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ments hongrois dont les révolutionnaires hon

grois surent à la fois

égarer et séduire la fidénoyau de la résistance.

lité, avaient formé le

guerre,

Ils avaient été l'école des nouvelles levées. Il y avait encore, à la fin de la dans le pays déjà soumis, de soixante à quatre-vingt mille hommes, tant anciens que nouveaux soldats. Livrés pendant deux ans à tous les désordres d'une guerre de révolte et d'insurrection, ces hommes que devait inquiéter leur passé, ne pouvaient que former un élément dangereux au repos du pays. Il fallait une grande mesure. Elle fut prise. L'empereur ordonna que tous les soldats qui avaient servi dans l'armée de l'insurrection sortiraient du pays; qu'on en formerait les anciens régiments hongrois, hussards et infanterie, et que ce qui dépasserait le nombre d'hommes nécessaires à cette formation serait incorporé dans les autres régiments de l'armée. Plus de soixante-dix mille hommes rentrèrent de cette manière sous le drapeau impérial. Cette opération se fit sans la moindre résistance, sans la moindre difficulté. L'empereur donna les ordres les plus sévères pour que jamais un mot de reproche ne leur fût adressé. Il ne fallait que les instruire et les éclairer sur leur nouvelle position. Il y avait dans les nouvelles levées hongroises des hommes de toutes les conditions. Tous, rangés dans l'armée comme simples soldats, se conduisirent d'une manière exemplaire. Aussi, dès la première année de service, plusieurs milliers furent-ils congédiés et renvoyés dans leurs foyers.

L'armée avait rempli sa mission. Elle avait, par

son exemple et par l'instruction, ramené des hommes égarés au devoir et à la raison. Et ce n'est pas la moins importante des victoires qu'elle a remportées.

Il appartient aux Anglais mieux qu'à personne d'apprécier cette puissance d'organisation de l'armée autrichienne. L'armée anglaise, dans l'Inde, exerce le même genre d'influence morale sur les troupes du pays qui veulent lui résister. C'est ainsi qu'on a vu, il y a peu de temps encore, l'armée anglaise, après avoir défait les Sikhs, ses ennemis les plus belliqueux, en incorporer une partie dans les rangs de ses divisions. C'est par l'intermédiaire de l'armée indo-britannique que les populations indiennes acquièrent ces notions d'ordre et de justice qui leur sont si étrangères, ainsi que le sentiment de la protection de la loi. L'armée indobritannique n'est donc pas seulement la force armée qui maintient cet empire en obéissance; elle est aussi une grande institution, faisant partie du peuple par sa composition et contribuant à le civiliser, à le rapprocher des mœurs et des idées européennes par l'exemple de l'ordre, de la discipline et des qualités morales que présente sa vie journalière.

Tel est aussi le genre d'influence que l'armée autrichienne a exercée sur la nombreuse armée rebelle et révolutionnaire de la Hongrie, que l'empereur n'hésita pas à faire entrer dans ses rangs.

Déjà, à l'époque de l'entrevue des deux empereurs à Olmütz, à la fin du mois de mai 1851, on vit quatre régiments de hussards faire partie du corps de troupes qui s'y trouvait réuni. Tous ne parlaient plus de la guerre dans laquelle on les avait

jetés que comme d'une époque de délire et d'eni

vrement.

Un autre fait qu'il faut consigner et qui prouve combien le pays désirait rentrer dans des relations d'ordre et de soumission, c'est que, depuis le dernier coup de canon des champs de bataille, aucun acte d'agression n'a été commis contre aucun individu de l'armée. Des soldats isolés ont traversé tout le pays dans toutes les directions avec la plus entière sécurité. La Hongrie pourra peut-être encore essayer de ce genre d'opposition dont son histoire lui a donné l'habitude, mais elle ne prendra plus les armes. Elle ne voudra plus ni déchirer les liens qui unissent depuis si longtemps ses destinées à celles de la race allemande ni dicter des lois aux races slaves et valaques qui l'entourent.

Les anciens agitateurs ont, sous ce double rapport, fini leur rôle. Leurs paroles, s'ils en prononcent encore, resteront inintelligibles, comme le sont ces bruits des forêts agitées par les vents: ce ne sont que des signes d'orages que l'on redoute, loin de les désirer, et contre lesquels l'expérience indique la nécessité de se prémunir. La Hongrie veut espérer de meilleurs jours; et, quand c'est la raison qui mesure l'espoir, il devient une garantie d'avenir.

L'empire d'Autriche, placé comme il l'est au centre de l'Europe, ne pouvait rester étranger à aucun des mouvements des trois grandes races qui l'habitent. Il était ouvert à toutes leurs impressions. Mais ces trois races, entrant dans la composition

de ces divers États, ne pouvaient, de leur côté, rien ignorer de son organisation intérieure. Elles avaient toutes eu l'occasion dans les derniers temps de connaître ses côtés faibles; ce qui explique comment il a pu se faire qu'un aussi grand corps politique ait pu être simultanément attaqué de tous les côtés à la fois. On vit des hommes se faire ennemis, lesquels n'avaient, pour ainsi dire, d'autres moyens d'entrer dans une aussi grande lutte qu'un acte de leur simple volonté. Il fallait mépriser sa puissance pour oser ainsi l'attaquer, et l'avoir fait apparaît aujourd'hui comme une véritable insulte.

Vienne, terrain vierge encore pour la révolution, fut facile à égarer. L'illusion dura aussi longtemps que le mot de liberté semblait devoir être le lien qui devait unir tous ceux qui la demandaient et tous ceux qui la désiraient.

Mais, quand il fut clair à tous les esprits que chacun voulait la sienne aux dépens de celle des autres; quand il fut évident que l'empire allait tomber en débris, l'excès du mal produisit alors le remède. Un vieil orgueil historique se réveilla. Le souvenir du passé sauva l'avenir. Ce qui avait été calculé comme devant être le signal d'un démembrement général fut le coup de canon d'alarme qui fit prendre les armes à tout ce qui voulait rester autrichien. Personne ne voulut plus d'une liberté qui commençait par exiger le sacrifice de l'honneur, pour détruire ensuite une ancienne et glorieuse existence.

La perfidie avec laquelle le Piémont vint au secours de la révolte des populations lombardes et

vénitiennes serait, en effet, restée comme le plus haut degré d'humiliation, si elle n'avait pas été punie ou châtiée comme elle avait mérité de l'être.

Qu'est-ce donc, en effet, que le Piémont, pour oser ainsi attaquer, les armes à la main, un empire comme celui d'Autriche?

On sait quels sont les pays dont il se compose. D'abord, la Savoie, province française de langue, de mœurs et de position, et qui n'a d'autres rapports avec le Piémont que d'avoir été la souche des rois qui le gouvernent. Si cette maison perdait le trône, aussitôt se romprait le faible lien qui rattache la Savoie à l'Italie. Puis, le Novarais, province détachée de la Lombardie, cédée au roi de Sardaigne pour acheter sa neutralité dans la guerre que Marie-Thérèse allait entreprendre contre le roi de Prusse. Tous les grands propriétaires du Novarais sont restés Lombards de fait. Ils habitaient tous Milan. Cette position ambiguë en a fait des instruments faciles de conspiration. Les derniers événements ne les ont pas élevés plus haut.

L'État de Gènes, récemment annexé au Piémont, lequel, fier de ses anciens souvenirs, avait trouvé, l'année 1815, l'occasion d'exprimer les regrets que lui donnait la nouvelle position qu'on lui faisait. Les mouvements des années 1847 et 1848 ont mis au grand jour le désir qu'il conservait de redevenir indépendant.

Enfin, la Sardaigne, qui n'a donné jusqu'à présent à la maison régnante que le titre de roi, sans rien ajouter à sa puissance.

Et c'est avec un ensemble de quatre millions et

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