ornement de fa maison, elles doivent être intolérables dans les Tem

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ples)».LesPères du mêmeConcile s'expriment ainfi dans le quarante-deuxième Canon: » (L'ufage utile & légitime » des images doit être renfermé dans de » telles bornes, que le fimple peuple ne »puiffe jamais être induit à les adorer ou » à y mettre fa confiance, mais qu'elles

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» lui faffent comprendre qui il doit adorer, connoître les Saints qu'il faut hono»rer, & celui dont nous devons tout at» tendre.Voulant prévenirtoutefurpersti» tion, fi par hafard les Ordinaires des » lieux s'appercevoient qu'il y eût con» cours à quelque image, & que par un » faux refpect pour elle on lui attribuât quelque pouvoir qui n'appartient qu'à » la Divinité; en ce cas ( de l'avis des » Théologiens & de perfonnes pieuses, » bien inftruites de l'ancienne & vraie » doctrine) nous leur ordonnons d'enle» ver cette image, ou de la changer en en » remettant une autre, abfolument différente de la première, afin que le peuple ignorant, & qui, vu fa groffiereté, est fait pour s'élever aux chofes fpirituelles par le moyen des corporelles, n'aille point, contre l'intention de l'Eglife, » placer fon espérance dans une image quelconque;comme fic'étoit une nécef» fité d'y avoir recours, & qu'on ne pût

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