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fiture groffiere n'eft point propre JEAN P. pour faire naître des penlées fines & MAFfe'e, Ipirituelles lui faifoit exiger cette déference pour fa qualité d'Auteur. C'étoit auffi dans là vûe de fa fanté qu'il aimoit à voyager, & à changer fouvent de demeure.

Il étoit d'une lenteur extraordinaire à compofer; rien ne pouvoit le fatisfaire, & il paffoit des heures entieres à limer une phrafe; ainfi tout fon travail de chaque jour se bornoit à douze ou quinze lignes ; quand on lui paroiffoit furpris de cette lenteur, il difoit que ceux qui liroient fes Ouvrages s'arrêteroient à ce qu'il y auroit de beau, fans s'informer du temps qu'il avoit employé à les faire. Auffi fut-il douze ans à compofer fon Hiftoire des Indes, fuivant le rapport de Scioppins, qui ajoûte qu'il étoit fi jaloux de la belle Latinité, que de peur de gâter fon ftyle, il ne difoit fon Bre viaire qu'en Grec.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Libri tres de vita & moribus S. Ignatii Loyola. Venetiis 1585. in 80. Cet ouvrage a été imprimé plufieursfois.

JEAN P.

l'Au

2. Hiftoriarum Indicarum libri XVI. MAFFE'E. Florentia 1588. & Coloniæ 15.89; in fol. Colonia 1590. in 80. imprimé encore plufieurs autrefois depuis. It. trad. en François par Fr. Arnault de la Boirie. Lyon 1604. in 80. It. par M. de Pure. Paris 1665. in 40. Le Cardinal Bentivoglio dit que teur parle bien Latin, mais qu'il parle mal des affaires de la guerre & du cabinet, & que fes harangues n'ont rien que de foible & de languiffant. Il y a au refte dans cette Hiftoire bien du merveilleux, qui pourroit faire tort à ce qu'il y a de veritable, felon l'Auteur du Journal des Savans.

RICH.

3. Selectarum ex India Epiftolarum libri IV. Maffeio Interprete joint à l'ouvrage précedent.

V. Nic, Eryt. Pinac. II. Lorenzo Craffo Elogii d'Huom. Lett. Alegambe de feript. S. J.

RICHARD CUMBERLAND.

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ICHARD Cumberland nâquit à

CUMBER- Londres en 1632. d'un bon Bourgeois de cette Ville. Après avoir

LAND.

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fait les premieres études dans l'éco- R. CUM le de S: Paul à Londres, il entra dans BERLAND le College de la Madelaine à Cambrige. Son merite l'y fit eftimer de tout le monde, & lui procura des connoiffances qui lui furent utiles dans la fuite. Naturellement timide, fe fouciant peu de paroître, & aimant paffionnément l'étude & les livres, il auroit paffé volontiers toure fa vie dans quelque petite Cure de Campagne, i les amis qu'il s'étoit acquis dans l'Univerfité ne s'étoient fait un honneur de fon élevation.

Le Chevalier Jean Norwich lui donna la Cure de Brampton, qu'il fouhaittoit remplir d'un bon fujet, parce qu'il y faifoit actuellement fa refidence. Cumberland s'acquitta fort. exactement des devoirs de fon mi-, niftere, & continua de s'appliquer. à l'étude, n'ayant d'autre divertiffement que celui d'aller fouvent à Cambrige pour y entretenir les liai-fons qu'il avoit formées avec quelques Savans..

Le Chevalier Bridgman Garde des Sceaux fous. Charles II. le retira de

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BERLAND

R. Cuм- ce pofte pour en faire fon Chapelain,, & le nomma enfuite à la Cure de Stamford gros Bourg de la Province de Lincoln, fur frontieres du Comté de Northampton. Ce benefice étoit beaucoup meilleur que le premier, mais les charges en étoient plus grandes, puifqu'il étoit obligé de prêcher trois fois la femaine. Ce travail ne l'empêcha pas de s'appliquer, comme il avoit fait jufques-là, aux fciences humaines, & de continuer avecardeur fes études de Philofophie de Mathematique & de Philologie..

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L'objet le plus ordinaire de fes prédications étoit de combattre les fentimens de l'Eglife Romaine, non: pas tels qu'ils font veritablement, mais tels qu'il fe les figuroit. Il s'en: étoit fait des idées fi érranges, que: quoi qu'il fût d'un fang froid & d'une tranquillité extraordinaire en toute autre chofe, il devenoit tout d'un coup un autre homme, & ne se. poffedoit plus, lorsqu'il en parloit.. Il ne faut pas s'étonner, fi étant dans ces difpofitions, il fut allarme de l'avenement du Roy Jacques II... la Couronne.. Il fe. figura alors

tant de fujets de crainte qu'il en R. Cumtomba malade d'une fievre qui le BERLAND mit à l'extrêmité, & dont il eut bien. de la peine à revenir.

La Revolution qui mit Guillaume III. fur le trône diffipa fes craintes & lui rendit fa tranquillité. Son zele pour l'Eglife Proteftante fut recompenfé peu de temps après; car ce Prince le nomma à l'Evêché de Peterborough, à fon infçu, & fans qu'il oût fait aucune démarche pour cela. La maniere même dont il apprit fat nomination eft finguliere. Etant allé fuivant fa coutume au caffé de fai Paroiffe lire les nouvelles, il trouva dans la Gazette de ce jour que le: Docteur Cumberland avoit été nom-mé à l'Evêché de Peterborough.

Ce Savant homme ne changea point de manieres en changeant de caractere; ce fut toûjours la même: douceur, la même modeftie, la mê me application aux fonctions de fa charge, la même ardeur pour l'étu de. Son grand âge ne l'engagea jamaisà prendre le repos qui lui étoit neceffaire, & quand on lui reprefentoit que les études nuiroient

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