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» ble chagrin quand je vois le peu de foin qu'ont quelques Chrétiens d'obferver les préceptes falutaires que les livres » facrés nous recommandent; les efprits font tellement aveuglés par des idées » fauffes ou des préjugés, qu'on fera plus » fortement fcandalifé de voir une perfonne manquer à une pratique fouvent » indifférente, que d'en voir une autre » plongée dans l'ivrognerie

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Ce qui n'eft pas moins rare encore, eft de voir des Chrétiens attacher plus d'importance à une dévotion de choix, qu'aux devoirs importans que Dieu & l'Eglife nous impofent; on jeûnera plutôt la veille de la Fête d'un Saint qu'on aura choifi, que pendant le Carême, ou les autres jours d'obligation. »Toutes ces inventions de la piété(con» tinue le même Saint) que nous ne te» nons ni des faintes Ecritures, ni des

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Conciles, ni des Evêques, qui ne font »» point adoptées par l'Eglife universelle, Ty

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mais particulières à certains lieux, fans

qu'on puiffe découvrir le motif deleur inftitution; je penfe qu'on ne doit pas » héfiter de les abolir. Quoiqu'on ne » puiffe pas prouver qu'elles foient con» traires à la foi, elles furchargent une » Religion que Dieu, dans fa mi„ féricorde, a établie fimple & pure, » en ordonnant peu de pratiques, mais "claires & néceffaires. Notre Religion

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eft étouffée fous le poids de tant d'obli». gations, que la condition des Juifs seroit plus fupportable; en effet, quoique ils ne connuffent ni le temps de la grâce

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»ni de la liberté, au moins n'étoient-ils » tenus que des préceptes & des obfer»vances de la loi, fans être affervis par des imaginations ou des inventions hu

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Ces paroles du S. Evêque font trèsremarquables, & nous ne devons plus être furpris que, depuis tant de fiécles que la Religion de J. C. eft établie, il

fe foit introduit parmi nous quelques dévotions indifférentes, ou même fuperftitieufes, quand le même abus avoit déjà lieu il y a 1300 ans. Si S. Auguftin en defiroit la fuppreffion, quoiqu'elles ne fuffent pas contraires à la foi, que doit-on penfer de celles qui ne doivent leur naiffance qu'à la cupidité, au menfonge ou à l'intérêt? L'Eglife n'a jamais manqué de remédier à de pareils défordres, quand on les lui a denoncés. On en trouve la preuve dans les Conciles & les décrets des Souverains Pontifes, qui depuis environ 100 ans ont profcrit & défendu plufieurs dévotions de ce genre, qui avoient dégénéré en abus. Il s'étoit établi autrefois une Confrèrie fous le nom d'Efclaves de la fainte Mère de Dieu; cette dévotion devint abufive & injurieufe à Dieu même. Elle fut abolie

par ordre de Clément X, les Juin 1673. On avoit, par un trafic abomi

nable, vendu on falfifié des Indulgences; le Pape Innocent XI les fit examiner; & en ayant trouvé une grande quantité de fauffes ou infuffifantes, il les annulla toutes. En Mars 1768, le même Pape, & depuis, Benoît XIV, ont tous deux condamné un office en l'honneur de l'Immaculée Conception; dans le fonds, à quoi peuvent fervir de pareilles dévotions, fi elles ne font que fuperficielles ou fuperflues? Si au contraire elles font oppofées aux préceptes & à l'enfeignement de l'Eglife, elles doivent s'attendre aux anathenres, dont plufieurs rits, quoique très anciens, ont été déjà frappés par les Souverains Pontifes.

Enfin, S. Auguftin conclut ainfi fon raifonnement: » L'Eglife de Dieu, au » milieu de la paille & de l'ivraie, fup»porte beaucoup de chofes. Quant à celles » qui font oppofées à la foi & à la morale, » l'homme de bien ne les approuve, » ne les tait, ni ne les fait ». Nous fom

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mes encore aujourd'hui temoins de ce qui avoit lieu du temps du S. Docteur. On voit plufieurs abus, quelques opinions fauffes & condamnables, & qui ne fubfiftent que par ce qu'elles n'ont pas encore été foumifes au jugement de celui qui gouverne l'Eglife de Dieu; l'Eglife elle-même fe tait fur de pareils défordres, parce qu'elle ne les connoît pas. Mais quand il s'agit de l'honneur de la Religion & du bien des fidèles, les particuliers inftruits ont, felon Saint Auguftin, le droit de les lui dénoncer. S'il n'eft point d'inftitution fi parfaite qui ne puiffe fe corrompre avec le temps, les ennemis de l'Eglife font-ils fondés à lui reprocher des abus, dont les Catholiques inftruits gémiffent? Les Proteftans, dans leur fecte, en font-ils exempts? Eux-mêmes n'ont pas craint de me l'avouer. Ainsi, quiconque voit avec peine qu'on veut effacer de pareilles taches, n'eft à coup

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