Page images
PDF
EPUB

manquer d'offrir avec confiance au Père Tout-puiffant cette célefte victime, en le priant au nom de fon Fils bien aimé, d'être propice aux fidèles trépaffés. Une offrande de cette espèce, ne peut manquer d'être profitable, non pas en raifon de nos prières, mais par les mérites infinis de l'Agneau fans tache, qui s'offre fans cefle pour les vivans & les morts à fon Père célefte & miféricordieux.

On devroit enfuite faire fentir au peuple la valeur de l'aumône; fi elle n'a pas autant de prix que le Sacrifice, l'Ecriture & l'Eglife nous apprennent qu'elle eft un moyen trèspuiffant pour foulager les trépaffés. Mais, direz-vous, je ne peux pas faire l'aumône; eh bien; adreffez-vous humblement à notre fouverain Maître, & votre prière ne peut manquer d'être accueillie par celui qui nous affure que nous obtiendrons tout ce

que nous demanderons au nom de J. C. L'aumône la plus légère du

pau

vre pèfe autant dans la balance de Dieu que l'or du riche. C'est l'Evangile qui nous en affure; ainfi les pauvres ne doivent pas avoir la crainte déplacée que les ames de leurs parens reftent oubliées dans l'autre vie. Dieu a pourvu à tout; mais ce qu'on ne fauroit trop fouvent répéter, c'est que Dieu n'abhorre rien tant que la cupidité dans fes Miniftres; que c'est une chose infâme que de faire un trafic de la Religion, & d'employer la doctrine & les préceptes de l'Eglife à des avantages mondains & temporels. Rien n'eft plus capable de faire trembler, que les reproches que fit à ce fujet notre Seigneur aux Prêtres de l'ancienne Loi.

CHAPITRE X X V.

De la dévotion extérieure néceffaire au

PERSONNE

Chrétien.

ERSONNE n'ignore que la vraie dévotion eft intérieure, & réfide dans le cœur vraiment attaché à Dieu, & au prochain pour l'amour de lui; dans un cœur toujours prêt à obéir à fes Commandemens, & à n'attendre que de lui fon fecours & fes mérites. Notre devoir cependant ne fe réduit pas à cette dévotion interieure, & les actes extérieurs doivent prouver les fentimens de l'ame. Nous avons déjà traité ce fujet; il fuffit d'ajouter que nous fommes affujettis à cé devoir, autant pour notre prochain que pour Dieu. Quiconque nous verrà lui manquer de refpect, ne peut que fe fcandalifer ou s'autorifer de notre

exemple pour en faire autant. Et voilà pourquoi l'on entend fi fouvent les Prédicateurs tonner dans les chaires contre le manque de refpect dans les Eglifes. Je ne m'arrêterai pas à prouver combien il eft révoltant qu'un Chrétien fe tienne immodeftement dans les Temples, y paffe le temps à caufer, parler de nouvelles, & trop fouvent de fes défordres; nous ne devrions nous y préfenter que dans l'attitude de pécheurs qui viennent fupplier, & nous y paroiffons avec l'air diffipé de gens qui vont à des affemblées mondaines ou au théâtre. Tout cela vient de n'être pas pénétrés de la présence de Dieu, de ne pas réfléchir qu'on ne va dans fon Temple que pour lui parler, & que ce même Dieu exige de nous un redoublement de ferveur & de refpect dans toutes les fonctions de l'Eglife, & principalement dans le Sacrifice de la Meffe.

C'eft un fcandale révoltant que de voir des Chrétiens dans des proceffions, où ils font fous les yeux & en la présence de leur Maître, ne pas y paroître dans le filence & le refpect le plus profond; ils femblent n'y affifter que pour promener leurs regards de tous côtés, fe faire voir & être vus; enfin, ne fe mettre à la fuite de J. C. que pour l'infulter, & brever le châtiment de leur impiété. Quel fpectacle au contraire plus touchant que celui qu'offrent ces Chrétiens, qui, le corps & le cœur dans l'humiliation, prouvent les fentimens de leur ame par la modeftie de leur extérieur, & femblent voir des yeux du corps tout ce que la foi leur

ordonne de croire.

C'est un devoir particulier pour les Eccléfiaftiques, de faire connoître à l'extérieur les fentimens de Religion qui les animent. Ce n'est pas l'habit

« PreviousContinue »