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venant aussi utile qu'elle est essentiellement agréable, satisfait à la fois et le cœur et l'esprit.

in

MÉLANGES.

SARRAN.

La chambre des notaires de Paris va, dit-on, présenter une pétition à qui de droit, pour demander des explications sur un passage d'un article inséré dans le Moniteur du 28 janvier, et par lequel il paraîtrait que l'on voudrait rendre leurs offices inutiles. On prétend que les avocats, procureurs, greffiers, huissiers-audienciers et autres, griffonnent de leur côtẻ des protestations contre ledit passage, dont l'effet légal ne tendrait à rien moins qu'à les ruiner. « La

dotation territoriale de la couronne, dit le Moni<< teur (qui plus bas nous apprend que cette dotation « est inaliénable), est la propriété de la Maison de France, au même titre que la propriété de chaque Français est la sienne. » Ce qui veut dire que la dotation territoriale de la couronne et la propriété de chaque Français sont également inaliénables, qu'on ne peut pas plus vendre l'une que Fautre. Ily a là vraiment de quoi s'alarmer, et pour les propriétaires qui ont le désir et le besoin de vendre, et pour les capitalistes qui veulent se donner le petit plaisir de devenir propriétaires, et pour la gent habillée de noir, qui vit de l'action et du mouvement résultant de la vente de la propriété, et pour les agens du fisc, et pour le député riche, mais point improvisateur, qui, désire faire son compère dans la chambre d'un avocat sans fortune, mais bavard, pour... Cependant; que ces messieurs se rassurent;

et

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ceci peut être sans conséquence: le Journal officiel, ou officieux, comme on voudra, n'est pas obligé de connaître la législation française mieux que le conseild'état, qui ne s'est pas rappelé qu'il existait une loi du 8 novembre 1814; et l'on sent bien que, depuis qu'il est obligé de charger ses longues colonnes de tout ce qui passe par la tête de nos grands hommes d'état, le Moniteur n'est pas tenu d'être universel. Nos voisins inventent, soit, mais nous perfectionnons : c'est bien quelque chose. Jusqu'à ce jour, un mari trompé n'avait recueilli chez nous que de mauvaises plaisanteries, tandis qu'à Londres une conversation criminelle est, comme on le sait, une affaire d'intérêt ou même de banque. M. Revel vient de pousser plus loin le génie de la spéculation; c'était peu de nous avoir initiés déjà par une brochure dans le secret de ses tribulations: domestiques; il annonce aujourd'hui ses Mémoires par voie de souscription, pour la bagatelle de 8 fr. L'on y verra comment Murat et Buonaparte ont ravi à M. Revel le cœur de sa femme; il racontera l'histoire du jeune Léon, fils de Mme Revel, sans être le sien; enfin, souscrivez seulement, et pour votre argent, il vous donnera tous les détails qu'un autre, à sa place, aurait eu la sottise de cacher.

L'ouvrage sera orné de trois gravures; l'une d'elles offrira sans doute le portrait de M. Revel ; il devra être aisé de le reconnaître..

Nous avons eu £ il y a deux ans, aux risques et périls de M. Rioust, l'apologie de Carnot; sans périls ni risques, l'on nous offre aujourd'hui celle de Fouché, dans les Mémoires de la vie privée de cet homme fameux, et non pas célèbre, comme le dit

à tort son panegyriste. M. Rioust s'était laissé emporter par son impatience dé célébrer les pères conscrits de la révolution, et l'on se rappelle qu'il eut la douleur de monter en voiture, et de fuir au moment même où, dans tous les journaux, il démentait la nouvelle de son évasion. Cette plaisanterie, au surplus, n'était point neuve; et le roi Joseph, qui n'était pas un roi de cœur, l'avait faite déjà aux Parisiens en 1814. Quoi qu'il en soit, ces précautions ne paraissent plus de saison; et l'éditeur des Mémoires du duc d'Otrante les présente au public avec une rare confiance; son principal but est de prouver au Gouvernement royal qu'il n'a rien de mieux à faire que d'employer les hommes de la rẻvolution, sans examen..... Nous avons long-temps cherché l'à-propos de ce conseil, sans pouvoir le deviner peut-être nos lecteurs seront-ils plus heu

reux.

L'on trouve dans ces Mémoires un peu de royalisme, un peu plus de buonapartisme, mais, en revanche, beaucoup de jacobinisme; cette proportion dans les couleurs, fait bien augurer des talens du peintre et de la fidélité du portrait, à tous ceux qui se rappellent combien l'original haïssait la triste uniformité du drapeau blanc : il n'a pas dépendu de lui d'y mettre bon ordre le 7 juillet 1815.

Voici un fragment de cet ouvrage :

« Nous garderons le silence sur l'opinion de «M. Fouché dans le procès de Louis XVI, puisque Louis XVIII a cru devoir le couvrir d'un voile, en le nommant son ministre de la police. » -Décidément la petite pétaudière du collège de Louis-le-Grand veut offrir la parodie complète des,

scènes qui se jouent sur le grand théâtre politique. Il y a trois jours, un honorable membre de la junte insurrectionnelle, fit en plein réfectoire la motion de demander le rappel des bannis pour cause de la, dernière révolte. Un second orateur dit qu'il fallait l'exiger; un troisième, qu'il était plus convenable, de l'arracher. La proposition ainsi amendée vigoureusement, fut adoptée à une majorité d'autant moins contestable, qu'on ne fit point de contre-épreuve. Les maîtres voulurent se permettre quelques obser-, vations, qui furent rejetées avec le mépris que méritent des idées gothiques de soumission et de dis-, cipline. Cette jeunesse pensante, réfléchissante, agissante, se disposait à prendre des mesures propres à repeupler le collége, ou, plutôt à le dépeupler tout à fait; mais enfin la raison, appuyée d'un piquet de gendarmerie qui tint garnison, pendant, vingt-quatre heures à Louis-le-Grand, a fait sentir à nos petits indépendans la nécessité d'ajourner, au moins l'exécution de leur projet libéral.

L'histoire ne manquera pas de remarquer que, par un hasard bien étrange, ou une combinaison bien alroce, c'est précisément le vingt-un janvier que la plupart des régicides rappelés ont fait leur rentrée dans Paris. C'est la veille que M. Hue et M. l'abbé Legris-Duval sont allés ensemble célébrer, dans un monde plus heureux, l'anniversaire du jour où le fils de saint Louis est monté au ciel.

Si M. le duc de Richelieu a commis des fautes graves et nombreuses dans le cours de son ministère, n'en est-il pas bien cruellement puni par la discussion dont il est l'objet dans la Chambre des députés? Ceux qui semblaient croire que M. de

Richelieu réunit encore un revenu considérable, në doivent plus conserver aucun doute sur sa ruine complète. S'il en était autrement, pourrait il acheter cinquante mille livres de rentes à pareil prix ? On assure que plusieurs orateurs du côté droit ont supprimé, par compassion, les discours qu'ils avaient préparés. Cette discussion nous a du moins appris deux choses fort intéressantes; c'est que M. V. d'A..." est l'honorable ami de M. B. P. de Saint-Au.....,' qui s'honore d'être l'ami et l'allié de M. Dec.... Pendant que l'honorable membre était en train de s'honorer de si belles choses, que ne s'honorait-il de sa proclamation aux habitans de la Haute-Garonne, à l'époque de l'invasion du Corse?

La Minerve va, dit-on, cesser de paraître; elle a obtenu ce qu'elle voulait; elle est achetée, vendue, payée. On assure que M. E., infatigable ami des lumières et de la liberté, dont il apprit le culté à l'école de Fouché et de Savary, va publier une feuille intitulée le Flamboyant, et que M. B. C., pour savoir quelle route tenir, prendra en main la Boussole. Est-ce que ces deux minerviens n'auraient pas été compris dans le marché, ou bien l'ont-ils trouvé si bon, que déjà ils pensent à s'en ménager

un autre?

- Les journaux ont cité l'ingénieuse distinction qu'une dame connue par les grâces de son esprit, fit en jouant au jeu des différences, entre les mots Robespierre et brigand, qui semblent d'abord les synonymes les plus exacts. Un brigand, dit-elle demande la bourse ou la vie; Robespierre demandait la boursé et la vie. Cette même dame vient de faire, au même jeu, une rencontre au moins aussi

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