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uniront leurs forces pour maintenir la tranquillité en Allemagne. Par un article secret, les Pays-Bas autrichiens furent déclarés n'être pas compris dans cette convention de neutralité. Ce traité de Westminster fut signé, au nom du roi de Prusse, par M. Michell, son chargé d'affaires à la cour de Londres, et, au nom du roi George, par les comtes de Hardwicke et de Grandville, le duc de Newcastle, le comte de Holderness et Henri Fox 1.

Le traité de Westminster est suivi d'une déclaration des plénipotentiaires anglois,qu'on doit regarder comme un article même du traité, et qui porte que, dès que le roi de Prusse levera l'arrêt mis sur la dette de Silésie, et fera payer aux sujets du roi d'Angleterre ce qui leur reste dû, celui-ci fera payer au roi de Prusse 20,000 1. st. en extinction de toutes ses prétentions et de celles de ses sujets, à la charge de la Grande-Bretagne. Pour l'intelligence de cette disposition, il faut savoir que des armateurs anglois ayant pris, dans la guerre qui précéda la paix d'Aix-la-Chapelle, différens vaisseaux appartenant à des Prussiens, Frédéric II, après en avoir vainement réclamé la restitution, institua, à Berlin, un tribunal qui, jugeant entre ses sujets lésés et les armateurs anglois, délégua aux premiers, à titre de dédommagement, les créances angloises, pour la

Voy. FABER, Staatscanzley, T. CX, p. 687. WENCK, Cod. j. g. rec., T. III, p. 84.

sûreté desquelles la Silésie étoit spécialement hypothéquée. Cette mesure vigoureuse engagea la Grande-Bretagne à rendre justice aux sujets du roi 1.

Si l'impératrice-reine refusa, à l'occasion dont nous venons de parler, l'exécution d'un engagement sacré, la crainte qu'elle avoit du roi de Prusse n'étoit pas le véritable motif de sa conduite. Depuis long-temps, son principal ministre, le comte de Kaunitz, n'avoit rien de plus à cœur que de former une étroite liaison entre sa souveraine et la cour de Versailles; il évitoit tout ce qui pouvoit déplaire à la dernière. Il vit avec plaisir la conclusion du traité de Westminster, qui fut un des résultats de sa politique. Louis XV fut averti de l'existence de ce traité par le duc de Nivernois, qu'il avoit envoyé, au commencement de 1756, à Berlin, pour gagner le roi de Prusse en faveur de la France. Ce fut en vain que ce ministre essaya de tenter l'ambition du premier politique de son siècle, en lui offrant la possession de l'île de Tabago. Dès qu'on connut, à Versailles, les liaisons que Frédéric II venoit de contracter avec George II, madame de Pompadour décida le roi à consentir à l'alliance destinée à unir les deux an

1 HERZBERG, Recueil, T. I, p. 171; et MARTENS Erzahlungen merkwürdiger Fælle des neuren europ. Volkerrechts, Vol. I, p. 236, où l'on trouve les pièces de la négociation qui avoit eu lieu à Londres.

Convention de

neutralité de Ver

salles du i mai

1756.

Traité d'alliance de Ver

1756.

ciennes rivales, les maisons de Bourbon et de Lorraine.

er

Deux traités furent signés le même jour, 1° mai 1756: le premier, sous le titre de Convention de neutralité, statue que, la tranquillité publique étant menacée par les différends qui divisent la France et la Grande-Bretagne, l'impératrice-reine ne prendra, ni directement ni indirectement, aucune part aux susdits différends, mais qu'elle observera une parfaite et exacte neutralité pendant tout le temps que pourra durer la guerre occasionnée par ces différends, et le roi de France promet de n'attaquer ni envahir les Pays-Bas ou autres états de l'impératrice-reine 1.

Le comte de Starhemberg, M. de Rouillé et sailles du I mai l'abbé de Bernis, qui avoient signé cette convention de neutralité, conclurent, le même jour, le traité d'alliance entre la France et l'Autriche. Ce traité confirmé la paix de Westphalie et les traités subséquens, et établit une garantie mutuelle des états des deux puissances situés en Europe, avec promesse d'un secours de 24,000 hommes, en cas que l'une ou l'autre partie contractante fût attaquée. On excepta toutefois, d'après la teneur de la convention de neutralité, la guerre qui, quoique non encore déclarée, avoit véritablement commencé entre la Grande-Bretagne et la France. On se

1 Voy. WENCK, Cod. j. g., rec. T. III, p. 139.

réserva d'inviter de concert d'autres puissances à accéder au traité 1.

Cette alliance fut resserrée beaucoup plus étroitement par cinq articles secrets qui furent signés le même jour, et qui sont de la teneur suivante 2.

er

Article 1°. Quoiqu'il soit stipulé, par l'article 3 du traité défensif, signé aujourd'hui entre S. M. T. Ch. et S. M. l'impératrice - reine d'Hongrie et de Bohème, que le cas de la présente guerre entre la France et l'Angleterre sera uniquement excepté de la garantie et défense promise par S. M. l'impératricereine à S. M. T. Ch.; cependant, si, à l'occasion de ladite guerre, d'autres puissances que l'Angleterre venoient à attaquer, même sous prétexte d'auxiliaires, aucune des provinces que S. M. T. Ch. possède en Europe, S. M. l'impératrice-reine promet et s'engage de garantir et de défendre, dans ce cas, lesdites provinces ainsi attaquées, et de fournir à cet effet les secours stipulés par les articles 6 et 7 du présent

traité.

S. M. T. Ch. promet et s'engage, de son côté, dans le cas où, à l'occasion de la présente guerre entre la France et l'Angleterre, quelque puissance venoit à attaquer, même sous le prétexte d'auxiliaires, aucune des provinces que S. M. l'impératricereine possède en Europe, de garantir et défendre, dans ce cas, lesdites provinces ainsi attaquées, et de

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• Nous insérons ici ces articles, parce qu'ils ne se trouvent que dans le Recueil de Koçн.

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fournir à cet effet les secours stipulés par les articles 6 et 7 du présent traité.

Cet article secret et séparé aura la même force que s'il étoit inséré mot à mot dans le traité défensif, signé aujourd'hui.

En foi de quoi, nous soussignés ministres plénipotentiaires de S. M. T. Ch. et de S. M. l'impératrice-reine d'Hongrie et de Bohème, avons signé le présent article séparé et secret, et y avons apposé les cachets de nos armes.

Fait à Versailles le premier de mai mil sept cent cinquante-six.

Art. 2. Quoiqu'il soit stipulé en général, par l'article 8 du traité défensif, signé aujourd'hui entre S. M. T. Ch. et S. M. l'impératrice-reine d'Hongrie et de Bohème, que Leursdites MM. se réservent d'inviter d'autres puissances à y accéder, les hautes parties contractantes ont jugé convenable d'expliquer plus précisément leurs intentions à cet égard; et en conséquence elles sont convenues d'inviter de concert, et non autrement, à accéder au présent traité défensif, S. M. l'empereur des Romains, en sa qualité de grand duc de Toscane, S. M. C., S. M. le roi de Naples et de Sicile, le sérénissime infant don Philippe, duc de Parme, de Plaisance et de Guastalle, et autres princes dont on conviendra: lesquelles puissances, par leur accession audit traité, participeront pleinement, tant pour elles que pour leurs héritiers, états et sujets en Europe, à la garantie et défense stipulées dans le présent traité; le tout cependant conformément à ce qui a été réglé, par rapport à leurs états, dans les traités antérieurs, et suivant la proportion des secours à fournir par les puissances accé

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