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EXAMEN

D'UN ÉCRIT INTITULÉ:

DE

Difcours & Réplique du CoмTE MIRABEAU à l'Assemblée Nationale, dans les Séances des 20 et 22 Mai, fur cette Question: A qui la Nation doit-elle déléguer le droit de la Paix & de la Guerre? avec une Lettre d'envoi à MM. les Administrateurs des Départe

mens.

PAR M. ALEXANDRE LAMETH,

Alexandre -Theodore-Victor de) baron

Député à l'Assemblée Nationale.

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M. DE MIRABEAU vient de publier fon Difcours & fa Réplique à l'Aflemblée Nationale, fur l'exercice du droit de guerre & de paix; il y a joint une lettre d'envoi aux Adminiftrateurs des Départemens.

Si M. de Mirabeau fe fût borné à défendre fes opinions, fi même il eût feulement entrepris de donner le change au Public fur le fyftême qu'il avoit adopté, s'il s'en étoit tenu à changer dans fon Difcours toutes les phrases, toutes les expreffions qui caractérifoient fa doctrine, on auroit dû lui laiffer cette confolation, & ceux qui l'avoient combattu, auroient dû fe trouver fa tisfaits, en voyant, dans fa nouvelle verfion, l'aveu formel de l'erreur qu'il avoit commife, & le retour aux principes qu'on avoit oppofé à ceux qu'il avoit d'abord foutenus.

Ils auroient dû le faire, ils l'auroient fait; car forts des principes qu'ils ont profeffés, & des occafions qui s'offrent chaque jour de les manifefter encore, ils ont vu fans inquiétude tous les artifices pratiqués pour égarer ou pour embarraffer l'opinion publique : des libelles multipliés & répandus avec profufion; le changement fubit qu'on a remarqué dans le langage de plufieurs Journaux, ne leur ont jamais paru mériter une réponse, & devoir arrêter leur attention. Perfuadés que dans un pays libre, au milieu des Affemblées publiques, on ne peut être perdu que par fes fautes, on n'eft jugé que fur fes ac

tions, ils ont mis toute leur fécurité dans la perfévérance de leurs principes; ils ont cru que toute défense à des obscures, altéreroit plus ou moins leur caractère, & partageroit, fans utilité, des momens qu'ils doivent tout entiers aux fonctions qui leur font confiées.

attaques

Ils fe feroient tu fur-tout en cette occafion , parce qu'ils ont toujours foigneufement cultivé l'union qui, pour le falut du Peuple, ne doit jamais ceffer d'exifter entre ceux qui défendent fes droits. On les a vu lai confacrer tous leurs efforts, quand des orages paffagers ont fait craindre qu'elle ne fût troublée : jamais ils n'ont refusé, jamais ils ne refuferont, pour la conferver, un facrifice perfonnel. Mais pourquoi M. de Mirabeau tente-t-il aujourd'hui de l'altérer ou de l'obfcurcir? Pourquoi fe permet-il de publier, d'adreffer aux Départemens un Manifefte contre des hommes auxquels il ne peut reprocher que d'avoir penfé, que d'avoir foutenu qu'il préfentoit un mauvais fyftême? pourquoi mêle-t-il à la défense de fon opinion, des inculpations qui, quelqu'abfurdes qu'elles foient, ne fauroient être tolérées. Si l'on ne veut les avouer, ou paroître dédaigner le jugement de fes Concitoyens, il eft impoffible de laiffer fans réponse une dénonciation publique, fignée, adreffée à tous les Départemens du Royaume. Dans de telles circonftances on doit la vérité au caractère public dont on est revêtu; on la doit au refpect de l'opinion publique qu'il n'eft pas permis de négliger; on la doit à la Nation, pour qui c'est un intérêt preffant de favoir en qui fa confiance eft justement placée.

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