Page images
PDF
EPUB

-

Chapitre XLIII. Le systême de conduite adopté
par les puissances pour empêcher la France
de troubler l'Europe, était contraire à l'éta-
blissement d'une paix durable et menaçait
l'Europe de plus grands troubles.

[merged small][ocr errors][merged small]

Pages.

326

336

devenir funeste, si elle devait servir à ruiner le peuple français, à le réduire aux dernières extrêmités, et il a dû renforcer la barrière qui sépare son pays du continent, pour lui épargner les excès de tout un peuple pauvre, au désespoir, et se portant partout en furieux pour se procurer le nécessaire.

On voit par ces raisons, que le gouvernement Britannique s'est moins occupé du désir de donner plus d'éclat à sa puissance, que de celui d'assurer la prospérité de son commerce et la tranquillité de son pays, et on voit pareillement que ce gouvernement est incontestablement le seul qui ait fait preuve d'habileté dans tous ces arrangemens politiques, et qu'il est le seul qui ait su procurer à sa nation de la puissance sans ambition, de la gloire sans orgueil, des avantages sans injustice, une parfaite sûreté sans rigueur.

1

C'est un grand art en politique que de savoir faire servir les passions des hommes à l'arrangement de ses intérêts, de sa puissance et de sa tranquillité. C'est ce qu'a fait le gouvernement Britannique. La nation anglaise ne sera jamais exposée à aucun danger tant que ses intérêts seront dans les mains des hommes qui en sont à présent, chargés, parceque ce sont des hommes clairvoyans et qui méditent.

CHAPITRE XLIV et dernier:

Conclusion.

Les puissances auraient pu se procurer une situation tranquille et fortunée en adoptant mon projet qui leur offrait les moyens de fonder une paix générale et invariable; mais leurs ministres ont pensé que leur systême valait beaucoup mieux, et ils ont dérobé ce projet à leur connaissance. Cependant je crois avoir démontré qu'en suivant les conseils de leurs ministres, les puissances se sont placées dans une situation incertaine, précaire, peut-être dangereuse, puisque cette situation doit dépendre des intrigues de la politique, des pas sions des hommes, des caprices des cours, des chances de la guerre. Les puissances pouvaient avoir pour amis tous les princes, tous les peuples, et elles se sont alienné bien des coeurs, et elles se sont fait bien des ennemis. Elles-mêmes l'ont senti, puisqu'elles se sont alliées pour maintenir ce systême, pour en imposer à ceux qui en seraient mécontens. L'avenir apprendra lequel des deux Bystêmes méritait d'être préféré.

"

Mon projet n'est plus exécutable de la manière que je l'avais conçu, puisque les domaines que j'avais mis en réserve pour consoler l'orgueil des

armées françaises, pour les engager à tendre les mains à des chaînes si douces, si honorables, si bienfaisantes, et qui devaient servir de dotation à l'établissement, sont partagés; puisque les républiques de Venise et de Gênes n'existent plus, puisqu'une multitude de princes, qui étaient souverains, sont à présent réduits à la qualité de sujets; puisque la république des Provinces-Unies est aujourd'hui un royaume, puisqu'enfin on en a détruit toutes les bases; mais il est encore exécutable dans la situation nouvelle où se trouve actuellement l'Europe, et ne dut-il servir qu'à empêcher la guerre, qu'à favoriser le commerce et l'industrie, qu'à faciliter le rétablissement des finances de presque tous les souverains, qu'à rendre nulle cette science appelée politique, il y aurait de l'avantage à l'adopter. J'espère dumoins qu'on conviendra que ce projet offre le moyen le plus certain d'anéantir les divisions, surtout en France; d'affermir la maison de Bourbon sur le trône, et de délivrer ce royaume d'une surveillance militaire aussi humiliante qu'onéreuse. J'espère aussi qu'on conviendra que ce projet renferme les élémens de concorde, d'union, de prospérité et de bonheur les plus souhaitables, et que son exécution procurerait à tous les souverains la plus parfaite sûreté, les plus douces jouissances, et à toutes les nations la paix la plus durable, le bonheur le plus constant. J'espère enfin qu'on conviendra que ce projet n'est point une Utopie, un plan de gouvernement imaginaire; mais qu'il est

établi sur une base solide; que les bienfaits qui en résulteraient sont démontrés, et qu'il serait facile à exécuter, si les souverains voulaient prendre la peine de le méditer et daignaient convenir de ce qu'ils y auraient reconnu de bon, de juste et de salutaire.

Les puissances alliées doivent se réunir pour prononcer sur le sort de la France. Puissent-elles porter leur attention sur ce projet qui leur indique les moyens de fixer à jamais les destinées de l'Europe.

FIN DE LA TROISIÈME ET DERNIÈRE Partie.

« PreviousContinue »