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› Ce fait vient parfaitement à l'appui des propos indécens de ces soi-disant députés des sections de Paris et des départemens; il explique en même temps l'énigme sur la conduite du vertueux Roland. C'est encore cet intrigant qui, dans les cafés et les lieux publics, déclamait contre la constitution civile du clergé, propos contre-révolutionnaire, dont il s'est défendu dans la section, lorsqu'on lui en a fait le reproche, avec son astuce familière, en disant que les opinions étaient libres. Quand les patriotes lui reprochent d'avoir employé son esprit à diviser, il répond que cela l'amuse. Plusieurs citoyens, qui l'attesteront même s'il le faut, l'ayant un jour rencontré avec d'Amour, son compagnon de chambrée, et le nommé Gobert, autre intrigant, pour ne pas dire quelque chose de plus, les ont entendus se dire entre eux qu'ils allaient f..... la section sens dessus dessous, ce qu'ils n'ont pas manqué de faire; car depuis que ces intrigans sont dans la section elle est dans un état de guerre civile, et tout cela amuse fort le sieur Landrin, puisqu'il s'en vante. Il vient encore de faire casser le comité de la section créé au 10 août, et composé d'excellens patriotes, qu'il a fait destituer par ses calomnies, et remplacer par ses créatures, appuyées par les sans-culottes. Enfin, cet homme perfide, qui fait l'indigent dans la section, a été rencontré plusieurs fois dans la rue assez bien couvert, comme ceux à qui les assignats ne coûtent pas grand'peine à gagner; ce qui démontre jusqu'à l'évidence que la liste civile n'a fait que changer de mains, puisque l'on emploie encore aujourd'hui ·les mêmes moyens, soit pour égarer l'opinion publique, soit pour diviser les citoyens, et les mettre aux prises les uns avec les autres. Citoyen, par le portrait que je vous ai fait de Landrin, de cet homme insidieux et méchant, vous croirez sans doute convenable et prudent de në pas me nommer. Signé, le citoyen J. N. L. ›

Nous terminerons ce post-scriptum à la séance du 12 par la lettre que la députation de Paris jugea nécessairé d'adresser à ses commettans sur la pétition pour les subsistances. Nous empruntons cette pièce au journal de Robespierre, 2o trim., n. VI.

Les députés du département de Paris à leurs commettans.

⚫ Citoyens, les circonstances graves où nous sommes nous font une loi de vous donner des avertissemens salutaires : un événement qui vient de se passer à la Convention nationale les provoque impérieusement.

› Au moment où la Convention nationale s'occupait de la punition du tyran, vous savez quelles manoeuvres furent employées pour exciter parmi nous des troubles que votre sagesse et votre civisme surent prévenir; il s'agit aujourd'hui de repousser les despotes ligués contre nous; ne doutez pas que les mêmes ennemis de la liberté ne recommencent les mêmes manœuvres : leurs projets sont perfides, leurs moyens sont séduisans, leurs prétextes sont spécieux; le plus imposant de tous c'est celui des subsistances publiques. Malheur à l'homme barbare qui entend parler des besoins du peuple sans chercher à le soulager; mais malheur surtout à l'homme perfide qui ne feint de compatir à sa misère que pour le tromper et pour l'asservir! Les principes que nous avons constamment professés nous donnent le droit de dire que nous ne pouvons être rangés dans la première classe de ces ennemis du peuple; il nous appartient donc de démasquer la seconde.

› Nous avons vu, dans une démarche faite mardi dernier par des orateurs qui prétendaient parler au nom des sections de Paris, et même des quatre-vingt-quatre départemens, l'erreur de quelques patriotes et la malveillance des intrigans qui abusaient de leur bonne foi. Au premier moment où nous entendîmes parler d'une pétition sur les subsistances, nous avons dû croire que l'intention de ses auteurs était au moins de présenter des vues utiles et de les faire adopter; et, nous devons le dire, depuis què des illusions funestes se sont dissipées, depuis que la Convention nationale s'est élevée, par la punition du tyran, à la hauteur de sa mission, nous sommes convaincus qu'il n'est pas de moyens propres à soulager les citoyens indigens que la majorité ne soit disposée à saisir avec empressement. Nous pouvons

ajouter qu'elle vient d'en donner une preuve récente, en établissant une contribution sur les riches seulement, pour prévenir la hausse du prix du pain à Paris. Mais quand nous vîmes les pétitionnaires se faire annoncer par une lettre menaçante écrite au président de la Convention, nous conçûmes de violens soupçons: la nature des propos dont ils affectaient de faire retentir les lieux voisins de la salle, leur obstination à vouloir être admis sur-lechamp, malgré un décret de l'assemblée, les confirma. Obligés de nous rendre auprès d'eux pour les calmer, nous vîmes, parmi des citoyens animés sans doute d'un zèle pur, quelques hommes, qui semblaient les maîtriser par la force de leurs poumons, repousser avec emportement les observations les plus raisonnables; nous entendîmes même autour de nous des invectives qui nous étaient adressées. L'un affirmait que nous étions des ennemis du peuple, l'autre poussait l'extravagance jusqu'à nous menacer de faire révoquer la députation de Paris. Tandis que, guidés par l'amour de la paix, nous cherchions les moyens de faire entendre les pétitionnaires, les mêmes hommes et leurs affidés remplissaient les cafés voisins de déclamations injurieuses contre plusieurs d'entre nous dont le patriotisme ne vous fut jamais suspect. Le lendemain ils sont admis à la barre; la nature de certaines propositions, qui semblaient avoir été exagérées à dessein; les expressions démesurées dont on affecta de se servir, le ton insultant et frénétique dont l'orateur prononça son discours, le maintien indécent que plusieurs des prétendus pétitionnaires affectèrent de garder en présence de la Convention nationale, le mensonge absurde proféré par l'un d'eux qu'il parlait au nom des quatre-vingt-quatre départemens, tout nous dévoila la basse intrigue qu'une main cachée avait curdie pour compromettre le nom des quarante-huit sections, auxquelles elle est aussi étrangère qu'aux quatre-vingt-quatre départemens. Nous crûmes facilement au fait avancé publiquement que les moteurs de cette démarche n'étaient que des aristocrates déguisés, attachés à l'ancien régime par d'anciennes habitudes. Il nous sembla que l'on n'avait proposé cette pétition que pour la faire repousser, et

chercher dans cet événement un nouveau prétexte de troubles, de divisions et de calomnies. Tous les représentans fidèles du peuple, et il en existe beaucoup sans doute, suivront une marche différente; ils ne négligeront aucun moyen de faire triompher la cause de l'humanité souffrante, en dépit des avocats perfides qui ne la plaident que pour la compromettre. Leur devoir n'est pas de pousser le peuple au désespoir par des alarmes exagérées, pour le forcer à recevoir à la fois des fers et du pain, mais de le secourir par les moyens qui sont en leur pouvoir. Leur devoir n'est pas seulement de donner du pain au peuple, comme de la pâture aux plus vils animaux. Les despotes aussi donnent du pain à leurs sujets, pour leur propre intérêt; nous, représentans de la nation, nous voulons, nous devons lui assurer encore la liberté, la paix, l'abondance, qui sont le fruit des lois justes, sages et bienfaisantes, la jouissance des droits sacrés de l'homme, et toutes les vertus républicaines qui font à la fois le bonheur et l'ornement de la vie humaine. Mais, pour arriver à ce terme heureux, il faut, dans ces circonstances critiques, que nous soyons encore secondés par le caractère énergique et raisonnable de ce même peuple, dont le calme imposant a jusqu'ici déconcerté tous les complots de nos ennemis communs. Est-ce au moment où la cause du patriotisme commence à triompher au sein de la Convention nationale? est-ce au moment où il faut repousser les attaques des despotes qu'il faut compromettre la cause de la liberté par une précipitation funeste et insensée? A Dieu ne plaise que nous voulions décrier le patriotisme abusé nous respectons la vertu, même dans ses erreurs politiques; mais en général défiez-vous de ces amis naturels de la royauté, de ces patriotes nouveaux qui hier conspiraient contre vous, et qui aujourd'hui vous caressent pour vous perdre plus sûrement. Ils se répandent dans les assemblées, pérorent beaucoup mieux que les patriotes simples et les braves sansculottes, qui n'ont d'autre art que l'amour de la patrie et de la liberté. Ils s'insinuent même dans certaines sociétés populaires pour leur tendre des piéges. Les pièces du procès du ty

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ran vous prouvent qu'il entretenait dans leur sein des agens pour les trahir. Avant de croire au civisme bruyant de certains personnages connus jusqu'ici par leur haine pour la liberté, ou absolument inconnus dans la révolution, ce qui est quelquefois la même chose, exigez d'eux autant de preuves de civisme désintéressé qu'ils exigeaient autrefois de preuves de noblesse. Soyez en garde contre la perfidie de nos ennemis. Il ne serait pas extraordinaire que les mêmes hommes qui causent la détresse publique fussent les plus empressés à l'exagérer, pour l'augmenter; qu'ils cherchassent quelquefois à donner aux réclamations de l'humanité souffrante un caractère de violence qui les rendît toujours suspectes.

Il n'est pas impossible que ceux qui se sont toujours efforcés d'anéantir les principes de la liberté prennent le parti de les outrer dans certaines occasions où ils ne peuvent s'appliquer, pour les décréditer ou pour en faire un prétexte de désordre et d'anarchie; il ne serait pas impossible que ceux qui ont toujours cherché à avilir le peuple voulussent pousser son mécontentement jusqu'à l'excès, et égarer sa vertu même, pour persuader au monde que la portion de la société opprimée par le despotisme n'est faite que pour servir et pour ramper. Ne vous étonnez pas si ceux qui cherchent à déshonorer les défenseurs des droits de l'humanité et les amis de la morale publique par les dénominations nouvelles d'agitateurs, de désorganisateurs, créent eux-mêmes de véritables agitateurs, pour donner une base à leurs calomnies, et voudraient tout désorganiser pour imputer au peuple leurs propres attentats. Ne vous étonnez pas s'ils s'efforcent, en certains cas, de pousser le patriotisme dans les extrêmes, pour réhabiliter l'honneur du feuillantisme, pour ressusciter le modérantisme et même le royalisme. Ne vous étonnez pas si ceux qui ont blasphémé contre cette immortelle cité, pour armer contre elle les autres départemens, comme si les Parisiens n'étaient pas des Français, comme si Paris n'était pas une ville commune à la nation entière, cherchent encore à troubler Paris, pour trouver un prétexte tardif à leurs impostures, honteusement démen

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