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d'un cadran, avec la même inflexibilité. Ce traité a consacré la reconnaissance finale de tout ce que les guerres de la révolution et de l'empire avaient successivement détruit et reconstruit en Allemagne. La coalition contre Napoléon était dirigée contre sa personne comme souverain, et contre son empire. La victoire des alliés le détrôna et brisa son empire. La France perdit tout ce qui lui avait été annexé, les Pays-Bas, la Hollande, la rive gauche du Rhin. Mais rien d'ancien ne fut restauré en Allemagne. Toutes les spoliations du recès de Ratisbonne, toutes les destructions qui avaient eu lieu depuis restèrent les appoints qui servirent à conserver aux princes de la confédération du Rhin la grandeur que Napoléon leur avait faite. L'auteur fut renversé, mais son œuvre fut conservée. Le but politique qu'il avait eu d'affaiblir l'Allemagne, comme puissance politique unitaire, prit une autre forme, mais cette nouvelle forme ne perdit rien de la force dissolvante qu'avait voulu lui donner Napoléon. Et cependant pouvait-il en être autrement? On ne pouvait d'aucune manière penser à rétablir l'ancienne Allemagne. C'était chose impossible. Renverser ce qui en avait pris la place, c'eût été livrer l'Allemagne au déchirement qu'aurait amené la nécessité de former de nouvelles circonscriptions politiques, car un concert, à cet égard, était aussi chose impossible. Il n'existait, en Allemagne, aucune force assez prépondérante pour en dicter la loi. L'intervention étrangère eût été inévitable. C'était donc en diminuer la pression et faire chose avantageuse à l'Allemagne, que de conserver ce qui existait. La

force morale est soumise, comme la force matérielle, à des conditions sans lesquelles elle ne peut pas exister. Un individu ne peut avoir de force que celle que lui donnent ses œuvres et son caractère. De même, un peuple ne peut trouver les conditions de sa force morale que dans sa propre histoire; mais c'est là qu'il trouve aussi les causes de son affaiblissement. La question, pour un peuple, n'est donc pas de savoir ce qui, dans tel moment donné, lui serait le plus avantageux, mais seulement de savoir reconnaître ce qui est possible.

Plusieurs fois des essais de confédération partielle avaient eu lieu en Allemagne. La confédération du Rhin fut la seule qui prit rang politique, mais un rang qui n'était qu'une forme de l'asservissement imposé par un pouvoir étranger.

La pensée du traité de Ried fut, en conservant les éléments qui avaient servi à former cette confédération, d'en appliquer le principe à la totalité de ce qui restait encore de l'ancien corps germanique. Substituer la qualification de confédération à celle d'empire, c'était dans le fond donner à ce qui existait le nom qui convenait à son mode d'existence; car l'affaiblissement successif d'une couronne qui n'était qu'élective avait conduit l'empire d'Allemagne à n'être depuis longtemps qu'une grande confédération. L'organisation plus forte qui fut donnée à la nouvelle confédération germanique ne pouvait cependant pas détruire entièrement le principe de faiblesse inséparable de cette forme politique.

Avant d'entrer dans la nouvelle époque ouverte par le congrès de Vienne, il nous a paru nécessaire de montrer quelles furent les puissances qui exercèrent une influence prépondérante sur les déterminations de cette assemblée.

FIN DU TOME PREMIER.

Imprimerie de Ch. Lahure (ancienne maison Crapelet),

rue de Vaugirard, 9, près de l'Odéon.

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