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Je ne peux qu'approuver la Police d'une de nos villes d'Italie, où les femmes ne paroiffent jamais que voilées dans les Eglifes. Je fais qu'il réfulteroit beaucoup d'inconvéniens qu'elles marchaffent ainfi dans les rues ; leurs ;; démarches alors feroient ignorées, & les libertins pourroient tirer parti de pareils déguisemens; mais dans les Eglifes où l'on ne fe rend ni pour voir ni pour être vu, où Dieu eft le feul objet qui doit nous fixer, ne feroitil pas à defirer que le voile devint un ufage général pour les femmes ? Dans quelque pays les jeunes demoiselles ne paroiffent jamais que le vifage caché par une coëffe ou un voile; comme elles font toujours accompagnées par leur mère ou fuivies par une gouver nante, cette précaution devient alors rempart le plus fûr de leur modeftie. N'eft-ce pas là ce que confeilloit ou plutôt ce que nous commandoit

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Cor. c. II. 5. 10.

l'Apôtre, lorfqu'il vouloit que toutes les femmes priaffent dans l'Eglife avec la tête couverte. Nous tenons des faints Pères que c'étoit anciennement une coutume générale. L'ufage contraire a prévalu depuis, mais les mêmes principes d'honnêteté & de pudeur qui l'avoient établi, fubfiftent toujours. Autrefois, dans les Eglifes, les hommes étoient toujours féparés des femmes. S. Charles Boromée, qui eft au-deffus de tous les éloges, a retabli cet usage dans l'Eglife de Milan, & fon exemple a été fuivi par le Cardinal Thomafi,&quelques autres Evêques dans leurs diocèfes; mais quel en a été le fruit? Peu à peu la règle a été fecouée, & notre corruption eft telle, que cette coutume n'a plus lieu que dans quelques campagnes. Je dois dire encore un mot fur l'ufage affez connu en Italie, de s'engager par vœu ou par dévotion de porter l'habit d'un Ordre Religieux;

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Religieux; je n'oferois pas ouvertement le condamner, mais je ferois bien tenté de la placer dans la claffe des dévotions fuperficielles; que fertil en effet de reffembler aux Saints. par leur habit, fi notre conduite ne rappelle pas leurs vertus ?

CONCLUSION

DE LOUVRAGE.

CHAPITRE X X VI

On peut concluré de tout ce que

nous avons dit, que l'effence de la Religion dans tout Chrétien, confifte principalement dans l'amour de Dieu & du prochain; cet amour doit fe prouver par les faits & non par les paroles, c'est-à · dire, nous déterminer à fuir le mal qui déplaît à Dieu, pour ne nous attacher a qu'au bien qu'il nous conseille & nous 2 ordonne. Nous avons détaillé tous les

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moyens néceffaires pour parvenir à ce but; nous avons en même temps fait connoître cette dévotion fuperficielle, qui, n'ayant que l'écorce de la piété, ne profite pas de la loi de Dieu pour nous -corriger de nos vices, & ne s'attache qu'à regler l'extérieur. A quoi fervent en effet des habits: pauvres & négligés, l'air de retenue & de mortification, la fcience même de la Théologie & des chofes fpirituelles; ce ne font là que des fignes douteux & équivoques de dévotion. Il faudroit pouvoir fonder les cœurs, & l'on verroit fouvent au lieu de l'humilité, qui eft la bafe de toutes les vertus, la préfomption & l'orgueil être le principe de nos actions. Tant que l'amour de Dieu & du prochain ne régnera pas dans nos cœurs nous aurons beau prier, jeûner, vivre dans la mortification, nous ne ferons que des cimbales retentillantes qui rendront un vain bruit. Un pauvre payfan qui, aprè

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avoir entendu la Meffe le matin, s'abandonne, à Dieu, & emploie avec rélignation toute la journée à travail

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pour vivre; s'il eft doux dans fon intérieur, humble envers tous, retenu dans fes propos, ennemi de la fraude; s'il évite les occafions du péché, s'ii emploie fon temps à prier Dieu les jours de Fêtes & de Dimanche; ce paysan, dis-je, en fait plus que les Théologiens les plus fameux, dont les mœurs ne répondent pas aux lumières. Jetons les yeux encore sur cette femme, qui, jaloufe de conferver fa pureté, non-feulement ne recherche pas, mais fuit avec foin tous les fpectacles mondains; qui fupporte avec patience les humeurs d'un mari débauché, ou d'une bellemère acariâtre. Uniquement occupée du foin de fa maifon & de l'éducation de fes enfans, elle trouve avec peine le temps de fe rendre les jours de Fêtes à l'Eglife, pour y participer au ban

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