Page images
PDF
EPUB

» que par elle obtenir de Dieu & des » Saints ce qu'on leur demandent. » Cette Ordonnance faite, comme on »l'a dit, de l'avis des Théologiens & » de perfonnes fages, n'a lieu que pour "préferver le peuple du péché de l'idolâtrie, au moyen des précautions fages que prendront les Ordinaires pour l'en » préferver)

[ocr errors]

3

JE

CHAPITRE XXIV.

Des autres dévotions populaires.

́ETONS un coup d'œil fur les autres dévotions, qui font particulières au peuple: je vois parmi lui des chapelets, des médailles, des fcapulaires, des Agnus Dei, des Confrèries, &c. (1),

(1) Je n'ai pas traduit ici Muratori, parce qu'il rapporte plufieurs genres de dévotions qu'on ne connoît point en France.

& je ne fais combien d'autres inventions de la piété; je n'ai envie d'en blâmer aucune, mais je rapporterai à ce fujet un trait que je tiens d'un Gentilhomme qui avoit beaucoup voyagé, & beaucoup profité de fes voyages. Se trouvant en France, il s'arrêta quelques jours à Cambrai pour y voir M. de Fénélon; ce fameux Prélat avoit été prié de fe charger de la converfion de deux jeunes demoifelles Angloifes, qui étoient nées dans l'erreur du Calvinisme; ce ne fut pas un travail bien difficile au faint Archevêque de leur faire connoître la vérité de nos dogmes, & les erreurs de leur fecte. Un jour qu'il leur avoit expliqué toutes les cérémonies de notre Religion, il leur demanda ce qu'elles en penfoient: Monfeigneur, lui répondit l'une des deux, la Religion de Calvin me paroît trop nue, & la Catholique trop habillée. Elle vouloit dire par-là qu'elle voyoit dans la Religion

Romaine tant d'Ordres Religieux, tanr d'inftituts différens, tant de rits, tant de cérémonies, qu'elle lui paroiffoit étouffée fous les ornemens. Le fage Prélat ne manqua pas de lui obferver que de pareils vêtemens n'avoient par eux-mêmes aucune indécence, qu'ils ne font oppofés ni aux dogmes de l'Eglife, ni aux principes de la piété; qu'il eft libre à chacun de les porter, felon qu'il le juge 3 propos; enfin, qu'ils peuvent être d'une grande reffource pour la piété, quand on s'en fert avec intelligence & difcrétion. D'ailleurs, peut-on dire combien l'homme eft partisan de la nouveauté; c'est à qui trouvera des moyens nouveaux d'exciter la piété, les uns par un véritable amour de la Religion, d'autres par émulation, & d'autres enfin par des motifs différens. Comme on a toujours inventé, & qu'on invente à chaque inftant, depuis que le monde exifte, il ne faut pas s'éton- !

[merged small][ocr errors]

ner que les pratiques anciennes & modernes fe trouvent en fi grand nombre, qu'elles paroiffoient plutôt accabler fous leur poids notre fainte Religion, que lui fervir d'ornement. Pareille dévotion, ou plutôt pareils fignes de piété, n'étant pas défendus > étant même approuvés par l'Eglife, font non-feulement licites, mais même louables. Si l'Hérétique Jurieu, ainfi que les gens de fa fecte, s'en mocquent & les condamnent comme une fuperftition, qui prend la place de la vraie piété, aucun d'eux n'a prouvé ni ne prouvera jamais que l'inftitution en foit mauvaife & puiffe déplaire à Dieu; au contraire, ces pratiques, fagement réglées, ne font qu'un moyen de plus d'honorer Dieu & fes

Saints.

Certainement l'Eglife' n'a jamais fait confifter la vraie dévotion dans ces fignes extérieurs; mais ils condui

S

fent fouvent le peuple à ce qui fait l'effence du Chriftianifme, & voilà pourquoi l'Eglife les fouffre & les арprouve. Nous ne nierons pas qu'il peut arriver que des gens fimples en abusent; un homme, par exemple, dans l'habitude du péché, peut croire fe préferver des maux temporels, ou ne jamais mourir dans la difgrâce de Dieu, au moyen de quelques prières récitées dans certains temps; mais ces excès n'ont d'autre principe que l'aveuglement ou la dépravation de quiconque ignore ou ne veut point connoître la doctrine pure de l'Eglife Catholique; il eft certain qu'elle abhorre & rejette toute espèce de fuperftition, & que les abus dont je viens de parler, font fpécialement condamnés. Je vais rapporter à ce fujer ce qu'on lit dans le Concile Provincial tenu à Cambrai en 1565. (Art. 19.)» ( On doit » enseigner au peuple (il faut pefer les

« PreviousContinue »